EDITO
« Année de foin, année de rien »

Marine Martin
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« Année de foin, année de rien »
Benoît Nodin, secrétaire général de la FDSEA ©AAA

Après deux années durant lesquelles les sécheresses se sont accumulées avec des stocks d’eau au plus bas, tout le monde prenait ses précautions pour attaquer une campagne qui pouvait laisser craindre de gros problèmes. C’est tout l’inverse : avec par endroits une année de pluie entre novembre et mars, nous nous sommes dit que les nappes devaient être bonnes. C’est peu dire, la pluie continue à tomber tous les 8 jours et en quantité.

L’herbe pousse, la mise à fruit des abricots est très faible, la pluie continue en avril, mai, juin. C’est le temps des cerises, diront les anciens (enfin celui-là, il est bien prononcé et il dure). Quel que soit le secteur, tous ont été servis… Les producteurs de cerises, déjà suffisamment pressés par la Drosophila Suzukii, doivent jongler avec les intempéries pour essayer de sauver ce qui est sauvable. Que dire des vignerons qui, dès le début de la campagne, font face à une pression du mildiou… Ils se disent que ça ne va pas durer… Et bien si, il aura fallu tenir la pression jusqu’au bout, avec des cépages plus sensibles que d’autres, notamment dans certains secteurs du nord de l’Ardèche où les traitements se font à dos. Les vignerons sont exténués… La pêche, qui proposait une belle mise à fruit, a, elle aussi, été mise à mal par ces pluies avec une forte pression monilia.

Année de foin, année de rien… Effectivement, même les éleveurs, qui pourraient être contents, font grise mine. Les volumes sont là, mais pour faire de la qualité, il faut jongler entre les pluies pour arriver à faire sécher le foin. Comble du comble, un épisode orageux traverse l’Ardèche avec un grand secteur viticole méridional touché (entre Aubenas et Alba), et un nord Ardèche touché de manière plus éparse, mais tout aussi violent. Cet événement met à mal les productions sur lesquelles il tombe. Même certains filets de protection n’ont pas tenu…

Rajoutez à cela une consommation estivale qui, directement liée au temps, tarde à décoller… Pour faire écho aux manifestations de l’hiver dernier, nous avons suffisamment à faire pour relever les défis de dame nature sans avoir à jongler avec une suradministration qui sait nous faire des mises en demeure quand on n’arrive pas à respecter un délai, mais qui, par ailleurs, tarde toujours plus à nous verser les aides escomptées…

Bref, les années se suivent et les aléas climatiques évoluent. C’est dans les années difficiles qu’il faut savoir rebondir. L’agriculteur ardéchois doit plus que jamais faire face et s’adapter pour avancer. Serrons-nous les coudes pour trouver ensemble les solutions… Et pour les cas les plus extrêmes, soyez sûrs que vos responsables syndicaux veillent au grain pour vous accompagner au mieux.

N’hésitez pas à nous faire remonter les situations compliquées.

Benoit Nodin, secrétaire général de la FDSEA