FILIÈRE
Coup de projecteur sur l’élevage laitier ardéchois

L’Ardèche compte près de 9 200 vaches laitières parmi 160 élevages1, présents essentiellement sur le plateau et dans le Nord. La promesse de fournir du lait et des produits laitiers de qualité !

Coup de projecteur sur l’élevage laitier ardéchois
En Ardèche, cette filière regroupe des structures à taille humaine, dont la production laitière est collectée par de grands groupes laitiers et des laiteries locales. ©AAA_AL

Les producteurs laitiers s’attellent à « un travail de tous les jours, de passionné », confie Hervé Morfin, président de la section bovin lait de la FDSEA et éleveur de Montbéliardes au sein du Gaec de Bas Vivier sur la commune de Bozas. En Ardèche, cette filière regroupe de petites structures à taille humaine, où les vaches laitières pâturent au quotidien, ce qui permet de valoriser les espaces difficilement accessibles en tracteur, ajoute-t-il.

« Une petite partie de la production est transformée en direct, en yaourt et fromages, et vendue en circuits courts, car c’est plus rémunérateur pour les éleveurs et les consommateurs sont de plus en plus demandeurs de produits locaux », confie Hervé Morfin. Cette filière est en effet particulièrement bousculée par des problématiques de prix et de rémunération, de pénibilité en raison des astreintes de travail, ce qui explique que son effectif tende à la baisse au fil des années, en Ardèche comme sur l’ensemble du territoire national.

Laiteries : des outils indispensables à la valorisation de la production

Bien que la production laitière du département soit encore peu valorisée en circuits courts, elle peut s’appuyer sur de petites entreprises locales qui collectent le lait. « C’est une chance d’avoir de petites structures. Les plus petites laiteries valorisent le plus le prix du lait, car elles valorisent leurs produits grâce au local », observe Hervé Morfin. La laiterie Carrier implantée à Vals-les-Bains depuis 1966 commercialise la marque Areilladou, et la marque bio Eulalie des Monts d’Ardèche qui valorise plus particulièrement les pratiques d’élevage du plateau ardéchois. On trouve également la laiterie Gérentes créée à Araules (Haute-Loire) en 1947 et implantée en Ardèche depuis 1997 avec le rachat de la Fromagerie du plateau ardéchois à Coucouron, ainsi que la Fromagerie du Vivarais, implantée à Désaignes à la fin des années 1990. Au-delà de ces trois acteurs locaux incontournables de l’élevage laitier ardéchois, plusieurs laiteries collectent du lait dans les fermes du département : Danone, Sodiaal, Biolait, la laiterie Rissoan, la fromagerie de Coucouron, la fruitière de Domessin ou encore la fromagerie de la Louane.

Concours de vaches laitières

Un concours bovins de races Montbéliarde et Prim’Holstein était programmé durant le Salon de l'agriculture ardéchoise, pour lequel une quinzaine d’éleveurs ardéchois s’étaient inscrits. Il est finalement reporté en 2025 en raison de l’expansion de la fièvre catarrhale ovine (FCO-8) ces dernières semaines. Ponctuant la vie de la filière laitière, ce type de manifestation s’inscrit dans la tradition des concours d’animaux, poursuit le président de la section bovin lait de la FDSEA. Il est à la fois un événement économique, compétitif et convivial. « Pour les éleveurs, ces concours permettent de se rencontrer, échanger, comparer ses animaux… C’était l’occasion de relancer ce type de manifestation qui n’était plus organisée en Ardèche depuis 4 à 5 ans, redorer l’image de la filière et attirer des jeunes. L’occasion aussi de rappeler aux consommateurs qu’il y a encore de la production dans le département. »

A.L.

1. Recensement agricole 2020.

CONCOURS

Quand les laitières montent sur le ring !

Les concours bovins s’inscrivent dans une longue tradition et sont des rendez-vous incontournables pour les éleveurs laitiers, que ce soit sur les plans économique, technique ou social.

Pour de nombreux éleveurs, faire concourir leurs animaux tient à « une partie de l’héritage familial », confie Mathieu Mallet, qui a repris l’exploitation de vaches laitières de son oncle à Toulaud en 2008. « Je l’ai vu participer à des concours dès la fin des années 1980. Il y avait beaucoup de concours départementaux à l’époque, à Sainte-Eulalie, Alboussière, Coucouron, Mirabel, Peaugres, Gilhoc-sur-Ormèze… », retrace l’éleveur, aujourd’hui associé avec Clément Ribes (Gaec Les Pins). Tous deux élèvent en agriculture biologique 50 vaches laitières et 30 génisses de race Prim’Holstein, dont la production est vendue à la coopérative laitière Sodiaal (Loire). « On continue de participer à quelques concours départementaux, au Sommet de l’élevage (Puy-de-Dôme), à Vaches en pistes (Haute-Savoie) », ajoute Mathieu Mallet. Au-delà de la convivialité, « cela permet de montrer le travail que nous arrivons à faire toute l’année, se faire connaître pour la génétique, se confronter à d’autres élevages, voir ce que l’on peut améliorer, puis c’est convivial. C’est du gros boulot mais on oublie les soucis ! »

