CAPRIN
Adice inaugure ses compteurs à lait nouvelle génération
Le 2 décembre, Adice (Ardèche Drôme Isère Conseil élevage) a inauguré ses nouveaux Lactocorder®, compteurs échantillonneurs électroniques portatifs, au Gaec de la Croix Bleue à Saint-Donat-sur-l’Herbasse.
La semaine dernière, Thierry Deygas, vice-président d’Adice, et son associée Adeline Marion, accueillaient sur leur exploitation une démonstration des nouveaux Lactocorder® acquis en 2022 par Adice, avec le soutien financier du conseil départemental de la Drôme.
« Avec l’augmentation de la taille des troupeaux et des installations de traite en caprins de plus en plus performantes, Adice a fait le choix d’investir dans des compteurs à lait qui vont permettre de réaliser des contrôles laitiers avec des cadences de traite élevées », explique Benjamin Roche, référent sur le sujet au sein de l’organisme de conseil en élevage.
36 Lactocorder® de nouvelle génération sont désormais disponibles pour les pesées, essentiellement en élevages caprins, et viennent compléter les 25 compteurs électroniques dont disposait déjà Adice.
Simplifier le travail
Au-delà des éléments classiquement collectés pour le contrôle de performance, les Lactocorder® permettent de recueillir d’autres informations précieuses pour l’éleveur. « Nous pouvons ainsi enregistrer pour chaque chèvre des données comme le débit de lait, la vitesse de traite qui vont permettre de travailler sur la génétique du troupeau. Le Lactocorder® fournit aussi des données sur la machine à traire. C’est un très bon lanceur d’alerte - qui ne remplace pas un contrôle de la machine - mais qui permet notamment d’obtenir un enregistrement de tous les paramètres relatifs au lavage de l’installation de traite », détaille Benjamin Roche.
Selon les services souscrits auprès d’Adice par les éleveurs, les pesées peuvent représenter entre trois et onze passages par an. Le Lactocorder® permet de faire appel à un seul agent de pesée sans ralentir pour autant la traite. Pour Thierry Deygas et Patrick Ribes, président d’Adice, ces compteurs « simplifient le travail » et limitent le stress tant pour les éleveurs que pour les animaux. « Le Lactocorder® assure aussi une traçabilité parfaite des échantillons », souligne Benjamin Roche.
Des données utiles pour la génétique du troupeau
Trois agents de pesée ont été formés à l’utilisation de ces nouveaux compteurs électroniques au sein d’Adice, permettant ainsi de déployer ce service auprès des éleveurs caprins intéressés en Drôme, Ardèche et Isère. Une vingtaine ont déjà franchi le pas, dont Thierry Deygas. « Nous utiliserons notamment les données collectées grâce au Lactocorder® pour sélectionner au printemps nos mères à boucs », précise l’éleveur.
Pour clore ces échanges, Benjamin Roche et Adeline Marion ont réalisé une démonstration de traite avec utilisation des compteurs électroniques.
Sophie Sabot
Benjamin Roche a présenté les compteurs électroniques Lactocorder® de nouvelle génération dont s’est récemment équipé Adice. Crédit photo: Sophie Sabot
Activer toutes les petites marges de progrès
QUESTIONS À / Patrick Ribes, président d’Adice.
De votre point de vue, quelles sont les principales difficultés auxquelles sont confrontés les élevages caprins ?
Patrick Ribes : « L’année 2022 est marquée par la hausse des intrants (aliments, engrais, semences, énergie, carburant…) et la sécheresse. Certains éleveurs peuvent compter sur des stocks de fourrages de 2021 mais dont la qualité est moindre, ce qui amène mécaniquement des dépenses supplémentaires en aliments. Pour 2023, nous sommes également inquiets des menaces sur l’irrigation en Drôme liées à l’explosion des prix de l’électricité. Il y a aujourd’hui un vrai risque qu’il n’y ait pas d’irrigation ou que celle-ci soit très ciblée. Ceci aurait un impact pour les éleveurs caprins, notamment en Ardèche car beaucoup achètent leur luzerne à des producteurs drômois. »
Face à ces difficultés, quelles sont les marges de manœuvre pour les éleveurs ?
P.R.: « Il existe différentes petites marges de manœuvre que chaque éleveur peut activer et sur lesquelles nous travaillons chez Adice. Par exemple, les analyses de fourrages ou les analyses d’effluents. Dans les deux cas, elles permettent d’évaluer au plus juste le potentiel des ressources dont dispose l’éleveur et de n’acheter que les intrants (concentrés ou engrais) dont il a réellement besoin. Adapter ses pratiques culturales, notamment dans le choix des espèces pour un maximum d’autonomie alimentaire, est une autre marge de manœuvre. Il faut aussi être davantage opportuniste, par exemple être prêt à récolter ou pâturer dès que la pousse d’herbe le permet, ou encore être en capacité de stocker pour acheter ses intrants aux périodes où ils sont moins chers. En résumé, savoir s’adapter. »
Propos recueillis par S.Sabot
Une application sur le temps de travail
« En 2023, nous allons proposer à nos adhérents l’application Aptimiz », indique Patrick Ribes, président d’Adice. Cet outil, conçu par trois ingénieurs fils d’agriculteurs, vise notamment à calculer la rentabilité horaire et à mieux maitriser le temps passé sur chaque atelier. « L’objectif est de réaliser un diagnostic du temps passé sur chaque tâche pour mettre le doigt sur ce qui pèche. En améliorant l’organisation du travail on peut aussi améliorer la qualité de vie des éleveurs », estime Patrick Ribes.