TERRITOIRE
La vigne, fer de lance de l’économie agricole et locale
Fruit d’un long travail de renouvellement du vignoble, la viticulture ardéchoise a su gagner en qualité et en visibilité, tant sur le marché de l’exportation qu’en circuits courts.
Après avoir produit des vins de coupage jusque dans les années 1960, la viticulture ardéchoise a connu maintes évolutions en suivant les tendances de consommation, ce qui lui a permis d’élargir la variété de sa production et la vente des vins. Dans les années 1970, les cépages rouges locaux ont le vent en poupe. Dix ans plus tard, d’autres cépages originaires du Sud-ouest font leur apparition, comme le Merlot, le Cabernet ou le Sauvignon. À partir de 1985, la production de blanc se développe, d’abord avec le Chardonnay puis le Viognier et des cépages autochtones comme le Sauvignon blanc. La Syrah, quant à elle, tient une place particulière dans le vignoble ardéchois : « On sait depuis une dizaine d’années qu’elle est née ici, de croisement entre la Dureza, un cépage 100 % ardéchois, et la Mondeuse blanche, un cépage blanc originaire de Savoie », retrace Jean-François Laville, président de la section viticulture de la FDSEA et vigneron coopérateur installé sur la commune de Saint-Pons, qui vinifie dans la cave coopérative d’Alba-la-Romaine. « Ces vingt dernières années, de nouveaux cépages se développent, comme le Pinot, ou de manière plus anecdotique le Muscat blanc à petits grains et le Chatus. »
Un vignoble diversifié
Alors qu’elle représente 1 à 1,5 % de la production nationale, la viticulture ardéchoise est aujourd’hui un fer de lance de l’économie agricole du département et tient une place importante dans son économie locale. Près de 10 000 hectares sont dédiés à cette filière, destinés au développement de différents types de vignoble.
Dans le Sud, la zone IGP Ardèche représente la plus importante surface cultivée (environ 7 000 ha). On y trouve également l’AOC Côtes du Vivarais (160 ha), qui a fêté ses 60 ans en 2022, et l’AOC Côtes du Rhône Villages Saint-Andéol (68 ha), reconnue en 2017, qui est l’une des plus jeunes AOC Villages.
En remontant le long de la vallée du Rhône septentrionale, s’étendent également les vignobles des AOC Saint-Joseph (1 000 ha), Cornas (140 ha) et Saint-Péray (110 ha), tout en coteaux et pieds de coteaux, où les vendanges sont faites à la main.
Des systèmes de production et de mise en marché équilibrés
La filière ardéchoise a cultivé une réputation de rouges charpentés, vieillis en fûts, mais a su développer d’autres gammes de vins, notamment les rosés, et équilibrer ses volumes de productions vinifiées en rouge, blanc et rosé. « Cette tendance a continué jusqu’en 2023 », poursuit Jean-François Laville, qui note aujourd’hui un net recul de la production de vins rouges, tous vignobles confondus, en raison du « très récent désamour du consommateur » pour cette couleur. « Le principal défi de la filière viticole aujourd’hui est le renouvellement des générations, retrouver des personnes qui ont envie de faire ce métier et les accompagner. On a besoin de les rassurer face à cette période d’incertitude sur la consommation de vin. »
Pour les côtes du Rhône septentrionales, « la présence de nombreux vignerons indépendants mais aussi de caves coopératives (Saint-Désirat et Tain-l’Hermitage) et de négoces permet d’avoir un équilibre sur le système de production et la mise en marché », ajoute Benoît Nodin, secrétaire général de la FDSEA et vice-président de l’organisme de défense et de gestion (ODG) de l’AOC Saint-Péray.
Au sud du département, l’Union des Vignerons Ardéchois (6 000 ha) réunit quant à elle 14 caves coopératives, soutenant les producteurs dans leur installation et leur développement, la promotion des produits, la préservation des terres viticoles, l’œnotourisme… Elle se déploie principalement sur les marchés de la grande distribution et de l’export, mais également local. Les vignerons indépendants sont eux aussi bien implantés sur le marché local, habitués à vendre en circuits courts et à ouvrir les portes de leurs caveaux aux visiteurs et nombreux touristes.
A.L.
Le renouveau de l’AOC Saint-Péray
Depuis les années 2 000, son organisme de défense et de gestion (ODG) de l’AOC Saint-Péray a réalisé un important travail sur la notoriété de l’appellation et créer une nouvelle dynamique autour de son vignoble : organisation de journées techniques, échanges entre producteurs sur l’appellation et ses perspectives… « Nous étions ceux qui avaient pris le plus de retard et nous l’avons bien rattrapé aujourd’hui », explique Benoit Nodin, aujourd’hui vice-président de l’ODG de l’AOC Saint-Péray, après l’avoir présidé pendant une vingtaine d’années. À la suite d’une importante réduction de sa surface de production jusqu’au début des années 1990, « la renaissance récente du Saint-Péray s’est faite avec une production majoritairement composée de vins tranquilles, qui a retrouvé sa place au sein des crus du Rhône nord », retrace le nouveau président de l’ODG, Lionel Fraisse, vigneron à Cornas. « Notre défi désormais est de mener une communication commune avec les appellations Saint-Péray et Cornas » sous la dénomination « Crus des cœurs du Rhône », ajoute Benoît Nodin. « Il y a une vraie complémentarité entre elles. Elles produisent chacune de grands crus avec des spécificités, et à la fois sur leurs blancs et leurs rouges. » D’autant plus face au nombre important de vignerons, qui produisent des vins des deux appellations.
