EAU & ÉNERGIE
Une visite centrée sur les ressources en eau et en énergie
Jeudi 11 janvier, la préfète de l’Ardèche et de nombreux élus se sont rendus sur le complexe hydroélectrique de Montpezat, le barrage de Pont de Veyrières et l’usine d’eau potable du SEBA.
L’usine hydraulique EDF de Montpezat, mise en service en 1954, assure une production énergétique annuelle équivalente à celle de la consommation domestique de près de 120 000 habitants grâce à deux groupes de production d’une puissance totale de 131,8 mégawatts (MW). Elle fonctionne avec les eaux du plateau ardéchois captées et stockées dans le lac d’Issarlès, les retenues des barrages de la Veyradère et de la Palisse alimentées par la Loire et le Vernazon, et la retenue du barrage du Gage alimentée par le Gage et la Tauron. Des réservoirs reliés grâce à un réseau de galeries souterraines de 25 km de long, une conduite forcée et quelque 600 m de dénivelé, permettant d’acheminer l’eau jusqu’à la salle des machines de l’usine de Montpezat creusée dans la roche à 90 m sous terre. L’eau est alors envoyée sur des turbines mises en rotation, entraînant les alternateurs qui génèrent le courant électrique. Des transformateurs élèvent ensuite la tension afin de faciliter le transport de l’électricité sur de longues distances.
Pallier les variabilités de production et de consommation électrique
Ce complexe de grande ampleur a pour première mission de produire ponctuellement un maximum de puissance électrique afin de pallier les variabilités de production et de consommation. Une partie des volumes d’eau sont stockés également dans les différentes retenues pour soutenir les bassins de la Loire et de l’Ardèche. Ces soutiens d’étiage, commencés en 1988 et pilotés en fonction des besoins et de la ressource par la préfecture, permettent de lutter contre la sécheresse, de répondre aux besoins en eau potable, à l’irrigation agricole et aux usages touristiques. Au fil du temps, de plus en plus de volumes d’eau sont consacrés à du soutien d’étiage en période printanière plutôt qu’à de la production d’électricité, dans le but de constituer des stocks et garantir des débits plus importants et réguliers l’été. Chaque année en moyenne, 12,14 millions de m3 d’eau sont mis à disposition en période estivale, dont 8,7 millions de m3 d’eau côté Ardèche.
Un débit de soutien d’étiage de 1,5 à 4 m3/seconde
La visite s’est poursuivie au barrage usine de Pont de Veyrières, situé sur la Fontaulière juste à l’aval de la restitution de Montpezat. Ce barrage à déversement de 35 m de haut et une centaine de mètres de long a été construit par le syndicat départemental d’équipement de l’Ardèche (SDEA) et mis en eau en 1986. Il permet de retenir jusqu’à 0,47 million de m3 d’eau. Une conduite d’eau est destinée à l’usine du syndicat des eaux et bassins de l’Ardèche (SEBA) pour la production d’eau potable (voir ci-contre). Deux machines assurent le débit réservé pour maintenir le milieu et le débit de soutien d’étiage servant à réalimenter l’Ardèche via la Fontaulière du 15 juin au 15 septembre selon l’objectif de débit fixé à Vogüé et pour compenser les prélèvements sur l’Ardèche entre Pont de Veyrières et Vogüé. Ce débit de soutien d’étiage se situe de 1,5 à 4 m3/seconde. À l’issue de cette visite, les gestionnaires du barrage ont évoqué la nécessité de trouver des solutions pérennes pour résoudre les problématiques de désengravement (curage plus régulier) et d’évacuation des végétaux (outils de percement du barrage), notamment pour la production d’eau potable.
A.L.
70 000 à 300 000 personnes alimentées
Située sur la Fontaulière à l’aval de la restitution de Montpezat, l’usine d’eau potable du syndicat des eaux et bassins de l’Ardèche (SEBA) permet d’alimenter toute une partie du sud Ardèche.
En suivant le cours de l’eau, une troisième visite était organisée à l’usine d’eau potable du SEBA qui produit en moyenne 6 000 m3/jour d’eau potable en période hivernale et jusqu’à 17 000 m3/jour en période estivale. Une production destinée à alimenter près de 70 000 habitants et jusqu’à 300 000 personnes au plus fort des besoins. L’usine travaille en partenariat avec la Saur qui coordonne ses missions.
L’eau brute du barrage rejoint l’usine par un tuyau gravitaire, pour être filtrée et traitée. Brute, sa qualité varie et nécessite d’adapter constamment les traitements. « Aujourd’hui, on travaille avec une technologie la plus aboutie et la qualité de l’eau est plutôt stable, mais on va être amené à devoir investir. La qualité de l’eau brute évolue en fonction de la température de l’eau donc du changement climatique. On doit s’adapter pour optimiser notre production, être toujours à la pointe et anticiper les situations de dégradation », explique le directeur d’exploitation, Jean-Baptiste Bagnol. L’objectif est de trouver le meilleur process pour résoudre les problèmes de dégradation olfactive que l’usine peut rencontrer, produire des volumes d’eau potable suffisants face à une demande de plus en plus importante, mais aussi suivre l’évolution des normes et les attentes concernant l’optimisation des traitements.