AVICULTURE
Fin de l'élimination des poussins mâles : décret et dérogations en vue

L'interdiction d'éliminer les poussins mâles devrait prendre corps début 2022 : un projet de décret est devant le Conseil d'État, comportant des dérogations pour la reproduction et la sélection.

Fin de l'élimination des poussins mâles : décret et dérogations en vue
Un projet de décret dont la parution est attendue début 2022 devrait prévoir que l'ensemble des couvoirs s'engagent à investir dans une solution d'ovosexage, pour mettre fin à l'élimination des poussins mâles au plus tard fin 2022.

Longtemps cantonnée au stade d'objectif politique, l'interdiction d'éliminer les poussins mâles devrait bientôt être gravée dans le marbre réglementaire : le projet de décret actant cette mesure sera « soumis à l'examen du Conseil d'État en ce début janvier », a indiqué le cabinet du ministre de l'Agriculture. Annoncé en juillet par Julien Denormandie, ce texte - dont la parution est attendue début 2022 - devrait prévoir que l'ensemble des couvoirs s'engagent à investir dans une solution d'ovosexage, pour mettre fin à l'élimination des poussins mâles au plus tard fin 2022. Une obligation qui ne concernerait que les poules pondeuses, et non les volailles de chair.

Dérogations pour la reproduction

Comme l'indique le président du SNA (accouveurs) Louis Perrault, « tous les couvoirs sont déjà engagés dans des extensions » en vue d'accueillir des machines d'ovosexage. Le but ? Déterminer le sexe des poussins dans l'œuf, afin d'éliminer avant l'éclosion les mâles, écartés faute de débouchés. « On a conclu très tardivement », remarque-t-il : cette concrétisation arrive plus de deux ans après la première annonce de Didier Guillaume fin 2019. « Les professionnels aussi ont besoin de ce décret, ajoute le président du SNA. Certaines entreprises d'accouvage attendent ce texte pour pouvoir déclencher les prêts bancaires. » D'après Louis Perrault, le texte soumis au Conseil d'État comporte des dérogations pour la sélection et la reproduction. Dans ces maillons, « nous avons besoin de faire éclore l'ensemble des descendants pour analyser les mortalités tardives en embryons et les malformations », explique le président des accouveurs. Par ailleurs, ces opérations sont réalisées dans « des couvoirs spécifiques qui n'ont pas la capacité de mettre en place l'ovosexage, qui demande des volumes importants ». La sélection et la reproduction concernent « un nombre très restreint d'animaux » : 500 000 parentales à mettre en regard des quelque 50 millions de poules pondeuses en France, selon Louis Perrault.

Sept projets bénéficieront d'aides à l'investissement

Une autre production spécifique pourrait bénéficier d'une dérogation : celle des œufs incubés « en vue de recherche scientifique ou pharmaceutique » (production de vaccins). Ces dérogations font l'objet d'un « consensus large qui englobe le CNPO (interprofession des œufs) et le SNA », précise Louis Perrault. En cas de validation par le Conseil d'État, les professionnels souhaiteraient leur pérennisation. Le soutien promis par le gouvernement - 10 millions d’euros pour soutenir les investissements des couvoirs - est, lui aussi, en passe de prendre forme. Dans un communiqué du 20 décembre, le ministère annonçait que sept projets d'ovosexage avaient été retenus pour bénéficier d'un soutien du plan de relance. Quatre d'entre eux concernent les poules pondeuses : Lohmann France (industrialisation du procédé AAT), Novoponte (qui vise un sexage à 9 jours d'incubation avec la technologie Seleggt), Hendrix Genetics (pour son couvoir de poules ISA) et Lanckriet (ovosexage et valorisation des coqs de ponte). Les trois autres dossiers portent sur la filière canards ; ils sont portés par Grimaud frères (Ovonixes, technologie Lunix), Sud-Ouest accouvage et Gourmaud sélection (groupe Orvia).

YG