INNOVATION
Contention : prendre en compte les opérateurs et les animaux

En Côte-d'Or, la coopérative Feder a participé à la conception et la mise au point d'un prototype innovant de cage de contention. L'outil tente de répondre aux enjeux de bien-être animal, de sécurité et de confort de travail accru pour les opérateurs de centres de rassemblement.

Contention : prendre en compte les opérateurs et les animaux
Le prototype Bov'Adapt, qui vise à la fois à la bientraitance animale et à de meilleures conditions de travail pour les opérateurs en charge de la constitution de lots d'animaux en centres de rassemblement.

Présenté sur le site de la coopérative Feder, à Venarey-Les Laumes, en Côte-d'Or, le prototype Bov'Adapt, qui vient d’obtenir un Sommet d’Or, concrétise le partenariat européen pour l'innovation Contention animale garantie ergonomique et sécurisée (PEI Cages). Porté financièrement par la Caisse nationale d'assurance maladie, la MSA et l'interprofession bétail et viande (Interbev), il découle d'une réflexion sur les conditions de travail des opérateurs et l'amélioration de la bientraitance animale. Ce projet concerne les centres de rassemblement. Les animaux y sont triés pour constituer des lots homogènes qui correspondent aux attentes des clients. Dans ce cadre, les opérateurs doivent procéder à des interventions, pour valoriser au mieux les bovins ou prévenir certaines maladies. Ces interventions sont multiples et réclament une contention de l’animal : lecture ou remplacement des boucles d'identification, pesée, marquage des animaux, traitements sanitaires, diagnostic de gestation, prises de sang ou de température, écornage, tonte... La performance globale des centres de rassemblement, pour laquelle la cage de contention a un impact direct, se lit à travers différents critères : la santé et la sécurité des opérateurs, la qualité du travail, la productivité, la bientraitance animale, la traçabilité des animaux, la sécurité sanitaire, la satisfaction client... Le PEI Cages s'est donc bâti avec la volonté de réfléchir collectivement autour d'un système de contention individuelle pour les bovins en prenant en compte le cadre réglementaire existant, l'activité humaine et le comportement des animaux. « Il fallait répondre à cette question : qu'est-ce que ce système de contention individuelle doit permettre pour les hommes et les bovins ? » précise Barbara Ducreux, de l'Institut de l'élevage (Idele) et coordinatrice du projet. Une enquête en ligne a été menée auprès de tous les centres de rassemblement de France, complétée par une analyse des usages et des pratiques, afin d'avoir les retours des utilisateurs. Les besoins identifiés ont été traduits en solutions concrètes.

Un prototype en test

Il en a résulté un prototype conçu en grande partie par Patrick Naudot, et fabriqué par l'entreprise Coppeaux Nicolas Mécano Soudure (CNMS), à Bard-lès-Epoisses en Côte-d'Or. « Nous avons imaginé un dispositif qui permet de libérer beaucoup plus facilement l'animal, avec une tête de contention qui, lorsqu'elle descend sur l'animal peut également reculer dans la cage, accompagnant de ce fait le mouvement instinctif de recul qu'il peut avoir. A la libération de l'animal, elle remonte et s'efface dans la partie supérieure de la cage », précise Patrick Naudot. Le centre Feder de Venarey l'a expérimenté, avec l'idée d'identifier des évolutions possibles ou nécessaires. « Le système de contention idéal n'existe pas, souligne Barbara Ducreux, il résulte de compromis qui correspondent aux besoins d'entreprises différentes. Nous souhaitons que les professionnels du secteur se saisissent de ce prototype pour faire émerger des solutions auxquelles nous n'aurions pas pensé. » Répondre à une problématique de santé et de sécurité au travail et de bientraitance animale, voilà qui parle à Jean-Paul Clerget, en charge du matériel d'élevage chez Feder. Il a plus de 30 ans d'expérience dans les centres de tri et la contention. « Toutes les équipes des sites Feder ont contribué à la réflexion, souligne-t-il. Un des buts recherchés était de soulager physiquement les opérateurs qui voient parfois passer plus d'une centaine d'animaux dans une journée. Ils souffrent de troubles musculo-squelettiques (TMS). Nous avons aussi de plus en plus de femmes dans nos équipes de centres de tri. On va continuer à travailler à l'évolution de ce projet. Une bonne partie de nos idées se sont retrouvées appliquées dans le prototype ».

Berty Robert, Terres de Bourgogne