Entre 2009 et 2021, 300 000 hectares d’espaces naturels, agricoles et forestiers ont été artificialisés. Plus des deux tiers ont été affectés au développement de l’habitat, selon l’Insee.
Entre 2009 et 2021, 300 000 hectares environ, soit 0,5 % du territoire national, d’espaces naturels, agricoles et forestiers ont été consommés en France, augmentant ainsi l’espace urbanisé de 8,7 %. Plus des deux tiers, soit 67,5 % l’ont été pour développer l’habitat et 25,5 % pour l’activité économique, selon l’Insee qui vient de publier une étude en ce sens. Pour ce qui est de l’habitat, ce sont autour de 20 000 hectares qui ont été dédiés chaque année de 2009 à 2011. Cette artificialisation annuelle a ensuite diminué jusqu’en 2015, en particulier en Bourgogne-Franche-Comté, en Normandie et dans les Hauts-de-France. Depuis 2016, elle avoisine 15 000 ha. « Cela correspond à une fois et demie la superficie de la ville de Paris », note les auteurs de l’étude.
Population et taille des ménages
Entre 2009 et 2019, la consommation liée à l’habitat s’explique surtout par l’augmentation du nombre de résidences principales. Le parc de ces résidences a crû de 8,8 % sur la période. L’Insee fournit deux explications. D’une part la croissance de la population estimée à 4,2 % implique la construction de logements supplémentaires et est responsable de 32,9 % de la consommation d’espaces. D’autre part la diminution moyenne de la taille des ménages qui est passée de 2,28 personnes en 2009 à 2,19 en 2019 impacte la consommation d’espaces en augmentant le nombre de résidences principales pour loger un nombre identique de personnes. Cela explique les 33,4 % de la surface consommée. La consommation d’espaces pour l’habitat est également liée indirectement à l’évolution du nombre de logements vacants, selon l’Insee. En effet, ces logements ont utilisé de l’espace quand ils ont été construits, mais ils ne correspondent plus aux attentes de la population soit du fait de leur localisation, soit du fait de leur vétusté tel que le niveau de confort par exemple. Ils ne trouvent pas preneurs auprès des ménages en quête de logement. Ces derniers doivent donc se tourner vers d’autres logements, ce qui in fine se traduit par la construction de logements neufs et une consommation d’espace supplémentaire (19,4 %). Autre facteur d’artificialisation des espaces, le développement des résidences secondaires (+ 13 % entre 2009 et 2019) dans les zones touristiques en particulier. Néanmoins, cette influence est moindre que celle de la progression des logements vacants et représente 11,4 % de la consommation d’espaces.
Disparités géographiques
Au-delà de l’évolution du nombre de logements, la consommation d’espaces est liée aux évolutions des caractéristiques des logements et de leur bâti. Ainsi privilégier la construction de maisons individuelles plutôt que d’appartements est davantage consommateur d’espaces. En outre, le nombre d’étages des immeubles a tendance à diminuer, ce qui a pour conséquence d’accroître le taux d’emprise au sol des logements. Cette contribution au grignotage spatial est estimée à 7,2 % par l’Insee. A contrario, la surface moyenne des logements diminue. Cela a pour effet, contrairement aux autres facteurs, de réduire la surface consommée, à hauteur de 4,2 %. Sur la période 2009-2019, la consommation d’espaces liée à l’habitat augmente particulièrement dans les départements d’Outre-mer, en Corse et dans le quart Sud-Ouest de la France. Déjà élevée avant 2009, la consommation d’espaces est plus modérée dans les départements franciliens et dans les Alpes-Maritimes. Elle est également faible dans les départements en déprise démographique dans le Centre et l’Est de la France (Nièvre, Indre, Creuse, Haute-Marne et Meuse) où la population est âgée et la taille des ménages réduite.