GEL
« Ce premier coup de gel a surpris tout le monde »
Avec la baisse des températures à partir de la mi-avril, les nuits ont été agitées pour les agriculteurs, redoutant les dommages du gel sur leurs cultures. Du côté viticole, quelques dégâts localisés sur les secteurs de Cornas, mais aussi sur la commune de Saint-Jean-de-Muzols et de Vion, sont à déplorer. Le gel a davantage touché le secteur viticole que les vergers, du fait de leur hauteur.
« Les températures sont descendues aux alentours de -1°C dans la nuit du 18 au 19 avril. Ce premier coup de gel a surpris tout le monde. Nous avons eu trois nuits compliquées », observe Jean-François Jacouton, vigneron sur la commune de Vion.
En effet, du côté viticole, on déplore quelques dégâts localisés sur les secteurs de Cornas, mais aussi sur la commune de Saint-Jean-de-Muzols et de Vion. Jean-François Jacouton y cultive 10 hectares de vigne. Une de ses parcelles, située en plaine a été touchée par le gel à 90 %. « Cette année les rames étaient très développées et ont quinze jours d’avance », ce qui a accentué les pertes dues au gel. Si le vigneron attend le passage de l’expert mandaté par l’assurance, il se dit déçu d’avoir ainsi perdu une parcelle âgée de quatre ans, de presque un hectare. « En général, des bourgeons secondaires repartent, mais sont moins fructifères. »
Le gel a davantage touché le secteur viticole que les vergers, du fait de leur hauteur. « Le gel était à un mètre du sol », fragilisant de surcroît les vignes, précise le vigneron, également arboriculteur.
« Cela s’est mieux passé que prévu »
« Quand on constate la température qui baisse, on ne se pose pas de question », assure Sonia Minodier, associée avec son époux, Florian, sur l’exploitation du Gaec de la Souveraine, producteurs principalement de cerises sur la commune d’Empurany. La nuit du mercredi 24 avril au jeudi 25 avril était particulièrement redoutée, car le vent qui protégeait jusque-là les vergers contre le risque de gel est tombé. Si au lendemain de cette nuit cruciale, aucun dégât n’est à déplorer du côté du Gaec de la Souveraine, c’est en particulier grâce aux précautions mises en place. « Cette année les fruits ont quinze jours d’avance, ils sont spécialement fragiles. Dans la nuit de mercredi à jeudi, nous sommes descendus à -1°C, nous avons allumé les bougies et arrosé à partir de 5 h du matin, principalement les cultures se trouvant aux abords du Doux, plus enclines à l’humidité. »
À Saint-Jean-de-Muzols, sur les terres de l’Earl Saint-Estève, où sont cultivés 20 hectares de vigne, 5 ha d’abricot et 1 ha de cerise, tout a été mis en œuvre pour sauver les « 5 à 10 % de la récolte restante d’abricots prévue pour 2024 », explique Mathieu Fraisse, installé au sein de l’exploitation familiale depuis 2023. Des fruits déjà mis à mal et qui se sont mis à tomber après la nouaison sur l’ensemble du département, dû à une conjoncture de phénomènes climatiques.
Bien que ses vergers soient équipés à 90 % de filets antigel, dans la nuit de mercredi à jeudi, lui aussi a allumé les bougies « à partir de 6 h du matin, quand il a tout juste gelé. Mais cela s’est mieux passé que prévu », temporise le jeune agriculteur. « Le plus difficile est de savoir quelles récoltes on choisit de protéger : on fait le tour des parcelles pour voir combien il y a de fruits par arbre », ajoute-t-il. « Pour être efficace, il faut compter environ 300 bougies par hectare à 12 € la bougie. »
Face à l’incertitude climatique, la prudence est de mise et les agriculteurs restent aux aguets. « On croise les doigts concernant d’autres épisodes à venir », confie Mathieu Fraisse. Désormais, Sonia Minodier s’inquiète de son côté des conséquences de cette baisse des températures dans ses vergers : « Le froid a contribué à l’arrêt de sève dans les arbres ». Face au changement climatique, les agriculteurs déploient toutes les ressources à leur disposition pour protéger leurs récoltes.