Entre héritage et promotion des élevages

« C’est l’occasion de se faire connaître ! », confirme Dylan Seux, installé depuis 2022 à Savas (Gaec de Bontemps). Ce dernier comptait lui aussi participer au concours de races Montbéliarde et Prim’Holstein, programmé durant le Salon de l’agriculture ardéchoise et finalement annulé en raison de l’expansion de la fièvre catarrhale ovine (FCO-8). Et pour lui, cela aurait été une première participation à un concours laitier : « Je n’y serais pas allé dans le but de gagner mais de participer, vivre l’événement en famille et de présenter mon élevage. » Son troupeau regroupe 60 vaches laitières et autant de génisses, essentiellement de race Montbéliarde et depuis quelques années Prim’Holstein, dont la production est vendue à Danone. Bien qu’il eût inscrit 6 vaches au concours du Salon de l’agriculture ardéchoise (4 montbéliardes et 2 prim’holstein), il projetait d’en présenter seulement 2 sur le ring. « Il peut y avoir des soucis de boiteries, d’analyses de prophylaxie… » Parmi les montbéliardes, il avait retenu Sixtine, âgée de 3 ans, en raison de son gabarit et de ses mamelles qui correspondent bien aux critères demandés.

« On recherche la vache qui se rapproche le plus de l’excellence »

Dans le cadre d’un concours bovins, divers critères de sélection sont évalués, examinant la race, la santé, la prestance des animaux… « On recherche la vache qui se rapproche le plus de l’excellence. En laitier, cela correspond à de bons aplombs, une très bonne morphologie, des mamelles bien collées à l’abdomen et bien irriguées, pouvant faire un maximum de lait avec très peu de volume, des trayons bien orientés et une attache arrière de mamelle la plus haute possible », précise Mathieu Mallet. Il avait sélectionné pour sa part 5 vaches, quasiment toutes habituées aux concours et il savait d’avance « que certaines se placeraient mieux que d’autres ».

Préparation à un concours

Pour les vaches inaccoutumées à la compétition, il faut s’atteler à leur dressage à l’approche du concours : les habituer à porter un licol de présentation (pièce de harnachement), les faire avancer à la main… Dylan Seux avait envisagé de « commencer par les faire avancer en étant accrochées à une bétaillère, un outil qu’elles ont l’habitude de suivre pour se rendre au pâturage, puis dans un endroit où elles sont moins à l’aise pour qu’elles aient moins de prise, de force, et enfin les mener à la main », indique-t-il. La période de dressage dépend du tempérament des vaches, ajoute Mathieu Mallet, « mais il faut au moins 5 à 6 heures de travail à raison de 10 à 15 minutes par jour pendant au moins une semaine ».

Vient ensuite la phase de préparation « esthétique » : lavage, brossage et tonte. Un soin à maintenir le jour du concours afin qu’elles ne se salissent pas juste avant de passer sur le ring. « Il est important qu’elles soient propres, présentables, leur laisser assez de lait dans les mamelles aussi pour qu’elles présentent bien », ajoute Matthieu Mallet. « Faut être passionné ! »

A.L.

Races

Montbéliarde

Grande, robuste, élégante… La Montbéliarde est une indétrônable race bovine dans l’élevage laitier ardéchois. « Elle est souple mais un peu têtue », précise Hervé Morfin, qui en élève 150 avec son frère Dominique (Gaec de Bas Vivier) à Bozas, et ne changerait de race pour rien au monde. La Montbéliarde bénéficie en effet d’atouts majeurs : des facilités d’élevage, une bonne longévité et un lait reconnu pour sa valeur fromagère. Vache mixte, elle est élevée aussi en croisement dans de nombreux troupeaux pour la viande. On la reconnaît à ses taches de couleur rouge sur robe blanche, sa tête et ses membres restant le plus souvent blancs.

Prim’Holstein

Race très précoce et bonne marcheuse, la Prim’Holstein, de couleur pie noire, parfois pie rouge, est une véritable laitière. Elle affiche les meilleurs niveaux de production en lait. Autre qualité : sa morphologie fonctionnelle, pour la traite mécanique, la valorisation des fourrages, les vêlages ou la locomotion. Plus calme et plus docile que la Montbéliarde, elle ne manque pas pour autant de rusticité ! « C’est une race qui me plaît énormément », confie Mathieu Mallet, président du syndicat Prim’Holstein 07 et installé avec Clément Ribes à Toulaud (Gaec Les Pins). « Mon grand-père venu de Nantes s’était installé en 1967 à Toulaud avec cette race, j’ai été élevé au milieu. Elle me convient aussi parce qu’elle est en avance au niveau génétique par rapport à d’autres races. »

Abondance

Rustique, excellente marcheuse et présentant la meilleure longévité des races laitières, l’Abondance est la vache des milieux difficiles en étant parfaitement adaptée au pâturage, même en altitude. Elle est reconnaissable à sa robe acajou, reconnue elle aussi pour ses qualités de productions laitière et fromagère, très prisée dans le monde de l’élevage bovin lait.

Dans les élevages ardéchois de vaches laitières, on dénombre également quelques troupeaux d’autres races comme la Brune des Alpes, la Tarentaise ou encore la Vosgienne.