CASTANÉICULTURE
Encre du châtaignier : comment reconnaître la maladie ?
CASTANÉICULTURE / La maladie de l’encre est responsable de nombreuses mortalités de châtaigniers ces dernières années. Plusieurs signes permettent de détecter cette maladie cryptogamique et plusieurs conseils peuvent être suivis pour l’éviter.
« L’encre s’est beaucoup développée dans tout le territoire ardéchois durant ces cinq à dix dernières années », affirme Hélina Déplaude, conseillère Châtaigne à la Chambre d’agriculture de l’Ardèche. « Parfois, en 2018 et 2019 par exemple, on a pu constater d’importants pics de mortalité dans certains secteurs, consécutifs à de gros coups de chaleur qui ont terminé de dépérir des arbres déjà très affaiblis par l’encre. »
Si la recherche de porte-greffes résistants à l’encre avance petit à petit, il est aussi important pour les producteurs de connaître et savoir détecter la maladie pour pouvoir la signaler.
D’où vient l’encre du châtaignier ?
La maladie est provoquée par deux Phytophthora : Phytophthora cambivora Petri, qui s’attaque plutôt au collet, et Phytophthora cinnamomi Rands. P. qui touche plutôt aux racines. Ces champignons attaquent ainsi les racines et l’écorce de la base du tronc, causant des suintements de liquide noirâtre semblable à de l’encre, d’où son nom. La maladie se propage par les racines pour remonter jusqu'à la cime de l'arbre, provoquant des dépérissements. L’encre progresse de proche en proche à partir des premiers arbres infectés, provoquant progressivement des mortalités sur les arbres adjacents.
Quels sont les principaux symptômes ?
Les deux espèces de Phytophthora engendrent les mêmes symptômes, à savoir la destruction de tout ou partie du système racinaire du châtaignier. La maladie provoque des nécroses brunes ou noires sur les racines mais également un ralentissement de la croissance qui peut s’observer avec un flétrissement et un jaunissement des feuilles, des pousses chétives mais également un dessèchement de rameaux puis des branches. On observe par la suite des mortalités de branches, mais aussi une nécrose au niveau du collet. S’en suit alors la mort de l’arbre.
L'arrachage d'un semis et l'examen de son système racinaire (nécrosé en cas de présence de l’encre) est un bon indicateur de la présence de la maladie sur la parcelle.
Comment limiter les dégâts ?
Favorisée par des sols engorgés d’eau, la maladie se propage par le transport de terre ou par l’eau. Elle se propage ensuite naturellement par croissance des champignons dans le sol. La modification du régime hydrographique d’une parcelle ou l’apport de terre extérieure peuvent donc amplifier la maladie et provoquer d’importants dégâts. Il convient également d’éviter les stress hydriques ou les circulations d’eau importantes, qui constituent des facteurs aggravants.
Lors de la plantation, il est conseillé de vérifier la présence d’encre en amont ou à proximité de sa parcelle. Il convient par ailleurs d’éviter l'introduction des phytophthoras en choisissant des plants de qualité non infectés, en favorisant les plants en racines nues (moins de terre), sur sol bien drainé et en privilégiant des porte-greffes résistants, si c’est possible. Tout transport de terre à partir de zones contaminées est à bannir.
M.C.
Vigil’encre, une application pour signaler les arbres malades
PRÉVENTION / L’application “Vigil’encre” permet désormais à tout castanéicutleur de signaler un arbre souffrant de la maladie de l’encre. Le but : établir une cartographie de la maladie au niveau national.
Téléchargeable sur smartphones, mais également disponible en ligne depuis son ordinateur, l’application Vigil’encre permet à tout agriculteur qui soupçonne d’avoir de l’encre dans un ou plusieurs arbres de le signaler à l’Inra via l’outil. Il peut ainsi géolocaliser précisément la parcelle via la localisation GPS, mais aussi charger et partager des photos et des observations (symptômes, mortalité des arbres...).
Grâce à ces informations, l’Inra peut confirmer ou non l’hypothèse de présence de l’encre et, le cas échéant, demander au castanéiculteur de réaliser des prélèvements d’échantillons. Envoyés à l’Inra, ceux-ci permettront d'identifier plus précisément les agents pathogènes à l'origine des symptômes observés sur le châtaignier.