AGROFORESTERIE & FORÊT-BOIS
Une cohabitation aux multiples ressources
Les pratiques agroforestières peuvent s’associer à de nombreux systèmes d’exploitation agricole. Elles y retrouvent petit à petit leur place, encouragées par diverses aides publiques.
À Sarras, l’agroforesterie fait partie intégrante du vignoble d’Erwan Masse, installé en 2017. Chacune de ses plantations de vigne est conciliée systématiquement avec la plantation d’arbres fruitiers en intra parcellaire et de haies au milieu et en bordure de vigne. Ce jeune vigneron utilise des essences fruitières destinées au développement de grands arbres sur les parcelles les plus exposées à la chaleur et des arbres buissonnants et arbustes champêtres sur celles qui le sont moins. Un investissement dont « l’impact arrivera d’ici 10 ans. Il faut du temps pour que tout se mette en place et trouver un équilibre », ajoute le vigneron, qui termine la conversion en bio de son vignoble cette année.
Des bienfaits écologiques et socio-économiques
En viticulture, l’agroforesterie apporte de nombreux atouts, sans empêcher la mécanisation. Sur les sols tout d’abord, en favorisant l’activation de la vie du sol, l’amélioration de sa porosité et le maintien de sa structure. Le système racinaire des arbres retient en profondeur les particules de sol et empêche le phénomène mécanique d’érosion. Il apporte aussi directement de la matière organique, cherche en profondeur l’eau et la remonte à la surface avec les nutriments. Les feuilles des arbres permettent également de nourrir le sol. Autre point positif, la faculté des pratiques agroforestières à recréer des micro-climats : modulation et régulation des flux d’air et l’ombrage selon les besoins, notamment pour éviter les problèmes d’oïdium, etc. Le besoin d’intrants est potentiellement limité, avec le rééquilibrage de la biodiversité qui favorise la création de nouveaux habitats pour des auxiliaires de cultures. L’effet sur la biodiversité est quasi immédiat, même sur des plantations jeunes. Enfin, l’agroforesterie est une voie de diversification (arbres fruitiers, production d’arbres, de bois…).
Planter, mais pas n’importe quoi
Dans toutes les filières, ces atouts pour la résilience des écosystèmes agricoles ne laissent personne indifférent, notamment pour la plantation de haies, mais les problématiques liées à l’adaptation des essences importées sont réelles et encouragent à la plantation d’essences champêtres locales. De plus en plus de jeunes pépiniéristes se spécialisent d’ailleurs dans ce type d’essences, comme les pépinières Les Cotylédons, implantée à Vernoux-en-Vivarais, et L’Arbre Local, à Saint-Georges-les-Bains. Elles s’inscrivent dans un système global de production, de la collecte de semences à la mise en culture et l’élevage de végétaux. Objectif : concilier leur production d’arbres et arbustes à des valeurs de proximité et de durabilité !
A.L.
Une économie précieuse pour le territoire
La filière forêt-bois façonne les paysages d’Ardèche et contribue au dynamisme économique de la forêt.
L’Ardèche est le département le plus boisé de la région Auvergne-Rhone-Alpes et de nombreux acteurs œuvrent au développement de la forêt et de son économie, tant sur le bois d’œuvre (charpente, ossatures et caisserie), le bois d’industrie (papier) et le bois énergie.
Alors que le secteur de la transformation s’est effondré depuis plus d’une cinquantaine d’années, celui de la construction fait face à une baisse importante de la demande. Malgré tout, le bois d’œuvre représente 65 % de la récolte en Ardèche, avec un volume moyen de bois sur pied exploité de 200 000 à 250 000 m3. Le bois énergie, qui représente quant à lui 20 % de la récolte départementale, bénéficie d’un marché porteur. Il est encouragé par une demande de consommation plus écologique, des réglementations environnementales en vigueur, et en raison de ses atouts pour la rénovation (isolant thermique).
Un besoin de structuration à grande échelle des propriétaires forestiers
Globalement, la filière forêt-bois d’Ardèche ne manque ni de ressource ni de dynamisme, mais son économie est contrainte à la structuration à grande échelle de l’amont de la filière. L’un de ses principaux freins au développement est le morcellement de la forêt : 90 % des parcelles forestières appartiennent à des propriétaires privés et moins de 50 % d’entre eux bénéficient d’un document de gestion pour mieux valoriser leur bois. Les parcelles restantes (10 %) sont gérées par l’ONF, qui commercialise plus facilement son bois. Parmi les propriétaires forestiers, près de 30 % sont des agriculteurs ou l’ont été.
Le bois ardéchois est de bonne qualité dans son ensemble et offre peu de dépérissement en lien avec le scolyte par rapport à d’autres départements. Dans l’ambition de se démarquer sur le marché, les regards se tournent vers la plantation d’essences d’avenir : le pin maritime ou le mélèze, des résineux qui poussent vite et pourraient être intéressants d’exploiter en Ardèche. Parmi les essences à préserver figure également celle du pin noir, endémique pour son patrimoine génétique, qui présente une bonne adaptation aux aléas climatiques.