Le PPT joue un rôle de dispositif cadre dans la conduite des opérations agricoles et environnementales du Parc naturel régional (PNR) des Monts d’Ardèche. Entretien avec Richard Bonin, responsable de service au PNR, et Françoise Rieu-Fromentin, vice-présidente du syndicat mixte du PNR.
Le PNR a été à l’initiative du lancement du premier PPT en Ardèche en 2011. Il est en passe de relancer un 3e programme. Quel bilan tirer de la mise en place de ce dispositif ?
Françoise Rieux Fromentin : « Les PPT ont permis de créer une bonne dynamique auprès des éleveurs, de maintenir et valoriser l’élevage dans les zones difficiles : terrains vallonnés, surfaces extensives, pentes... Entre 250 et 260 éleveurs y adhérent aujourd’hui dans les Monts d’Ardèche. En termes de gouvernance, c’est intéressant aussi car nous travaillons main dans la main avec la profession agricole et la chambre d’agriculture. »
Richard Bonin : « Au-delà de l’aide financière accordée aux équipements et à l’aménagement des surfaces pastorales, une vraie culture s’est construite autour du pastoralisme progressivement. C’est une réussite car cela a permis de mettre en place des PPT ou financements sur d’autres territoires ardéchois, comme le Coiron, le nord Ardèche, les Bergigou dans le sud… »
S’attaquer à la reconquête des surfaces pastorales était un enjeu fort du dernier PPT.
R.B. : « Nous avons un foncier extrêmement morcelé, divisé, de petites tailles. C’est un frein énorme à l’installation et à la reconquête des zones agricoles de pentes. La SAU1 du territoire du Parc est de 22% sur 250 000 ha. C’est très faible par rapport à d’autres moyennes. Nous nous sommes appuyés sur le PPT et le plan régional châtaigneraies traditionnelles pour agir sur la reconquête foncière car il y a une vraie complémentarité entre ces deux outils. L’idée a été de mettre à disposition des collectivités, qui sont des incitateurs à accueillir des agriculteurs et connaître le foncier, tout un outillage pour réinvestir l’agriculture sur les zones en déprise. L’exemple le plus récent est celui de Vesseaux avec une démarche de volontariat de propriétaires qui ont donné accès à leurs parcelles. »
Quels sont les objectifs du prochain PPT ?
F.R.-F. : « Nous sommes dans la continuité des objectifs portés par les précédents PPT, mais les deux idées clés sont l’adaptation au changement climatique et la lutte contre les incendies. Un groupement pastoral contractualisé avec le Département s’est monté d’ailleurs sur le secteur de Montselgues pour entretenir les pistes de DFCI, ainsi que les espaces naturels sensibles, notamment les tourbières. »
R.B. : « Il y a aussi une vraie volonté des éleveurs adhérents de faire en sorte que le pastoralisme soit un outil au service de l’élevage pour mieux valoriser la ressource en eau. Le PPT offre un espace de dialogue où les idées se mêlent et les projets communs se construisent. Il y a un soutien organisé qui fonctionne et porte ses fruits. Avec le plan châtaigneraies traditionnelles et les Paec2, le PPT permet d’investir les questions agricoles portées par le Parc. De grands défis arrivent et ces outils peuvent être intéressants pour les anticiper. »
Propos recueillis par Anaïs Lévêque
1. Surface agricole utile.
2. Projets agro-environnementaux et climatiques.