Relancer la consommation de vin, chasser en meute à l’export, développer l’œnotourisme mais aussi arracher des vignes : la filière viticole a détaillé son plan stratégique face à la crise.
C’est à un « New deal du vin » qu’ont appelé neuf organisations professionnelles et interprofessionnelles du secteur bousculé par des difficultés en cascade. La consommation de vin a déjà baissé d’environ 70 % en 60 ans et de nouvelles projections font redouter une contraction de 20 % du marché du vin sur les dix prochaines années. Les vignerons ont parallèlement fait face à plusieurs coups durs ces dernières années comme les aléas climatiques, la hausse de leurs coûts de production ou de l’inflation rognant le budget des ménages. Plusieurs aides ont été mises en place par les pouvoirs publics pour les aider à surmonter les difficultés conjoncturelles. Mais la filière a « pris l’initiative historique de se rassembler autour d’un plan stratégique de transformation », indiquent les organisations, parmi lesquelles le Cniv, la Cnaoc, Vins IGP, les caves coopératives, les Vignerons indépendants, JA et la FNSEA. La réaction doit être « coordonnée, il faut que la filière puisse être plus agile et conquérante et qu’elle puisse adapter son offre produits à l’évolution des attentes des différents consommateurs et marchés ». Des groupes de travail sont chargés, d’ici à trois mois, de proposer des actions qui seront présentées aux pouvoirs publics.
Reconquérir les jeunes
« On veut relancer la consommation de vin en France », a souligné Bernard Farges, président du Cniv. Parmi les pistes explorées figurent la mise en place d’observatoires des tendances des marchés et la redynamisation de l’innovation. L’objectif est d’aider à reconnecter la filière aux consommateurs qui se sont détournés du vin, avec par exemple des vins plus légers en alcool ou des nouveaux contenants. De reconquérir les jeunes générations, en adaptant le produit, la façon d’en parler et son mode de distribution. À l’export, la filière veut être plus performante dans un contexte où les vins français font face à une forte concurrence sur les marchés étrangers. « Il s’agit de chasser en meute, comme le font les Italiens », a expliqué Bernard Farges. L’idée est de s’appuyer sur une bannière commune « wine of France ». D’autres axes de travail visent à valoriser les contributions sociétales et environnementales de la filière et développer l’œnotourisme. Des « décisions douloureuses » attendent aussi la filière, résolue à adapter son potentiel de production, a déclaré Samuel Montgermont, président de Vin & société. Quelque 100 000 ha de vignes seraient à arracher, d’après Bernard Farges. Pour accompagner les candidats, la filière réclame des aides à l’arrachage temporaire.