COOPÉRATION AGRICOLE
Reconquérir la souveraineté alimentaire

Le pôle animal de La Coopération agricole a organisé le 19 juin une conférence de presse pour faire un point de situation sur ce secteur d’activité qui veut défendre la souveraineté alimentaire française. Quatre priorités pour reconquérir une autosuffisance ont été présentées.

Reconquérir la souveraineté alimentaire
Le pôle animal de La Coopération agricole souhaite reconquérir une production aujourd’hui atone, nourrir les Français et gagner des parts de marché à l’export, en Europe et dans les pays tiers.©stockheebij

Assurer le renouvellement des générations d’éleveurs ; organiser les filières ; anticiper les crises et prendre en compte les attentes sociétales (bien-être animal et environnement). Telles sont les quatre axes de travail sur lesquels les dirigeants de La Coopération agricole, pôle animal (LCA-PA), portent actuellement leur effort. Les objectifs sont de reconquérir une production aujourd’hui atone, nourrir les Français et gagner des parts de marché à l’export, en Europe et dans les pays tiers. Encore faut-il lever les freins à la production que constituent certaines normes, surtout quand elles font l’objet de surtranspositions en droit français. « Le seuil d’enquête publique est de 3 000 places à l’engraissement selon l’Europe. En France, on l’applique à partir de 2 000 places », s’irrite Philippe Bizien, responsable du pôle porcin de LCA-PA. Il demande à simplifier et sécuriser les parcours administratifs, en particulier à lutter contre les recours abusifs de certaines ONG écologistes qui découragent les installations, les transmissions et le développement économique. « Ces associations savent qu’en contestant juridiquement les autorisations préfectorales, le feuilleton judiciaire qui s’ensuit et qui peut durer quatre, cinq ans voire plus, va décourager les agriculteurs qui souhaitent moderniser leurs élevages. D’ailleurs, certains ne déposent plus de dossiers. » Pour réagir au retournement de marché que connaît aujourd’hui le secteur des viandes, LCA-PA mise sur la structuration des filières et souhaite la mise en place d’une contractualisation tripartite (éleveur-coopérative-grande distribution), à l’image de l’action d’une grande enseigne (Lidl) pour sécuriser le revenu de l’agriculture, et le chiffre d’affaires de la coopérative intermédiaire. Cet engagement fort de la distribution pourrait se doubler d’un signal en faveur de l’organisation de filière « en donnant accès au financement de la Pac pour les organisations de producteurs via les programmes opérationnels », a suggéré Bruno Colin, président de LCA-PA.

Redonner des couleurs

La restauration de la confiance dans le métier et le développement de la production passent aussi par l’anticipation des crises, « avec le soutien indispensable de l’État », a insisté François Lacome, président de la filière avicole. « La situation économique des filières ne permet pas d’assumer seul le coût de la surveillance et de la lutte contre les épizooties. Nous avons besoin d’un maintien des financements publics, notamment pour la poursuite de la vaccination influenza aviaire », a-t-il précisé. Les pouvoirs publics devront aussi soutenir les efforts des éleveurs et des coopératives pour répondre aux attentes des consommateurs et de la société qui réclament toujours plus de bien-être animal, plus de décarbonation. Encore faudrait-il que les règles à
appliquer soient moins contraignantes. Ainsi, le règlement sur les transports d’animaux vivants prévoit de les véhiculer en dehors des grandes chaleurs (+ 30 %). « Ce qui nous oblige à travailler la nuit. Or nous avons toutes les peines du monde à trouver des salariés pour travailler la nuit, que ce soit dans les fermes, dans les sociétés de transport et dans les abattoirs », a observé François Monge, président de la section ovine. Les mesures proposées par la LCA-PA devraient permettre de redonner des couleurs à l’élevage et au modèle coopératif français. Car aujourd’hui la baisse des productions animales pèse sur l’aval de la chaîne agroalimentaire. « On est à la veille d’une restructuration dans les abattoirs », a indiqué Bruno Colin. La fermeture menace 40 d'entre eux sur un total de 230 en France. En six ans, la France a perdu un million de vaches et le nombre de porcs a diminué de 6 % au cours des douze derniers mois… Une volonté de sursaut qui se révèle indispensable et nécessaire.

Christophe Soulard