HERBE ET FOURRAGES
L'autonomie fourragère, ça s'cultive !
Climat, stade de l’herbe, état des prairies... Quelles stratégies adopter ? Emmanuel Forel, conseiller Agronomie Fourrages à la chambre d’agriculture de l’Ardèche, fait le point.
Des croissances différentes selon les situations
Sur les 60 jours de pleine pousse (20 avril-20 juin) la croissance moyenne mesurée sur les 5 fermes suivies sur le plateau ardéchois s’établit à 39 kg MS/ha/jour.
Nous observons des différences de croissance entre des prairies précoces et fertiles à 43 kg MS/ha/jour de croissance moyenne contre des croissances plus modestes sur les prairies tardives et peu fertiles à 33 kg MS/ha/jour.
Ces différences proviennent du niveau de fertilité du sol et de la flore : flore précoce et productive dans le 1er cas, flore tardive et « maigre » dans le 2nd (graminées à feuilles fines : fétuque rouge, agrostis…).
Incidence sur la gestion du pâturage
Les prairies poussantes permettent une mise à l’herbe précoce dès la dernière décade d’avril (35 kgMS/ha/jour de croissance dès la fin avril) et leur potentiel de croissance permet de passer environ 3 vaches/ha sur l’ensemble du printemps : pour 50 VL, 15-17 ha permettront d’assurer l’alimentation des animaux. Les prairies plus maigres démarrent plus tardivement (seulement 15 kg MS/ha/jour fin avril) et leur potentiel de production permet de nourrir seulement 2 vaches/ha : pour 50 VL, il faut disposer de 22-23 ha pour assurer l’alimentation des animaux. Si les surfaces offertes sont supérieures aux chiffres proposés ci-avant, les animaux seront dépassés par l’herbe (ingestion trop faible par rapport à l’offre) et les refus seront importants nécessitant des interventions (broyage, fauche…) et/ou une diminution de la valeur nutritive de l’herbe.
Des conditions météo défavorables à la gestion du pâturage en 2024 (voir ci-après)
Dans beaucoup de secteur l’herbe avait bien commencé à pousser fin avril cependant les conditions météo ont rendu très compliqué la gestion du pâturage : neige le 18/04 puis gel, froid et précipitations très abondantes et inhabituelles de mars à mai limitant fortement la portance des sols et les possibilités de ressuyage.
Bilan météo : une pluviométrie excessive, rarement observée
La situation pluviométrique est assez similaire sur l’ensemble du territoire : en 6 mois (janvier-juin) il est tombé 80 % de la pluviométrie moyenne annuelle avec des précipitations « énormes » sur mars (>350 mm) et très abondantes sur avril et mai. Voir ci-dessous la situation pour Issanlas, Berzème et Colombier-le-Jeune.
Conseils du moment : penser aux semis de prairie… courte ou longue durée ?
Le choix du type de prairie à implanter dépend de différentes conditions : objectifs d’utilisation, sol, climat, facilité d’implantation, coût et trésorerie…
Dans tous les cas miser sur les légumineuses : elles doivent représenter 40 à 50 % des graines semées.
- Trèfle incarnat/trèfle de perse pour les courtes durées
- Trèfle violet/trèfle blanc géant pour les moyennes durées
- Luzerne/trèfle violet/trèfle blanc voire lotier pour les longues durées