DÉCELER LES VOCATIONS
Formation et emploi : pierres angulaires de la pérennité des exploitations agricoles
Face à la déprise agricole, avec quatre fois moins d’agriculteurs exploitants qu’il y a 40 ans1, une moitié de professionnels âgés de plus de 50 ans et environ 40 % d’entre eux qui partiront à la retraite d’ici 10 ans, la formation joue plus que jamais un rôle central dans l’emploi agricole.
La société évolue, et le paysage agricole avec : un nouveau phénomène prend de l’ampleur, celui des installations hors cadre familial. Cela rend d’autant plus nécessaire de multiplier les offres de formation et de stages.
« La formation agricole se structure autour de trois axes : d’abord, la formation initiale dispensée dans les lycées agricoles, ensuite, la formation continue des salariés pour développer leurs compétences ; et enfin, la formation dédiée aux exploitants eux-mêmes, afin de les préparer aux évolutions à venir », explique Marlène Merle, agricultrice et élue référente formation à la chambre d’agriculture de l’Ardèche. « Ces formations sont indispensables tout au long de la vie professionnelle. Elles sont accessibles via divers organismes comme la chambre d’agriculture, la FDSEA, ou encore le CFPPA-OFA Olivier de Serres, au Pradel. Les exploitants agricoles peuvent bénéficier du soutien du fond d’assurance formation Vivéa, qui prend également en charge la formation des salariés pendant leur temps de travail », ajoute Marlène Merle.
Pour ceux qui envisagent une carrière dans l’agriculture, il existe de nombreuses opportunités de stages permettant de découvrir les métiers du secteur, par ailleurs, des conventions mises en place par les chambres d’agriculture permettent aux jeunes de réaliser des stages pendant les vacances scolaires, en plus des stages obligatoires en classe de 3e et de seconde.
« Il est crucial de sensibiliser les jeunes dès le lycée pour les orienter vers des métiers agricoles et révéler des vocations. Trop longtemps, la formation agricole a été perçue comme une voie de secours pour des jeunes en échec scolaire, sans véritable passion pour le secteur. Il est nécessaire de valoriser la diversité des métiers agricoles – cueilleur, tractoriste, éleveur d’animaux, ou encore "éleveur de vin" – et de faire découvrir les différentes facettes de ces professions. Rien ne se compare à la satisfaction de contribuer à la production d’un produit de qualité. Les métiers du vivant sont passionnants, bien qu’exigeants », s’enthousiasme Benoît Nodin, secrétaire général de la FDSEA et président du nouveau Groupement d’employeurs.
La main-d’œuvre, clé de voûte de la productivité des exploitations
Si le maraîchage et la viticulture sont particulièrement touchés par cette pénurie, l’arboriculture n’est pas épargnée non plus. En plus des charges qui pèsent lourdement sur les revenus des arboriculteurs, la gestion de la main-d’œuvre représente un défi majeur. « En arboriculture, le volume d’activité peut varier énormément selon les saisons, passant de deux salariés permanents à vingt », témoigne Benoît Nodin, également arboriculteur à Saint-Péray.
La raréfaction de la main-d’œuvre familiale sur les exploitations, combinée à des réglementations de plus en plus strictes et à un besoin accru d’équilibre entre vie professionnelle et personnelle, notamment chez les salariés, renforcent le besoin en personnel qualifié. « Lors des manifestations du début d’année, nous avons obtenu des allègements de charges pour le dispositif TODE (Travailleur Occasionnel Demandeur d’Emploi) ». Revalorisé à 1,25 du SMIC, il permet aux employeurs agricoles de bénéficier d’exonérations de cotisations sociales pour l’embauche de travailleurs saisonniers. « Sa pérennisation doit encore être inscrite dans la loi », déplore Benoît Nodin. Il appelle à aller plus loin : « Nous souhaitons l’élargissement de ces allègements à l’ensemble des contrats agricoles, notamment pour la main-d’œuvre permanente, afin de renforcer les compétences par un réel savoir-faire et de libérer les exploitants ».
Afin d’aider les chefs d’exploitation à y voir plus clair, un groupement d’employeurs a vu le jour au mois de juin en Ardèche, porté par des membres fondateurs tels que la chambre d’agriculture, la FDSEA, JA et le Service de Remplacement. Un service offert aux employeurs, qui répond à leurs besoins, dans le but de fournir une aide administrative et de fédérer la main-d’œuvre en réseau pour permettre aux entreprises agricoles d’avoir accès à une main-d’œuvre permanente.
M.M.
1. Source Insee