FILIÈRE PPAM
Expérimentation : l’Iteipmai sur tous les fronts

L'institut technique interprofessionnel des plantes à parfum, médicinales, aromatiques et industrielles, Iteipmai, a ouvert ses portes le 11 juin dernier aux professionnels agricoles et partenaires de la filière pour une présentation des expérimentations menées sur la station de la Vesc à Montboucher-sur-Jabron. Au programme, gestion de l'enherbement et adaptation des espèces aux évolutions climatiques.

Expérimentation : l’Iteipmai sur tous les fronts
Le programme Canoppam vise à identifier les réponses physiologiques et métaboliques des Ppam produites sous ombrage agroforestier dans un contexte d’évolution climatique. ©AP-AD26

Face aux évolutions climatiques, les producteurs de la filière Ppam1 doivent se réinventer pour adapter leurs itinéraires de production et leurs modes de culture. Pour cela, l’institut technique interprofessionnel des plantes à parfum, médicinales, aromatiques et industrielles, Iteipmai, concentre son activité sur la mise en place d’essais expérimentaux, précieux pour l’avenir de la filière. C’est ce que l’institut technique a souhaité mettre en avant le 11 juin dernier lors de sa journée portes ouvertes à Montboucher-sur-Jabron, devant plus de soixante personnes. Face à la transition agroécologique, les filières Ppam et horticoles unissent leurs forces pour gérer la pression des adventices dans les cultures pérennes. Le projet Eco-phyto interfilière Ho’PPAM’Alt (2024-2026) « vise ainsi à imaginer de nouveaux systèmes de production tout en minimisant le recours aux herbicides », a dévoilé Benjamin Lemaire, responsable agronomie au sein de l’Iteipmai. Des groupes de travail, composés entre autres d’acteurs de l’Iteipmai, des chambres d’agriculture de la Drôme et des Alpes-de-Haute-Provence, d’Astredhor, d’Agribio 04 et de L’Atelier Paysan ont permis au printemps 2024 d’élaborer de nouveaux itinéraires de production durables, en s’appuyant notamment sur le machinisme innovant, sur les leviers agroécologiques (paillage, couverts végétaux), etc.

Itinéraires de production innovants

Ces nouveaux systèmes de cultures sont alors testés en parcelles expérimentales pour une durée de trois ans, au sein de deux bassins de production (Grand Ouest, Sud-Est) et seront réadaptés en fonction des premiers constats sur le terrain. Sur sa station de Montboucher-sur-Jabron, l’Iteipmai a implanté de la menthe douce et du thym. « Pour la menthe, nous avons imaginé un itinéraire technique très mécanisé, avec du binage inter-rang et du binage sur le rang entre les plants. Par ailleurs, nous avons intégré des couverts végétaux afin de maintenir une potentielle concurrence des adventices, l’un avant plantation (moutarde), le second après plantation (le trèfle sous terrain). La culture du thym sera menée de façon similaire à celle de la menthe, notamment en termes d’implantation de couverts végétaux (sarrasin). Nous combinons actuellement un certain nombre de leviers pour la gestion de l’enherbement chez les producteurs qui le souhaitent », a rappelé Benjamin Lemaire, stipulant que le projet en est à ses tout débuts.

L’agroforesterie, nouvelle porte d’entrée ?

Le programme Canoppam (2024-2026) vise à identifier les réponses physiologiques et métaboliques des Ppam produites sous ombrage agroforestier dans un contexte d’évolution climatique. « Le sud de la France est de plus en plus confronté à des épisodes de sécheresse. Il nous faut trouver des solutions pour pallier le stress hydrique des cultures », a énoncé Ombeline Decuy, doctorante à l’Iteipmai. Pour ce faire, le projet Canoppam va permettre d’étudier l’effet de l’ombrage agroforestier sur les Ppam telles que le lavandin (plante à parfum), la valériane (plante médicinale) et le persil (plante aromatique). Deux voiles d’ombrage - pour reproduire l’effet des arbres - ont été installées auprès des cultures, d’une intensité de 85 % et de 70 %, afin d’étudier le comportement des plantes face aux conditions d’ombrage. Sur les rangs, des thermocouples (servant à mesurer la température à la surface de la feuille) et des dendromètres (pour mesurer la variation des tiges et obtenir des indicateurs sur l’état hydrique de la plante) ont également été installés. « Chaque semaine, nous suivons la croissance des plantes pour observer les éventuels effets sanitaires (activité photosynthétique de la plante, stress hydrique, dégâts cellulaires, etc.). Nous analyserons ensuite les rendements », a-t-elle poursuivi. L’étude physiologique des plantes est également réalisée dans huit systèmes agroforestiers pilotes (Drôme, Gard, Vaucluse, Alpes-de-Haute-Provence) afin de caractériser les performances agronomiques et technico-économiques. Aussi, ces études permettront de déterminer l’impact de l’ombrage sur l’émission de composés organiques volatils (COV) par les Ppam et sur l’état sanitaire du système. Une phase de diffusion des connaissances auprès du monde agricole viendra conclure ce projet.

Approfondir les connaissances techniques

Le programme ANECCS – adaptation de nouvelles espèces aux changements climatiques - (2022-2024), porté par la chambre d’agriculture de la Drôme a également retenu l’attention des professionnels présents. Il concerne cinq espèces : le tilleul à large feuille, le chanvre, la lavande aspic, le romarin à cinéole et le cumin. Ces trois dernières espèces ont notamment été implantées au sein de la station de la Vesc. Par exemple, cinq variétés de lavande aspic – sur un panel de soixante populations différentes prospectées par le Conservatoire national des Ppam de Milly-la-Forêt – sont mises en comparaison pour acquérir des données techniques sur leur résistance face au stress hydrique ou aux maladies, le développement de la biomasse, leur teneur en huile essentielle, etc. Les résultats seront diffusés en post-récolte, d’ici la fin de l’année. Enfin, le récent lancement du projet Auvergne-Rhône-Alpes Au’Tope (automatisation et mécanisation pour réduire la pénibilité dans les exploitations maraîchères, horticoles, arboricoles, viticoles, Ppam et pépinières) permettra de trouver des solutions pour maintenir les filières régionales existantes tout en sécurisant la main-d’œuvre et en réduisant la pénibilité. « La première étape vise à recenser l’ensemble des matériels innovants dans les différentes filières (exosquelettes, binette électrique, etc.) », a déclaré Benjamin Lemaire. Les résultats de ces projets seront portés à la connaissance des professionnels de la filière, sur le site Internet : www.iteipmai.fr.

Amandine Priolet

1. Plantes à parfum, aromatiques et médicinales.

Plus d’une soixantaine de personnes a participé, le 11 juin dernier, à la présentation des essais menés par l’institut technique, à Montboucher-sur-Jabron. © AP-AD26