COOPÉRATION AGRICOLE
Oxyane s’investit pour une agriculture plus compétitive

Reprise d’un site de conditionnement d’oeufs, lancement d’une usine de trituration, accompagnement des jeunes agriculteurs… Le groupe coopératif Oxyane s’investit pour l’avenir des filières agricoles.

Oxyane s’investit pour une agriculture plus compétitive
L’usine de trituration d’Oxyane vise le traitement de 25 000 tonnes de graines de soja par an. ©LR – APASEC

« Actuellement, nous connais-sons un contexte agricole et géopolitique compliqué, mais nous avons à coeur de continuer à investir dans l’avenir pour nos adhérents agriculteurs et plus largement pour l’agriculture du territoire. » Pour Jean-Yves Colomb, président d’Oxyane, groupe coopératif né il y a trois ans de la fusion de Terre d’Alliances et de La Dauphinoise, il est en effet hors de question d’« abandonner ». « Chez Oxyane, depuis son lancement, et encore aujourd’hui, nous avons à coeur d’accompagner nos adhérents. L’humain se veut au coeur de notre dispositif. Nous ne laissons personne au bord du chemin et assumons nos responsabilités. Je pense notamment à nos adhérents labellisés bio qui vivent des instants très compliqués actuellement et que nous avons continué à collecter. Notre leitmotiv est réellement de faire progresser l’agriculture plurielle et très diversifiée qui compose notre territoire. » Aujourd’hui, Oxyane recense 5 500 agriculteurs actifs et près de 1 900 collaborateurs. Son périmètre d’action (usines, sites agricoles, centres de conditionnement ou encore casserie) s’étend de l’Ain à la Drôme en passant par l’Isère, le Rhône, la Savoie et la Haute- Savoie. « Nous souhaitons être proches de nos coopérateurs. Nous veillons à ce que nos outils se trouvent à proximité des agriculteurs. Nous sommes également attachés à créer et entretenir du lien entre nos adhérents et les membres de notre conseil d’administration via notamment nos comités de région ou des rencontres annuelles. Nous tenons à ce que nos adhérents entendent le positionnement d’Oxyane et partagent les enjeux de l’agriculture de demain, au-delà du simple accompagnement commercial. »

L’oeuf sécurisant

C’est en ce sens qu’en 2013, le groupe La Dauphinoise aujourd’hui devenue Oxyane, lance Envie d’oeufs sud-est avec la volonté de sécuriser la production végétale. Aujourd’hui, 880 millions d’oeufs issus de producteurs sociétaires d’Oxyane sont vendus, dont près d’un quart sous marques régionales. Plus de 5 000 tonnes sont également transformées. « La production d’oeufs assure notamment des débouchés pour nos céréales dont le marché est aujourd’hui chahuté par la situation géopolitique et le changement climatique [62 000 tonnes de céréales produites par les coopérateurs d’Oxyane sont directement consommées par les presque deux millions de poules pondeuses élevées au sein du groupe. NDLR] et une diversification des exploitations céréalières. Si notre collecte en céréales est assez stable depuis 2015, le métier de céréalier a considérablement changé ces dernières années. Les rendements sont impactés et les prix fluctuent vraiment de jour en jour. Nous avons à coeur de développer une filière sécurisée pour nos sociétaires. La filière oeuf est une petite partie de cette sécurisation. Nous avons accompagné la création d’une soixantaine de bâtiments créant ainsi de nouveaux ateliers sur des exploitations céréalières avec des contrats sécurisés sur quinze ans. Depuis 2017, cet accompagnement a permis l’installation de 22 nouveaux jeunes agriculteurs. C’est une véritable satisfaction », se réjouit Jean-Yves Colomb. Un produit gagnant également en termes de débouchés. Selon l’interprofession oeuf, le CNPO, les achats d’oeufs des ménages en 2023 ont progressé de 3 % et l’augmentation se poursuit et s’accélère en 2024. « C’est un produit très recherché, confirme le directeur. Nous sommes leaders français sur les marques régionales. Nous sommes encore en recherche de bâtiments pour notamment anticiper l’arrêt définitif de l’élevage en cage d’ici deux ans. » À noter, en septembre 2023, le groupe a racheté le site de Chalamont (Ain) pour un investissement total supérieur à un million d’euros. « Ce rachat nous a permis de sécuriser la marque Avibresse. »

Relocaliser la protéine

Autre investissement de taille pour le groupe coopératif : une usine de trituration à la Côte-Saint-André (Isère). Cette dernière, qui a été inaugurée en juin dernier, vise le traitement de 25 000 tonnes de graines de soja sans OGM par an. « Je suis très fier que nous ayons pu concrétiser ce projet car cela fait des années que j’entends parler de relocaliser la protéine », commente le président. Au directeur d’ajouter : « Le soja est une véritable alternative pour les producteurs qui cherchent aujourd’hui à diversifier leur rotation pour lutter notamment contre la chrysomèle. Le gain technico-économique dans les élevages est également indéniable. Cet investissement devrait rapidement porter ses fruits et s’inscrire dans la durée. Notre volonté est également d’assurer un avenir à l’agriculture de nos territoires ». C’est dans ce sens qu’Oxyane a décidé d’accompagner spécifiquement les jeunes agriculteurs (de 20 à 40 ans) dans leur projet en instaurant un contrat de partenariat.

