OVIN
Une filière ancrée dans le pastoralisme

Marine Martin
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Avec son territoire escarpé, ses plateaux en proie aux vents, l’Ardèche est un territoire idéal pour développer le pastoralisme. La majorité des fermes ardéchoises ont d'ailleurs un atelier d'élevage. Près de 516 exploitations élèvent des ovins, caprins et autres petits herbivores.

Une filière ancrée dans le pastoralisme
Les brebis partent en transhumance ! Ici, lors de la fête de la transhumance mettant à l'honneur la filière, organisée par le syndicat ovin tous les deux ans. ©AAA_ALevêque

D’après le dernier recensement agricole datant de 2020, l’Ardèche dénombre environ 56 230 brebis mères et les ovins comptent pour près de 14 % dans la répartition UGB par catégories, sur l’ensemble du territoire. La plupart des systèmes d’élevage sont extensifs et relèvent principalement du pastoralisme, faisant de l’Ardèche le deuxième département le plus pâturé de la région, après la Savoie. « La filière ovine est très représentée en Ardèche, souvent aux côtés de la châtaigne, car c’est une production très complémentaire. Les châtaignes non récoltées servent de nourriture aux ovins, pour une qualité de viande remarquable », explique Alain Crozier, président du syndicat ovin de l’Ardèche. « Le rôle de la brebis est crucial, elle lutte contre l’embroussaillement et permet d’entretenir les paysages ouverts. » Le pastoralisme joue donc un rôle important dans la prévention des incendies, en réduisant la masse combustible lorsque les animaux pâturent.

Difficultés du métier

« Le métier se distingue par la nécessité d’une présence humaine importante. Les conditions de travail sont difficiles en raison des zones montagneuses et la rentabilité n’est pas toujours au rendez-vous, ce qui entraîne une diminution progressive du nombre d’éleveurs. Bien que l’agneau se vende plutôt bien, les faibles rendements dus aux contraintes de la région ne permettent pas toujours de générer des revenus suffisants », est conscient Alain Crozier.

Le pastoralisme tel qu’on le connaît repose sur un fragile équilibre. La déprise agricole générale touche également l’Ardèche, entraînant la fermeture des milieux. Les espaces autrefois ouverts ne soutiennent plus une biodiversité aussi riche, et les activités humaines telles que le tourisme et les activités de nature font que l’accès à ces espaces est limité.

Un savoir-faire reconnu au travers de marques et de signes de qualité

Alors, afin de préserver la tradition ancestrale du pastoralisme, valoriser la viande et les produits laitiers aux caractéristiques spécifiques, les éleveurs se sont engagés à travers des marques et signes, reflétant cette valeur ajoutée. « Sur le département, existe la marque Agneau d’Ardèche ou encore le label rouge Agneau de l'Adret, géré par la coopérative l’Agneau Soleil, dont l’Ardèche est le principal département producteur », rappelle le président du syndicat ovin. Ces marques garantissent un cahier des charges axé sur le local et une alimentation à base d’herbe.

Animés par une passion sans faille, les éleveurs ardéchois s’organisent et dévoilent une résilience à toute épreuve, pour permettre à la filière de relever les défis et de s’adapter, afin que toujours perdure le pastoralisme, constitutif de l’identité d’un territoire.

M.M.

Un cheptel ardéchois riche et diversifié

En Ardèche, l’on retrouve autant de paysages que de races qui y sont adaptées ! Les races ovines de prédilection de la plupart des élevages sont la Préalpes du Sud, la Blanche du Massif Central, la Romane, la Rouge du Roussillon, la Noire du Velay et La Raïole.

Les défis de la filière ovine
Les éleveurs ardéchois sont confrontés également à l’expansion des cas de fièvre catarrhale ovine (FCO) de sérotype 8 ces dernières semaines.
ACTUALITÉ

Les défis de la filière ovine

Pour préserver son modèle, la filière ovine doit faire face à diverses problématiques, dont celle de la prédation. Le point avec le président du syndicat départemental ovin, Alain Crozier.

