AUTRES FILIÈRES D’ÉLEVAGE…
Entre productions rares et élevages insolites
Lapins
Filière méconnue, l’élevage de lapins (cuniculture) présente de nombreux avantages en termes de prix, de rentabilité, de foncier et de conditions de travail, mais réclame « beaucoup de rigueur », confie Julien Morel, installé depuis 16 ans à Vernoux-en-Vivarais. Sur son exploitation qui compte 320 mères, les lapereaux sont engraissés jusqu’à atteindre 2,5 kg, puis collectés par l’entreprise Ribot pour être abattus et transformés dans le Vaucluse. L’une des principales contraintes du métier revient à son aspect sanitaire. « Je ne confierais mon élevage à personne, c’est trop risqué », témoigne Nadège Villard, installée depuis 2021 et dont l’exploitation cunicole rassemble 600 mères. « Il faut être très présent, observer minutieusement… Si un lapin ne va pas bien, tout peut basculer du jour au lendemain, il faut réagir rapidement. » Les lapins sont en effet très sensibles au stress, ce qui peut rapidement affecter leur système immunitaire et favoriser les virus. Ils réclament également une vigilance sanitaire accrue et de strictes mesures de biosécurité.
Un élevage traditionnel de plus en plus rare
Si la cuniculture se pratiquait traditionnellement dans le département, les élevages se sont progressivement rationalisés à partir des années 1980, avec l’apparition de nouvelles techniques telles que l’insémination et la conduite d’élevage en bandes. « Les anciens n’avaient que 30 ou 40 mères pour des compléments de revenus », se remémore Francis Giraud, producteur de châtaignes, de myrtilles sauvages, cuniculteur depuis plus de 25 ans à Saint-Julien-du-Gua et ancien président de la Sica Lapalliance (groupement de producteurs de lapins, né de la fusion de la coopérative Gelap-Union et de la Sica Lapins Sud Est en 2019). Une rationalisation des élevages qui s’est encore renforcée en 2009 avec la hausse du prix des aliments. « En 2006, quand j’ai commencé, il y avait entre 10 et 15 cuniculteurs en Ardèche. Aujourd’hui, on est peut-être six ou sept. »
Dans ce contexte, le groupement Sica Lapalliance cherche à installer de nouveaux éleveurs ces dernières années, mais les freins sont nombreux : contraintes sanitaires, absence de formations spécialisées, de connaissances relatives à la filière… Un manque d’informations paradoxal alors que la France est le 4e producteur mondial de lapins de chair, avec une majorité d’élevages situés dans le grand ouest du pays (Bretagne, Pays de la Loire, Normandie), et des cheptels rhônalpins qui offrent aux éleveurs une certaine stabilité financière avec en moyenne 450 mères.
Laine
Avis aux amateurs de bonne laine ! L’Ardèche compte quelques élevages caprins exclusivement dédiés à la production de laine artisanale et une société coopérative qui s’approvisionne auprès de nombreux élevages ovins pour fabriquer des produits textiles. Une filière laine longtemps considérée comme un complément de revenu dans le monde de l’élevage et qui intéresse de plus en plus les consommateurs et artisans du textile en France. « C’est une filière qui s’inscrit dans l’air du temps. Un produit naturel, durable, avec des valeurs fortes sur la notion de bien-être animal », confie Corinne Gers, qui élève des chèvres angoras pour la production de laine de mohair à Planzolles. Ancienne éleveuse caprine fromagère, aujourd’hui installée à Creysseilles, Claire Haderer s’est lancée également dans la production de mohair pour la confection de vêtements et accessoires sous la marque La Maille sauvage.
Campagnes de tonte et de collecte
La Scop Ardelaine, implantée à Saint-Pierreville, s’inscrit quant à elle dans le paysage de la filière laine artisanale depuis plus de 40 ans. Elle organise des chantiers de tonte de brebis et de collecte de laine dans de nombreux élevages ardéchois, pour la fabrication de matelas, vêtements, feutres de paillage, etc. Ces campagnes de tonte et de collecte sont bienvenues chez les éleveurs ovins, qui n’ont bien souvent ni le temps ni le matériel pour tondre eux-mêmes leurs animaux. « La tonte est davantage une obligation et une contrainte pour nous », explique Mickaël Giraud, éleveur de brebis à Saint-Joseph-des-Bancs. « D’un point de vue sanitaire, nous sommes obligés de tondre nos brebis chaque année avant l’été car cela permet d’éviter le développement des parasites, mouches, miasmes… Il n’est pas bon de leur laisser trop longtemps leur laine mais tondre est un travail pénible, qui n’est pas facile à faire par soi-même, coûteux en matière de matériel et de personnel, alors que les prix d’achat de la laine sont très bas donc cela ne nous rapporte pas grand-chose », ajoute l’éleveur, qui travaille avec la Scop Ardelaine depuis près de 30 ans. « Travailler avec eux, c’est aussi voir notre laine valorisée localement et faire travailler une entreprise ardéchoise, ce qui est un plus ! » Et pour les plus intéressés par cette fibre naturelle, la société coopérative Ardelaine organise également des visites animées de la bergerie, ateliers sur la laine, café-librairie, découverte de la production…
Escargots
L’Ardèche rassemble plusieurs élevages d’escargots : la Ferme hélicicole des Hauts Plateaux à Mars, le Gaec Escargot des Restanques à Saint-Remèze, Les Escargots du Pont à Aubenas, Les Escargots de St Félicien… Une production de qualité supérieure, parfois transformée à toutes les sauces, particulièrement recherchée par les grands restaurateurs ou les consommateurs durant les fêtes de fin d’année !
Truites
De rares sites piscicoles artisanaux subsistent dans le département, bien que la truite soit un produit qui attire de nombreux restaurateurs locaux. À Labatie d’Andaure, Julien Lopez et Kevin Lemek en élèvent entre 40 000 et 50 000 chaque année. Leurs truites sont destinées à alimenter des parcours de pêche dans le cadre verdoyant du Moulin de Malfragner. Une fois pêchées, elles sont vendues en direct, entières, mais peuvent être cuisinées et mangées sur place.
Vers à soie
À Lagorce, le musée magnanerie Verasoie offre un témoignage vivant de la sériciculture. Il dispose notamment du plus important élevage de vers à soie ouvert au public de France. L’occasion de mettre en lumière cette filière quasiment disparue et l’empreinte culturelle qu’elle a laissée sur le territoire. Une filière qui attire ceci dit quelques candidats agricoles, en tant qu’activité saisonnière face à la demande de fils de soie émise ces dernières années par une poignée d’entreprises locales.