Les adhérents au coeur des préoccupations

Ainsi, en participant à différents événements propres à Oxyane afin de découvrir le réseau et le modèle coopératifs, les jeunes agriculteurs touchent une aide de 1 000 € par an pendant deux ans. Préparer l’avenir, c’est également investir dans la recherche et le développement ou en accompagnant techniquement les agriculteurs dans leur choix via notamment Terrinov, service agronomique & innovation d’Oxyane. Autant de projets et d’initiatives qui n’ont qu’un seul but selon le président et le directeur : permettre aux métiers agricoles de retrouver de la compétitivité. « Depuis sa création, Oxyane prend des initiatives, et ce, pour toutes ses activités afin de répondre à l’agriculture plurielle de son territoire et soutenir ses associés coopérateurs. Par exemple, en grandes cultures, nous offrons l’opportunité de nombreuses filières. Nous avons mis en place une filière complète pour le soja, du producteur à l’éleveur. Nous accompagnons également nos associés coopérateurs dans une démarche de transition agroécologique. Nous devons transformer nos contraintes en opportunités. Le monde change autour de nous et nous nous devons de repenser le modèle agricole pour sécuriser nos filières. Notre coopérative doit continuer à prendre des initiatives, à protéger le revenu de ses associés coopérateurs autant que faire se peut et rester au coeur de la transition agricole. Un travail est engagé pour adapter nos outils à ces changements et pour permettre aux filières d’aller chercher de la valeur. Nous avons à coeur d’investir pour l’avenir », concluent-ils.

Marie-Cécile Seigle-Buyat

En chiffres

  • CA consolidé du groupe : 760 M€ (moyenne des trois derniers exercices).
  • 134 M€ de capitaux propres.
  • 5 500 agriculteurs actifs.
  • 1 943 collaborateurs.
  • 350 000 tonnes d’aliments commercialisés.
  • 695 000 tonnes de collecte (moyenne FranceAgriMer des 9 dernières années).
  • 43 340 ha de filières à valeur ajoutée en grandes cultures.
  • 6 000 ha de semences.
  • 13 500 hectares de vignobles.
  • 14 000 ha de vergers.
Une diversification rémunératrice

PÔLE GRAND PUBLIC

Didier Levrat, président délégué d’Oxyane est formel : « Les 77 magasins Gamm Vert, avec ses près de 500 000 clients fidélisés, sont une source de contribution positive pour le résultat du groupe. Ce pôle grand public est rémunérateur et participe au compte d’exploitation. Le chiffre d’affaires de l’ensemble du réseau s’élève aujourd’hui à 124 millions d’euros. Nous nous étions toujours fixé comme objectif que ce qui ne relevait pas du coeur des métiers agricoles devait être rémunérateur. Aujourd’hui, c’est une réalité. »

Les énergies renouvelables, un plus pour les agriculteurs
Les adhérents d’Oxyane produisent l’équivalent de la consommation en énergie de plus de 5 000 foyers. © Oxyane
ENVIRONNEMENT

Les énergies renouvelables, un plus pour les agriculteurs

Depuis plusieurs années, le groupe coopératif Oxyane encourage et incite ses adhérents à se lancer dans la production d’énergies renouvelables.

Trouver un complément de revenus ou valoriser ses déchets orga-niques sont souvent les leitmotivs des agriculteurs pour se lancer dans la production d’énergie renouvelable (ENR). « Pour nous, c’est une évidence, l’agriculture est au centre de la production d’énergie renouvelable, c’est pourquoi nous avons choisi d’accompagner nos producteurs dans cette diversification. Depuis le lancement du pôle énergie, nous avons accompagné plus de 1 000 agriculteurs. L’ensemble des retombées économiques de ces ENR sont pour nos adhérents », affirme Jean-Yves Colomb, le président du groupe coopératif Oxyane. Plusieurs projets ont ainsi profité de l’appui de la coopérative.

Du côté du soleil

« Aujourd’hui, 38 centrales photovoltaïques recouvrant au total 13 ha de toitures sont en fonctionnement. Nos adhérents produisent près de 4 millions de KWh soit l’équivalent de la consommation de 896 foyers », énumère le directeur, Georges Boixo. Si les bâtiments agricoles étaient les premiers projets accompagnés, aujourd’hui via sa filiale Solasun créée en septembre 2023, Oxyane appuie des projets de plus petites envergures toujours sur des bâtiments agricoles, mais également sur les maisons individuelles de ses adhérents et/ou particuliers. « Aujourd’hui, 20 centrales ont d’ores et déjà été réalisées. »

Par ailleurs, aujourd’hui, le photovoltaïque ne se limite plus aux seuls toits au sein du groupe coopératif. « Chez Oxyane, nous nous intéressons à l’agrivoltaïsme. Un projet de couverture de 1 000 m2 de verger de cerisiers dans la Drôme est en cours d’expérimentation, toujours en gardant en tête que la production de cerises demeure la priorité », souligne le président.

Oxyane accompagne également des agriculteurs dans leur projet de méthanisation. « Il s’agit de gros investissements qui nécessitent un accompagnement fiable pour sécuriser le projet et s’assurer qu’il soit économi-quement viable. C’est ce que nous nous attachons à faire. » Aujourd’hui, trois méthaniseurs sont en fonctionnement et deux unités sont en cours de finalisation ou de développement. Au total, ce sont près de 19,6 millions de KWh biométhane qui sont produits, soit la consommation de 4 441 foyers.

M.-C. S.-B.