Les responsables de l’Association nationale des élus de la montagne (Anem) ont organisé une conférence de presse au cours de laquelle ils entendaient défendre des productions de qualité aujourd’hui menacées.
Natura 2000, application de la Pac, dérèglement climatique, surcharge administrative… À l’image de leurs homologues de la plaine, les agriculteurs montagnards n’échappent pas aux multiples contraintes inhérentes à l’exercice de leur métier. Les objectifs communs des élus de l’Anem présidée par la députée Pascale Boyer (Renaissance, Hautes-Alpes) sont de préserver et valoriser l’agriculture, en raison des nombreuses aménités positives qu’elle peut générer. « Il existe toute une économie liée à l’agriculture de montagne qui concerne l’emploi, le maintien des territoires, la préservation des paysages, le tourisme », a rappelé le député Jean-Pierre Vigier (LR, Haute-Loire) qui reste très sceptique sur le prix plancher. « Il faut consolider Égalim sur le coût de production, d’autant qu’il est plus élevé en montagne qu’en plaine », a-t-il expliqué. Sa collègue du Sénat Frédérique Espagnac (PS, Pyrénées-Atlantiques) a souligné que les agriculteurs de montagne avaient perdu en moyenne 7 000 euros par exploitation, « toutes aides confondues », notamment dans le calcul des indemnités compensatoires de handicap naturel (ICHN). « On a réduit les surfaces éligibles », s’est-elle inquiétée. Les élus de l’Anem craignent que les nombreux objectifs fixés par l’Europe et la France en termes de transition agroécologique ne soient préjudiciables aux agriculteurs montagnards, dont l’activité principale est tournée vers l’élevage.
82 000 exploitations en zone de montagne
Commentant le règlement « Restauration de la nature » adopté par le Parlement européen, la sénatrice rappelle que « sans pastoralisme, sans écobuage on risque l’ensauvagement de la montagne. Les agriculteurs sont les premiers à préserver la biodiversité ». D’ailleurs 30 % des exploitations produisent sous signes de qualité. « Une priorité à ancrer dans la Pac », a-t-elle soutenu. De même, Jean-Pierre Vigier souhaite une « meilleure maîtrise de la chaîne de valeurs », en développant notamment le label spécialité traditionnelle garantie (STG) dont le but est de protéger une recette traditionnelle. « La demande du consommateur existe », a-t-il assuré. Encore faut-il que les collectivités locales, astreintes par la loi Égalim, servent au moins 50 % de produits durables et de qualité, dont au moins 20 % de produits bio. « Il faudrait pouvoir inclure une clause de proximité dans les marchés publics », a suggéré Pascale Boyer. Ce qu’interdit l’Union européenne pour le moment, au nom de la concurrence. Il faudrait encore offrir un contexte favorable à l’exercice de l’activité agricole, en « facilitant les retenues collinaires », a plaidé Jean-Pierre Vigier, « en accélérant l’accès au numérique, haut débit et fibre », a ajouté Frédérique Espagnac qui fustige les services de l’État et en « réduisant les prédations », a renchéri Pascale Boyer. Elle estime que le nouveau plan loup ne va pas régler tous les problèmes. Tous les élus souhaitent chasser les prédateurs (ours, loups, lynx) des territoires habités, car les jeunes rechignent maintenant à s’installer. Le dernier recensement agricole (2020) comptabilisait près de 82 000 exploitations agricoles en zone de montagne en métropole, soit un peu plus de 16 % des exploitations françaises. Elles étaient 120 000 en 2010.
Christophe Soulard
Le beaufort reprend des couleurs
Après deux années compliquées en raison du climat (2021 et 2022), le beaufort qui avait perdu 10 à 15 % de sa production reprend quelques couleurs. L’année 2023 a été contenue et la production repart légèrement à la hausse. Cependant, pour maintenir son niveau de prix, la profession envisage de baisser les volumes de fabrication de l'ordre de 5 % pour 2024. Le produit reste bien valorisé : entre 800 € et 1 000 €/1000 l. Cependant les coûts de production oscillent entre 600 et 700 €/1000 l.