ENVIRONNEMENT
Lavage d’air en élevage porcin : une technique efficace
Pour réduire les émissions d’odeurs et d’ammoniac, certains éleveurs de porcs utilisent la technique du lavage d’air. Explications avec Nadine Guigand, ingénieure d’étude et experte sur la qualité de l’air au sein de l’Institut du porc (Ifip).
L’élevage porcin est responsable de 7 % des émissions d’ammoniac en France. Pour réduire l’impact sur l’environnement, la technique du lavage d’air semble être l’une des solutions les plus efficaces. En quoi consiste cette méthode ?
N. G. : « Les laveurs d’air permettent de traiter l’air émis par les porcheries. Le principe est basé sur la capacité des composants chimiques à se solubiliser dans l’eau. Ainsi, des microorganismes présents dans les particules vont ensemencer le maillage du laveur, conçu en PVC avec une structure alvéolaire, et contribuer à dégrader les composés non solubles de la porcherie. Le principe consiste alors à transférer un composé soluble depuis la phase gazeuse en direction de la phase liquide, par le biais du maillage. La surface de maillage est conditionnée non seulement par le débit maximal à traiter mais aussi par la vitesse maximale de l’air qui le traverse. Pour pouvoir mettre en œuvre cette technique, il est nécessaire d’avoir une extraction de l’air centralisée au sein du bâtiment d’élevage. »
Quels sont les avantages d’une telle pratique ?
N. G. : « Le lavage d’air devrait être, selon moi, le système par défaut dans toutes les porcheries. Il s’agit d’un système de traitement de l’air efficace sur les odeurs, avec une baisse de 40 à 60 %. De plus, cette technique permet de diminuer les émissions d’ammoniac de 30 à 60 %, et les particules de 70 à 80 %. Malheureusement, grand nombre de bâtiments ne sont pas adaptés pour pouvoir disposer de cette technique. »
Justement, quelles sont les limites à cette technique ?
N. G. : « Aujourd’hui, moins de 20 % des bâtiments d’engraissement sont équipés de laveurs d’air. Cela s’explique notamment par une mauvaise configuration des bâtiments et l’impossibilité d’installer ce système. La centralisation de l’extraction est nécessaire et les bâtiments existants ne sont pas forcément conçus pour. Par ailleurs, le coût – que l’on estime à 30 à 50 € par place de porc charcutier – est important. Le laveur d’eau consomme environ 150 à 200 litres d’eau par porc charcutier produit, et consomme de l’électricité en continu. Toutefois, au vu des évolutions réglementaires à venir d’ici 24 à 36 mois, les éleveurs n’auront plus le choix et devront répondre à la problématique des émissions d’ammoniac, peu importe la technique utilisée. »
Depuis quelques années, l’outil Tara* est utilisé dans la mise en place ou le suivi des laveurs d’air en fonctionnement. Qu’en est-il réellement ?
N. G. : « Porté par la chambre d’agriculture de Bretagne, ce programme Tara est un outil gratuit à destination des éleveurs et des techniciens, permettant de calculer l’efficacité théorique d’un laveur d’air au sein d’un bâtiment d’élevage existant ou en projet de construction. Il s’agit d’un modèle de prédiction des flux azotés du lavage d’air à l’eau, permettant soit d’optimiser l’efficacité du laveur existant et ses performances de traitement de l’ammoniac, soit de le dimensionner dans un projet de construction d’une porcherie, en fonction du nombre d’animaux, de la surface du maillage, etc. »
Propos recueillis par Amandine Priolet
* Tara est l’acronyme du projet qui signifie « Traitement de l’air des porcheries : mise au point d’un modèle de prédiction des flux azotés ».