SERVICE DE REMPLACEMENT
Harmonisation des services, un débat majeur au cœur de l’AG
L’assemblée générale du Service de remplacement Ardèche s’est tenue le 5 avril à la chambre d’agriculture de Privas. Elle s’ouvre sur un constat : le retour à un fonctionnement normal après le Covid et des journées de remplacement en hausse (+9,5 % de progression par rapport à 2021).
Les difficultés à recruter
Si le nombre de journées de remplacement augmente, il est toujours un problème qui demeure : « On est en manque de personnel, pour pallier la demande. Par exemple pour une exploitation, il faut 2 à 3 salariés en remplacement, car ils ne peuvent pas faire des journées de plus de 8 h. La traite, c’est le matin et le soir », explique Sabine Palisse, éleveuse laitière, co-présidente du Plateau Vernoussain et vice-présidente du SR Ardèche. « J’ai moins de problèmes pour trouver quelqu’un en CDD pour un accident, congé maternité ou paternité, qu’un CDI qu’on va promener d’exploitation en exploitation. Quand les salariés arrivent sur une ferme, on les forme, ils ont un ou deux jours avec l’exploitant car on aime qu’ils restent pour solidifier la confiance avec les agriculteurs. Cependant, sur une semaine, l’agent de remplacement peut avoir 5 patrons, il doit être polyvalent, s’adapter aux changements, c’est une difficulté pour trouver les bonnes personnes, précise-t-elle. L’objectif est de mettre un agent de remplacement derrière tous les remplacements demandés », synthétise la vice-présidente.
Une confiance à gagner
Malgré la demande, il n’est parfois pas aisé pour un exploitant de confier son outil de travail le plus précieux. Les bénévoles du service de remplacement le savent. Ils font face à la réticence de certains exploitants qui hésitent à adhérer au premier abord. « Le plus difficile, c’est de faire comprendre aux adhérents qu’ils peuvent faire confiance à une personne extérieure », constate Jean-Marc Giraud, agriculteur en Gaec, président du SR Ardèche ainsi que du SR local Centre Ardèche. Sabine Palisse, nuance : « Il arrive que des exploitants réticents de prime abord, mais qui font appel à nos services, finissent par embaucher notre agent de remplacement ».
« Il faut qu’on touche plus d‘agriculteurs », prévient le chef de file du SR. Pour cela, il convient de communiquer et d’effectuer un travail d’animation. « Le but, c’est de rendre service au monde agricole, il faut se montrer dans les foires, les salons pour expliquer aux agriculteurs qu’on existe et comment ça fonctionne », affirme l’élu.
Cependant, la chargée administrative d’animation et RH au niveau fédération départementale, Alexandra Maistre, peine à mettre en place des événements pour faire exister le SR, tant la partie administrative liée à tous les SR locaux est lourde à porter selon elle. « Il y a 10 services de remplacements, et 30 modes de calculs, il faut uniformiser », résume-t-elle. « Il faut se réorganiser et harmoniser les services : on arrive au bout d’un système », martèlent les élus de la fédération. Ce constat alimente les débats de l’assemblée générale.
Vers une harmonisation des services ?
D’un côté, Franck Chataigner, président du SR Cancaydoux, intervient et craint une perte de liberté d’organisation des services locaux, pourtant indispensables afin d’entretenir le lien avec le territoire. « Les services de remplacement locaux veulent conserver l’esprit du local » défend-il.
De l’autre côté, la fédération souhaite harmoniser l’administratif à l’aide d’un socle commun à tous les SR. Pour Sabine Palisse, qui a un pied dans son SR local et un pied à la fédération départementale : « Chacun a ses idées, sa façon de faire, les bénévoles sont épuisés. On s’implique à la base pour rendre service, être en contact avec l’humain et le social. La charge administrative nous freine. »
La problématique soulignée concerne la grande disparité de fonctionnement entre les SR. « Un SR peut décider de payer 25 % de plus un salarié un dimanche, quand un autre préférera payer 50 % et un autre 50 € », argumente Alexandra Maistre. « L’important, c’est de sécuriser et de dupliquer les postes, pour ne pas avoir de bénévoles démissionnaires face à la lourdeur administrative et de pouvoir être remplacé », souligne-t-elle.
Tous sont d’accord sur le rôle important que tiennent les SR locaux afin de conserver une action locale et un lien social. « C’est grâce à l’action locale sur les territoires que nous pouvons rendre service aux agriculteurs. Car nous pouvons connaître des gens qui ne travaillent pas, ainsi que les besoins des agriculteurs. On doit garder notre liberté de service via le local, sinon on perdra des bénévoles », analyse la vice-présidente.
Face à cette remise en question instiguée par la fédération ardéchoise et les bénévoles, une enquête a été mise en place auprès des SR locaux afin de déterminer ce que les bénévoles souhaitent déléguer à la fédération. L’objectif étant « de voir comment on va s’organiser, lors de la réunion à ce sujet du 18 avril prochain. On mettra autour de la table tous les partenaires afin d’alléger la partie administrative lourde à porter », prévient le président.
Marine Martin
Les chiffres de 2022
10 SR
365 adhérents sur le département, dont 20 % de femmes
81 % d’utilisateurs réguliers
32 bénévoles et 3 salariés
5 891 journées de remplacement contre 5377 en 2021
Dont 53 % de congés maternité/paternité contre 41 % en 2021 :
- 24 % de congés, un chiffre sans cesse en progression
- 11 % de complément de main-d’œuvre
- 8 % de maladie, accident
- 4 % pour des mandats, formation ou développement agricole
Un point sur le budget et les financements
Au niveau du budget, le président ne cache pas ses craintes : « On vit au jour le jour ». Face à un déficit de 2 106 €, sur l’année 2022, Jean-Marc Giraud redoute le caractère aléatoire qui compose le motif de la majeure partie des journées de remplacements, à savoir les congés pour maternité et paternité : « C’est le plus gros poste, c’est aléatoire d’une année sur l’autre : il représentait 41 % de nos journées en 2021 contre 53 % en 2022 ». Cette augmentation s’explique tout d’abord par l’allongement du congé paternité à 25 jours en 2022, ainsi qu’une féminisation de la profession. « C’est une prise de risque, tous les SR n’ont pas la trésorerie pour payer les salariés 2, 3 mois si les financements ne suivent pas, c’est une tension permanente ! », s'alarme le président. Un appel du pied aux partenaires économiques présents : Groupama et MSA en tête qui ont déclaré se pencher sur la question.