PISCICULTURE
Les truites d’Andaure : un produit prisé pour les fêtes
À Labatie d'Andaure, Julien Lopez et Kevin Lemek élèvent des truites qui rejoignent des parcours de pêche au fur et à mesure des besoins, dans le cadre verdoyant du Moulin de Malfragner.
En bordure du Doux, les anciennes béalières du Moulin de Malfragner, qui produisait de la farine et de l’huile jusqu’en 1960, sont utilisées aujourd’hui pour l’élevage artisanal de truites. Ce site piscicole (Les truites d’Andaure), créé par Julien Lopez en 2017, y accueille entre 40 000 et 50 000 truites chaque année et près de 15 000 personnes sur ses parcours de pêche. « Le principe est d’acheter le poisson et de le pêcher soi-même, avec du matériel mis à disposition », explique le gérant, qui travaille aujourd’hui avec son associé Kevin Lemek. « Nous avons beaucoup d’habitués qui viennent régulièrement. » Et à l’approche des fêtes de fin d’année, la clientèle ne désemplit pas : « La truite est un produit local et plus qualitatif que la plupart des saumons, elle est de plus en plus demandée pour les fêtes de Noël, surtout les grosses truites ». Les clients disposant de leur propre fumoir pour préparer de la truite fumée sont eux aussi de plus en plus nombreux.
Du poisson local de qualité
Les poissons sont vendus en direct, entiers, mais peuvent être mangés sur place, cuisinés à l’aide d’une plancha à gaz mise en location. La truite d'élevage, rare dans le département, attire de nombreux restaurateurs locaux, constate Julien Lopez, qui ne dispose pas d’atelier de transformation. « Toutes les bonnes tables ardéchoises cherchent du poisson local de qualité et il n’y a que deux pisciculteurs dans le département, dont un industriel, mais ça les freine de travailler du poisson entier. C’est valorisant de les servir, mais transformer le poisson n’est pas notre boulot. »
Les capacités de production du site freinent elles aussi à un tel développement, sans parler du contact avec la clientèle, « plus intéressant sur des parcours » pour ce passionné de pêche en eau douce qui en propose trois. Le premier parcours de pêche, destiné aux débutants, retient dans un lac des truites arc-en-ciel, assez voraces. Le second se compose d’un plan d’eau et d’une portion de rivière, très appréciée par les pécheurs expérimentés. Il est dédié à accueillir les truites fario et les ombles de fontaine, des poissons plus sauvages qui ont leurs humeurs. Le troisième, petit lac nommé « Le coin des grosses », permet de pêcher des truites arc-en-ciel pesant 1 à 1,5 kg, faciles sur la première touche mais très craintives sur les suivantes.
Gestion de l’eau et risques sanitaires
L’eau et l’aliment sont des éléments incontournables en pisciculture, car ils interviennent sur la qualité gustative des truites et leur état sanitaire. « On a la chance d’avoir une qualité d’eau exceptionnelle avec le Doux, ça nous impose aussi de veiller à ne pas la polluer », indique le gérant, soumis à des analyses mensuelles d’eau. La gestion de l’eau est parfois difficile, poursuit-il, souvent insuffisante et chaude l’été, gelée et vive durant l’hiver obligeant à casser la glace et à libérer les éléments obstruant les grilles des bassins d’élevage.
Sur le plan sanitaire, les truites sont sensibles à de nombreuses maladies, virus, bactéries, champignons, pouvant contraindre à abattre tout un lot contaminé. Des analyses réalisées depuis deux ans ont permis de qualifier d’indemne le site des Truites d’Andaure. Pour ces éleveurs qui n’utilisent pas d’antibiotiques sur leur cheptel, un gros travail de prévention sanitaire est réalisé : densité d’élevage et confort des poissons, hygiène des bassins, qualité de l’eau, alimentation… Le site ne permettant pas de faire de la reproduction en raison des quantités et de la température de l’eau, Julien Lopez et Kevin Lemek veillent aussi à s’approvisionner en truitelles auprès de piscicultures iséroises spécialisées.
Une densité d’élevage de 30 kg/m3
Carnassières, les truites sont nourries avec des aliments composés de protéines animales transformées à base de poisson et de volaille, pauvres en protéines végétales et en matières grasses.
Âgées jusqu’à 6 mois à leur arrivée, elles sont élevées entre 6 mois et 1 an et demi, séparées par espèces et par taille, triées en lots, avant de rejoindre les parcours de pêche au fur et à mesure des besoins. La densité d’élevage est inférieure à 30 kg/m3. Un seuil correspondant à celui du cahier des charges de l’élevage en bio. La truite arc-en-ciel, de bonne croissance et plus résistante aux maladies ou à une mauvaise qualité d’eau que d’autres espèces, représente 50 % des ventes. La truite fario, que l’on retrouve dans les rivières ardéchoises est plus sensible et présente une croissance lente et une chaire plus fine.