POLYÉLEVAGE
En Ardèche, les porcs prennent l'air
S'inscrivant souvent en polyélevage, la filière porcine en Ardèche compte une centaine d’exploitations, principalement orientées en élevage de porcs de plein air et pour l'engraissement.
L’élevage porcin en Ardèche présente certaines spécificités. « Il y a beaucoup de vente directe », atteste Stéphane Roche, président de la section porcine et éleveur au sein du Gaec du Sardier en porcs plein air, vaches allaitantes Aubrac et poules pondeuses bio, sur la commune de Lafarre. Sur cette exploitation, on travaille en famille : Laurine Roche et son père Stéphane élèvent 520 porcs par an, vendus directement à la boucherie familiale, gérée par Stéphane et Patricia Roche.
Une viande sollicitée
« La viande de porc reste une viande qui n’est pas très chère, elle est encore sollicitée, mais le marché est plutôt stable », note l’éleveur. « La filière des porcs plein air fluctue moins que celle des porcs en bâtiments », ajoute Meddy Guilhon, engraisseuse de porcs sur la commune de Berzème, au sein du Gaec de la Vacheresse. « En Ardèche, avoir majoritairement des petits producteurs de porcs plein air est un avantage en termes de qualité gustative et d’élevage » affirme l’agricultrice.
Le caillou dans la chaussure pour la filière se trouve du côté des naisseurs et de la difficulté à trouver des porcelets, selon Stéphane Roche. « On est obligé d’aller en chercher en Haute-Loire », témoigne Stéphane Roche. Meddy Guilhon ne rencontre pas ce problème. Elle a commencé en 2018 en tant que naisseur-engraisseur avec la race de porcs laineux Mangalitza, avant de se consacrer à l’engraissement plein air sur une filière organisée. « Je prends mes porcelets au même endroit, ce qui limite les risques sanitaires et je prends la quantité dont j’ai besoin. Le boucher récupère les porcs à six mois. Je travaille avec la Sovisal », témoigne l’éleveuse. Elle commercialise environ 220 porcs par an. « En Ardèche, on est sur de petits ateliers plein air avec même parfois des ateliers de transformation. » L’atelier porcs peut encourager bon nombre d’agriculteurs à se lancer. Celui-ci peut constituer une plus-value sur l’exploitation, à condition d’avoir bien réfléchi à son projet et aux règles sanitaires que cette filière implique. « Les terrains en pente, caillouteux, se prêtent également à ce type d’élevage et permettent d’être davantage valorisés », ajoute l’éleveuse.
M.M.
« Rester vigilants »
S’il n’y pas de crises sanitaires actuelles en élevage porcin à l’instar de ceux des ruminants, « il faut rester vigilants », affirment les éleveurs, notamment au sujet des maladies porcines comme le rouget du porc ou de la peste porcine africaine.
Depuis janvier 2021, des mesures de biosécurité sont renforcées en France, après la détection d’un cas de peste porcine africaine en Belgique. Meddy Guilhon, éleveuse à Berzème, a mis en place toutes les mesures renforcées de biosécurité : des clôtures aux normes, des sas pour essayer de limiter les risques de pestes porcines et autres maladies. Car « être en plein air accroît les risques liés à la faune sauvage, notamment avec les sangliers, vecteurs de maladies. Tout peut très vite basculer ». Le plan biosécurité est strict : désinfection, marche en avant dans la zone d’élevage, vérification des semelles. « Pour les maladies, il y a tout un processus de nettoyage des bétaillères », ajoute l’agriculture, également membre du bureau du Groupement de défense sanitaire (GDS) de l’Ardèche.
Savoir-faire autour de la fabrication des jambons et saucissons secs
Avec une dizaine d’entreprises de salaisons présentes sur le territoire, l’Ardèche perpétue un savoir-faire ancestral solidement ancré dans la région. Parmi les entreprises traditionnelles, il y a Teyssier Salaison, implanté depuis plus de 150 ans à Saint-Agrève et labellisé. Stéphane Roche, lui aussi s’occupe de la salaison des porcs de son propre élevage au sein de la boucherie familiale : « Les jambons sont mis au sel entre trois semaines et un mois et au séchoir, minimum un mois, pour faire un bon jambon ». Le saucisson quant à lui, demande environ 8 semaines de séchage.
Une filière d’excellence
À l'image de l'élevage porcin, l'aviculture ardéchoise s'épanouit dans des exploitations diversifiée, en misant sur le plein air pour offrir une viande et des œufs de qualité exceptionnelle !
La majorité des éleveurs avicoles du département travaillent en groupement, à l’image des « Fermiers de l’Ardèche » où 82 % des élevages de volailles sont sous label rouge. En 2016, le groupement, qui inclut 244 éleveurs, a obtenu le signe officiel d’origine et de qualité européen IGP pour les poulets, chapons et pintades, preuve que les élevages ardéchois brillent par leur savoir-faire !
La rémunération des éleveurs, au cœur des enjeux de la filière
Si l’année 2023 a été exemptée de cas de grippe aviaire, au niveau régional, la filière est confrontée à d’autres problématiques. « Après la flambée du coût des matières premières en 2022, qui avait fait exploser les coûts de production et entraîné la chute des ventes de produits haut de gamme sur la volaille et les œufs bio et labels rouges, les cours sont revenus à la normale. Cependant, le coût de toutes les autres charges qui avaient également flambé n’a pas diminué, reposant encore une fois la question de la revalorisation des rémunérations des éleveurs », a introduit la présidente de l’Association filière Volaille (Afivol) de la région Auvergne-Rhône-Alpes et éleveuse de poulets Hélène Bombart. D’où l’importance de l’aide apportée par la Région, à travers la signature le 1er septembre 2023 du plan filière 2023-2027. De quoi donner un coup de pouces aux élevages ardéchois.