Le loup, une préoccupation grandissante pour les éleveurs

En Ardèche, une difficulté nouvelle émerge depuis quelques années et préoccupe les éleveurs. « On assiste à une présence du loup un peu partout dans le département et plus précisément dans les zones ovines, à l’instar du Coiron et de la montagne ardéchoise », alerte Alain Crozier, président du syndicat départemental ovin. « La problématique est croissante et la difficulté d’accès à ces zones rend la mise en place des moyens de protection complexe et exigeante en temps de travail et en main-d’œuvre. Et malgré une idée reçue répandue, une partie non négligeable des coûts reste à la charge de l’éleveur ! Cette difficulté peut compromettre le pastoralisme dans le département, car l’on est conscient que la prédation du loup va s’accroître. Malgré quelques autorisations de tirs de défenses obtenues, la probabilité de pouvoir tuer un loup est très faible. Tant que l’on ne mettra pas des lieutenants de louveterie pour lutter contre sa présence, la difficulté et l’inquiétude des éleveurs resteront immenses », martèle Alain Crozier.

FCO-8 : vacciner, seul rempart contre la maladie

Face à l’expansion des cas de fièvre catarrhale ovine (FCO) de sérotype 8 en Ardèche, « cette crise fait vivre aux éleveurs ovins une catastrophe morale, probablement financière et certainement psychologique », prévenait vivement Alain Crozier, fin août. « Les pertes déjà importantes laissent craindre une aggravation, comme le montrent les cas des départements voisins. Seule la vaccination peut limiter le problème et offrir une protection, car les risques liés à la maladie sont bien plus élevés que ceux associés à la vaccination, malgré les craintes de baisse de production et de mortalité. Cela représente un coût et un travail considérables pour chacun, sans compter la menace de la MHE et du FCO de sérotype 3. »

Pour préserver son modèle, le pastoralisme se sait à la croisée des chemins. Bien accompagnée, la filière saura surmonter ces défis pour demeurer un des joyaux traditionnels de l’Ardèche et ne pas être cantonné aux livres d’histoire.

M.M.

 

Agneau d’Ardèche, du « 100% ardéchois »

Agneau d’Ardèche, du « 100% ardéchois »

L’Agneau d’Ardèche est une marque qui a vu le jour en 2018. Elle est portée par des éleveurs passionnés avec l’envie de valoriser la viande d’agneau issue d’un élevage traditionnel et respectueux. Les animaux sont nés, élevés et abattus en Ardèche, nourris à l’herbe et élevés au pâturage au moins 6 mois dans l’année. La marque garantit une production de qualité, respectueuse des milieux naturels pâturés et une traçabilité 100 % ardéchoise.

La coopérative Agneau Soleil

La coopérative Agneau Soleil

Spécialisée dans la collecte et la commercialisation des agneaux, la coopérative Agneau Soleil regroupe 550 éleveurs, 160 000 agneaux et 200 000 brebis sous deux labels : l’Adret et l’Agneau de Sisteron, ainsi que la production bio. Ces trois catégories représentent 60 % de la production, le reste étant vendu en viande standard. La plupart des producteurs ardéchois sont engagés sous le label rouge Agneau de l’Adret, preuve de la qualité des élevages. Au Salon international de l’agriculture 2024, la coopérative Agneau Soleil et son abatteur Alpes Provence agneaux ont remporté pour la troisième fois une médaille d’argent, pour l’Agneau de l’Adret label rouge !

Le label rouge Agneau de l'Adret

Le label rouge Agneau de l'Adret

Un agneau né et élevé par le même éleveur, nourri au lait maternel par tétée au moins 60 jours et qui offre une meilleure rémunération des producteurs ? Ce label à tout bon ! « La qualité avant tout » est le mantra des éleveurs ovins de la région Auvergne-Rhône-Alpes qui se sont réunis avec la volonté de garantir une viande de qualité aux consommateurs, il y a trente et un an, quand fut créée l’association de promotion de l’Agneau de l’Adret. Depuis, avec ses 11 ans d’existence, le label Agneau de l’Adret témoigne de son succès dans le paysage commercial de la production ovine. Essentiellement commercialisé par la coopérative Agneau Soleil, l’Agneau de l’Adret est principalement produit en Ardèche, Loire, Isère et Puy-de-Dôme.