Le début de la campagne de vaccination contre l’influenza aviaire a été fixé au 1er octobre. Il reste encore de nombreux arbitrages à trancher, notamment sur le reste à charge pour les éleveurs.
Le gouvernement peaufine sa stratégie vaccinale sur les volailles. En termes de calendrier, le contenu de cette stratégie devrait être dévoilé aux alentours du 15 juillet, concède-t-on dans l’entourage de Marc Fesneau, ministre de l’Agriculture et de la Souveraineté alimentaire. Cependant, on en sait un peu plus sur les modalités du vaste plan de vaccination qui, dans un premier temps, devrait concerner les 40 millions de canards produits chaque année en France. Ceux-ci recevront deux doses pour être sûrs qu’ils soient parfaitement immunisés contre le virus H5N1. Le laps de temps entre les deux vaccins devrait être d’environ trois à quatre semaines, précise le ministère de l’Agriculture. Un appel d’offres pour 80 millions de doses a été lancé et le résultat sera lui aussi connu mi-juillet. On sait déjà que trois laboratoires, le français Ceva, l'allemand Boehringer et l'américain Zoétis ont d’ores et déjà obtenu une autorisation temporaire d'utilisation de leurs vaccins pour les canards. Cette étape franchie, reste trois points décisifs à franchir : la logistique, le financement et les exportations. Sur la logistique, le ministère cherche encore à déterminer comment procéder à la vaccination de 40 millions de canards. « Elles se feront certainement par des équipes dédiées et formées mais pas forcément par des vétérinaires », avance le ministère. L’objectif est qu’aucun animal n’échappe à la piqûre salvatrice et que les doses soient acheminées dans les meilleures conditions possibles (température notamment) jusque dans les cours de ferme. « Un système de traçabilité sera mis en place et une surveillance post-vaccination, par des vétérinaires notamment, permettra d’assurer le suivi des élevages et de l’épizootie », assure un proche conseiller.
La filière doit être solidaire
Sur le dossier financement, la question est encore en suspens. Les discussions se poursuivent avec les professionnels et Bercy pour connaître le montant global de cette vaccination à grande échelle. Un proche du ministre considère que l’enveloppe de 70 millions d’euros, chiffre avancé par la profession, « fait partie d’un ordre de grandeur minimum ». Il convient également de déterminer le reste à charge pour les éleveurs dont le taux est aujourd’hui inconnu. « La filière doit être solidaire, car en se vaccinant, les canards limitent la propagation du virus aux autres espèces », estime le ministère. En effet, il faudra aussi vacciner plusieurs centaines de millions de « gallus » (poules, poulets…) et autres dindes, pintades….
Enfin, dernier volet de cette stratégie vaccinale : les exportations. La France sera le premier pays au monde à vacciner ses volailles. Tous les autres pays auront les yeux rivés sur les résultats de cette stratégie. Mais certains, à l’image du Japon, refusent d’importer des volailles vaccinées. En effet, certains pays craignent d’importer « des volailles contaminées non détectées », explique un proche de Marc Fesneau. La résolution adoptée fin mai par 180 pays de l’Organisation mondiale de la santé animale (Omsa) assure que le vaccin ne doit pas constituer une entrave aux échanges commerciaux. Sera-t-elle appliquée par tous ? L’une des solutions, comme l’ont suggéré les interprofessions des volailles, est de généraliser la vaccination en Europe.
Christophe Soulard
La bonne stratégie de la dédensification
Le ministère de l’Agriculture donne quitus aux différentes initiatives de la profession agricole pour limiter l’extension de l’épizootie de grippe aviaire. C’est notamment le cas du Plan Adour et celui conduit dans le Grand Ouest pour allonger les périodes de vide sanitaire et réduire le nombre de volailles produites sur une exploitation. Un proche de Marc Fesneau estime que cette stratégie conjuguée avec l’abattage préventif et le renforcement des mesures de biosécurité a été efficace. Elle a permis de réduire le nombre de foyers en exploitation, faisant baisser le nombre de cas de 1378 en 2022 à 400 cette année. Cependant la vigilance reste de mise, car si aucun cas ne s’est déclaré dans les élevages depuis le début du mois de juin, le virus reste encore présent dans la faune sauvage.