À NOTER
Œnotourisme
En Ardèche, on dénombre trois destinations labellisées « Vignobles & Découvertes ». Un label attribué aux territoires viticoles proposant une offre touristique diversifiée et de qualité : visite de cave et activités œnotouristiques, musée, restaurants, événements, hébergements, sites touristiques… La destination « De Cornas en Saint-Péray » a été parmi les premières, en France, à intégrer ce label, suivie par celle « D’Hermitage en Saint-Joseph ». Dans le Sud de l’Ardèche, la destination « Vignobles Sud-Ardèche » est la dernière à avoir rejoint le label.
Association de promotion des vignerons et des vins du Sud Ardèche, 2000 Vins d’Ardèche réunit toutes les familles viticoles de ce territoire, qu’ils soient indépendants ou coopérateurs, en IGP, Côtes du Rhône ou encore Côtes du Vivarais. Elle a été créée en 1997 pour développer la notoriété et promouvoir ces produits.
La Maison des vins et du tourisme à Saint-Péray, inaugurée en 2022 et gérée par la communauté de communes Rhône Crussol et l’office de tourisme, fonctionne avec une participation active des vignerons des AOC Saint-Péray et Cornas, ainsi que les vignerons de l’appellation Saint-Joseph situés sur le territoire de Rhône-Crussol. Une véritable vitrine des vignobles du secteur !
Insolite
Pour promouvoir ses vins ou faire évoluer ses pratiques, la filière viticole ardéchoise ne manque pas d’idées ! Plusieurs projets d'élevage des vins sont ainsi menés dans des lieux insolites, comme dans la grotte de Saint-Marcel-d'Ardèche ainsi que celle de l’Aven d’Orgnac, ou encore au fond du Goul de la Tannerie, une rivière souterraine située à Bourg-Saint-Andéol.
Les différentes dénominations
AOP Côtes du Vivarais (vins blancs, rouges ou rosés)
Ils sont produits sur 9 communes ardéchoises, de part et d’autre des Gorges de l’Ardèche et sur le plateau des Gras. Le vignoble s’épanouit sur des terres karstiques et bénéficie d’un climat méditerranéen.
IGP Ardèche (vins rouges, blancs ou rosés)
Élaborés avec une grande variété de cépages, soit en cépage unique soit en assemblage, ils représentent 90% de la production viticole dans le sud du département et la 1re production IGP de la région Auvergne Rhône-Alpes.
AOC Côtes du Rhône (vins blancs, rouges ou rosés)
Treize cépages peuvent être utilisés en Côtes du Rhône, dont le vignoble s’étend entre 100 et 200 mètres d’altitude sur les coteaux et terrasses qui occupent la zone de confluence de la rivière Ardèche avec le Rhône (canton de Bourg-Saint-Andéol et commune de Saint-Julien-en-Saint-Alban).
AOC Côtes du Rhône Villages (vins blancs, rouges ou rosés)
Produit sur une large partie du vignoble de la vallée du Rhône méridionale, le Côtes du Rhône Villages est produit dans 4 communes du département (Bourg-Saint-Andéol, Saint- Just-d’Ardèche, Saint-Marcel-d’Ardèche et Saint-Martin-d’Ardèche) sur des sols de galets (vins rouges de garde) et des terres de loess (blancs, rouges et rosés légers). Il existe également un Côtes du Rhône Villages Saint-Andéol, qui se rapproche des grands crus.
AOC Saint-Joseph (vins blancs ou rouges)
Appellation principalement ardéchoise de la rive droite du Rhône, le vignoble du Saint-Joseph s’étend sur des terrasses étroites essentiellement granitiques en pentes fortes, sur la bordure orientale du Massif central. Le vignoble est marqué par la combinaison d’influences continentales et méditerranéennes.
AOC Cornas (vins rouges)
Le Cornas est un vin exclusivement ardéchois, produit dans la commune éponyme dans la vallée du Rhône. Il s’étend sur des coteaux abrupts, découpés en terrasses étroites, parées de murets de pierres. Ses sols sont constitués majoritairement de granites et quelques éboulis calcaires.
AOC Saint-Péray (vins blancs)
Produit sur les communes de Saint-Péray et de Toulaud, le vignoble du Saint-Péray (voir ci-contre) se développe sur des pentes douces situées autour de la colline de Crussol, éperon calcaire, entre coteaux, terrasses et pieds de coteaux.
D’autres appellations peuvent être vinifiées en Ardèche, provenant principalement de la Drôme et de la Loire : Hermitage, Crozes-Hermitage et Condrieu.