TOURISME
Découvrir le patrimoine local à vélo avec la ViaRhôna
Circuit connu des cyclistes aussi bien chevronnés qu’amateurs, la ViaRhôna permet de relier les montagnes de Haute-Savoie et de Suisse au port de Sète, tout en longeant le fleuve Rhône. Une aventure de 815 km qui séduit de plus en plus de touristes avides de nature.
La ViaRhôna, Rémy Sauvage la connaît sur le bout des doigts. Ou plutôt des pédales. Il y a 30 ans, son premier périple avec un vélo d’occasion acheté pour une modique somme lui avait valu la rencontre avec un blaireau, qui avait fini par le déloger de son camping de fortune en plein milieu de la nuit. En juin dernier, c’était avec son ami de toujours, Christophe Favre, et un matériel bien plus professionnel, que le passionné a avalé près de 120 kilomètres par jour. Les deux acolytes sont partis de leur Jura natal, afin de découvrir pour la première fois la partie nord de cette célèbre vélo-route durant une semaine. « Nous avons démarré du bord du lac Léman avant de revenir à Genève et de reprendre le tracé officiel, détaille Rémy. C’est un beau tronçon sur voie cyclable, qui offre une vue sur les montagnes enneigées et les vignobles, mais qui reste très proche du trafic. »
Coup de coeur pour Seyssel et ses environs
Amoureux de nature et d’aventures, les deux cyclistes admettent avoir préféré la suite de leur parcours, de Seyssel (Haute-Savoie) à Lyon (Rhône). « Les aménagements sont sécurisés et bien réalisés, avec des balisages remarquables où il est impossible de se perdre », déclare Christophe. Selon le duo, cette partie-là est bien moins monotone que le sud du tracé. « Passé Vienne (Isère), le trajet est composé de grandes longueurs dépourvues d’ombre… Et si le mistral souffle lorsque l’on remonte, c’est la double peine, dans ce cas-là, on ne discute pas ! » rient-ils en coeur. Férus de vélo, les deux amis ne s’en cachent pas : lorsque les vacances sont courtes, les journées se passent davantage sur leur fidèle destrier, qu’en visites touristiques. Des châteaux moyenâgeux en passant par de célèbres vignobles, la ViaRhôna traverse pourtant un patrimoine d’exception. « Lors de notre passage au bord du lac Léman, nous avons pu observer la cité médiévale d’Yvoire, qui se visite exclusivement à pied », raconte Rémy, qui s’est promis d’y revenir. Il faut dire qu’avec des vélos professionnels pesant 15 kilos à vide et transportant l’équivalent en matériel de camping et victuailles, s’économiser certains efforts paraît plus que judicieux. Un modeste entraînement pour celui qui envisage de fêter sa retraite en longeant, durant trois mois, les 7 500 kilomètres de frontière que compte la France.
Des cyclistes venus de la France entière
François Tierce, maire d’une petite commune de Seine-Maritime, raconte un tout autre voyage à deux-roues. Parti lui aussi en juin avec plusieurs amis et sa fille, l’élu et ses camarades ont choisi de découvrir la partie sud de la ViaRhôna. Un choix de voyage qu’ils ne regrettent pas, tant leurs yeux ont été éblouis. « Nous ne connaissions pas Vienne, Avignon et Aigues-Mortes, qui ont été de belles surprises pour nous ! » Il faut dire que le programme des Seinomarins était un poil plus léger que celui des Jurassiens. Avec des parcours de 40 à 70 kilomètres par jour, les temps de visite étaient forcément plus aisés à prendre. Habitués à loger en Airbnb, la troupe a alterné entre restaurants et pâtes du sportif le soir. « Durant toutes nos réservations, une seule nous a déçus, tandis qu’un de nos hôtes nous a marqués puisqu’il vendait également des produits d’épicerie italienne, ce qui nous a permis de nous régaler davantage lors du repas du soir », relate le cycliste, avant d’admettre que cette formule d’hébergement est de loin celle qu’il trouve la plus pratique et abordable. Deux qualificatifs qu’il est néanmoins loin d’utiliser lorsqu’il évoque le trajet retour avec le réseau ferroviaire de la SNCF. « Nous avions laissé notre voiture à Lyon, nous avons donc dû prendre trois trains différents depuis Sète pour revenir dans la capitale des Gaules, explique le sportif. Mais comme il est impossible de réserver un emplacement vélo, nous nous sommes retrouvés à bien trop de vélos pour les seules places disponibles » Une expérience qui ne l’empêchera néanmoins pas de revenir sur les pistes de la ViaRhôna, pour découvrir, cette fois-ci, le nord de ce mythique circuit entre montagnes, villes et mer.
Léa Rochon
EN CHIFFRES/ Une fréquentation touristique en hausse
Le bureau d’études INDDIGO, mandaté pour réaliser une analyse de la fréquentation de la ViaRhôna en 2017, puis en 2022, démontre que cette vélo-route attire de plus en plus de cyclistes.
• Estimation de passages : 2,8 millions contre 1,1 million en 2017.
• Estimation de personnes sur l’itinéraire : 2 613 000, dont les 2/3 des cyclistes sont des femmes, tandis que les proportions étaient inverses en 2017.
• Estimation d’itinérants1 : 183 000, dont 63 % de Français et 37 % d’étrangers. Les fréquentations de plus de 20 000 à 25 000 passages d’itinérants enregistrées entre Lyon et Avignon se situent à un niveau très élevé, proche de celui de Loire à Vélo entre Tours et Saumur.
• Dépense moyenne journalière estimée des touristes : 69 €/jour contre 66 €/jour en 2017
• Estimation des retombées économiques sur l’itinéraire : 43 millions d’€, 1 kilomètre de ViaRhôna aménagé génère 53 000 € de dépenses sur le territoire chaque année. Bien que les itinérants réalisent des activités susceptibles de générer des dépenses (visite gastronomique, du patrimoine), la majorité des activités pratiquées sur le chemin sont des activités gratuites comme la visite d’une ville et de la nature environnante. n
1. Le cycliste itinérant est un touriste se déplaçant à vélo en changeant d’hébergement au fil de sa progression. Cette catégorie n’inclut pas des cyclistes effectuant des parcours à la journée en se déplaçant d’hébergement en hébergement par un autre mode (le plus souvent la voiture).
RECOMMANDATIONS
Après leur périple le long de la ViaRhôna, le duo de Jurassiens et la troupe de cyclistes venue de Seine-Maritime ne manquent pas d’adresses où camper et se restaurer une fois la journée sportive terminée.
Les adresses immanquables des cyclistes
Pour se restaurer :
• Pizzeria Jordan Tomas à Lyon (Rhône).
• La base de loisirs « Vallée bleue » à Montalieu-Vercieu (Isère).
• « Tailles de bon » à Tarascon (Bouches-du-Rhône).
• « Logis hôtel le Cours » à Saint-Gilles (Gard) .
• « La viguerie » à Aigues-Mortes (Gard).
• « Bar à huîtres » à Marseillan (Hérault). Pour dormir en camping :
• « Camping du Haut-Rhône » à Seyssel (Haute-Savoie).
• « Les Rives de Condrieu » à Condrieu (Isère).
• « Le Rhône » à Tournon-sur-Rhône (Ardèche).
• « La Chicanette » à Saint-Gilles (Gard).