Le datura stramoine est une adventice annuelle de la famille des Solanacées. Il se complaît dans nos systèmes de cultures et dans l’ensemble des types de sol. La durée de vie de ses graines, qui atteint plusieurs dizaines d’années dans le sol, ne simplifie pas sa gestion. Première étape de la lutte : savoir le reconnaître !
Au stade plantule, les cotylédons de datura sont grands et lancéolés. La tige et les pétioles sont pileux. Les feuilles alternes. Une odeur peu agréable se dégage déjà au toucher. Plus tard, la tige est glabre, arrondie, elle se ramifie et se solidifie. Les feuilles sont irrégulièrement dentées avec un long pétiole. La racine est pivotante. Les fleurs blanches ou violettes en forme d’entonnoir plissé de 6 à 10 cm de long sont solitaires à chaque bifurcation des tiges. Les fruits forment des bogues épineuses de 4 à 5 cm. Chacune contient environ 500 graines de 3 mm, plates, de couleur noire. Le datura se complaît dans les sols riches. C’est une plante nitrophile (qui aime l’azote) et se développe dès sa mise en contact avec la lumière. Il est alors conseillé d’être vigilant aux abords de champs (bords de route, tournières), les passages d’enrouleurs, après un passage de bineuse, les zones retournées par des sangliers ou accidentées… Une des spécificités du datura stramoine est sa capacité à lever de manière échelonnée du printemps jusqu’à l’automne. Il est régulièrement observé dans les cultures d’été (maïs, tournesol, soja…) mais aussi en interculture sur chaumes de céréales et dans les jeunes prairies.
Adapter son programme de désherbage en maïs
La lutte chimique n’est pas un problème d’impasse technique ou de disponibilité de produits efficaces. Le défi est de bien positionner les interventions en fonction des relevées permanentes du datura. Il faut prévoir un passage supplémentaire ou plus tardif avec du matériel pas toujours adapté. La stratégie de double passage reste la plus sécuritaire avec une pré-levée (ou postlevée précoce) relayée. La stratégie de double post présente une bonne efficacité dans les essais, mais sa réussite est plus aléatoire (difficultés de positionnement en cas de printemps pluvieux, moindre efficacité des interventions en cas de printemps sec).
En passage unique, l’efficacité est illusoire
De nombreuses solutions herbicides sont efficaces (avec base tricétone, sulfonylurées anti-dicots…). La pré-levée ou levée précoce permet de grouper les levées (plus efficace si infestation récente), puis un rattrapage en post sur de jeunes daturas (2 à 4 feuilles) au stade 2-4 feuilles du maïs puis un deuxième rattrapage en cas de relevées, le plus tard possible vers 8-9 feuilles, juste avant la couverture de l’inter-rang par le maïs. Notez que toute action mécanique sur le sol (localisation d’engrais, binage…) provoque des relevées tardives, qui seront difficiles à contrôler. Par ailleurs, cette adventice a un fort pouvoir de repiquage si le binage est effectué sur adventice trop développée et en conditions humides. Ainsi, on
veillera à réaliser les binages qu’en cas de prévisions de sec dans les jours suivant le passage. Dans la mesure du possible, prévoir un rattrapage herbicide après un binage visant à enfouir les apports d’azote sur une parcelle contaminée.
Yann Janin, Ingénieur Arvalis Rhône-Alpes
Pour en savoir plus : https://youtu.be/2JkNaugwp0w
Intervenir le plus tôt possible
Il est conseillé de surveiller les levées de datura dans les zones ouvertes : abords de parcelles, passages d’enrouleurs, zones accidentées (sanglier, manques à la levée…). Il est essentiel d’intervenir sur la mauvaise herbe dès qu’elle est identifiée dans une parcelle, même à faible densité. Le datura aime la lumière et se développe dans toutes les zones libres. Objectif : supprimer les plantes avant la présence de bogues développées.
Si les plantes ne sont pas montées à graine :
• Passage de broyeur.
• Arrachage manuel (porter des gants, enfouir/isoler les plantes).
• Ne pas les brûler (fumées toxiques).
Si les plantes sont montées à graine :
• Ne pas broyer.
• Arracher les plantes et les mettre à la poubelle et/ou couper les bogues et les mettre à la poubelle (dans les ordures ménagères pour incinération.
• Ne pas les brûler (fumées toxiques).
Cette vigilance est de mise sur toutes les cultures !
Une plante contamine 10 tonnes de maïs
L’ensemble de la plante de datura (graines et parties végétatives) contient des alcaloïdes tropaniques dont la teneur dans les récoltes est réglementée. En maïs grain, le seuil réglementaire est dépassé dès lors qu’on retrouve une graine dans 2 kg de grains. Sachant qu’une plante de datura peut produire 5 000 graines, une plante suffit à contaminer 10 tonnes de maïs et déclasser la remorque entière.