Nous reproduisons ci-dessous une tribune de Cédric Mandin, secrétaire générale de la Fédération nationale bovine (FNB) sur la décapitalisation du cheptel bovin allaitant.
Depuis six ans, la Fédération nationale bovine alerte la filière : la décapitalisation est en marche ! C’est une baisse de 12 % qui est constatée sur le troupeau français de vaches allaitantes (- 485 000 vaches), qui perdure à hauteur de 3 % en 2023 !
La filière ne réagit pas, pourtant, cette réduction du cheptel de vaches conduit intrinsèquement à une baisse des naissances, et nous y sommes, depuis plus de 2 ans. Le manque d’offre est criant sur les marchés, que ce soit pour l’abattage ou pour l’export, sur les animaux maigres ou sur les animaux finis ! Depuis le début d’année, nous enregistrons une baisse de 4 % des abattages de gros bovins et de 5 % des exportations d’animaux vifs sur l’Italie.
Pourtant, la demande reste toujours aussi dynamique : la consommation française est bonne, après une hausse de 1 % entre 2021 et 2022, la tendance reste positive sur le premier trimestre 2023. Sur l’export, la demande de broutards ne faiblit pas, vers l’Italie comme vers l’Espagne, où les prix des jeunes bovins se maintiennent à des niveaux hauts ! Alors que depuis des décennies, les éleveurs entendent dire que leurs prix ne peuvent pas monter, puisque c’est la loi du marché. Mais alors, où est-elle cette fameuse loi de l’offre et de la demande ? Est-ce qu’elle ne s’applique que pour tirer les prix des éleveurs vers le bas ?
Bien que conscients, disent-ils, de la décapitalisation et de ces impacts, les opérateurs ne font que continuer, par ces nouvelles tentatives de baisse des prix, leur jeu dangereux et mortifère, qui ne peut entraîner qu’une conséquence : la fin de l’élevage bovin français. Oui, les signaux envoyés par les acteurs de la filière ne peuvent conduire qu’à poursuivre la baisse de cheptel.
N’est-il pas temps que chacun prenne ses responsabilités et cesse de jouer encore à faire baisser les prix des éleveurs pour aller chercher des parts de marché ? À quand la prise de conscience et la traduction par des actes ?