CASTANÉICULTURE
La récolte des châtaignes bat son plein

Les producteurs ardéchois sont à pied d’œuvre cette semaine pour récolter les châtaignes de variétés traditionnelles. De calibre moyen, les fruits sont de bonne qualité et les prévisions de tonnage satisfaisantes. Reportage à Saint-Pierreville, berceau de la châtaigneraie ardéchoise.

La récolte des châtaignes bat son plein
Si la qualité des châtaignes est satisfaisante aujourd’hui, les producteurs se demandent si elle va pouvoir se maintenir face au climat actuel, plutôt humide et doux, donc propice à la dégradation des fruits s’il tend à perdurer. ©AAA_AL

L’année 2024 a été résolument propice à la campagne castanéicole, s’accordent à dire de nombreux producteurs dans le département, après avoir connu une campagne 2023 très difficile. « Globalement les pluies ont été favorables cette année puis il y a eu une belle floraison, de la chaleur en été, et un coup de froid en septembre qui nous a permis de ne pas avoir une récolte trop tardive et de nous lancer cette semaine », confie Nicolas Bay, installé au Gaec de la Comballe à Saint-Pierreville avec ses parents Jean-Jacques et Michelle. Tous trois élèvent des brebis et entretiennent 33 hectares de châtaigneraie, principalement de variétés Comballe, Merle et Garinche, dont 16 ha récoltés sur filets. « Cette fois-ci, je pense que nous aurons une quantité de récolte plutôt normale et de bonne qualité. Le calibre des châtaignes est moyen, elles sont grosses côté adret mais plus petites côté ubac. » Sur le volet sanitaire, « on a quelques froncis, qui flotteront, mais pas de pourriture ni de véreuses », rapporte le castanéiculteur, qui vend toute sa production à la coopérative fruitière Rhoda-Coop. Cette dernière met à disposition des palox aux producteurs, livrés et récupérés directement sur la commune de Saint-Pierreville. « Une grande partie de notre production part en industrie pour la confiture donc elle est plutôt bien valorisée », ajoute Nicolas Bay.

Capacité d’adaptation des châtaigneraies

Quelques kilomètres plus loin, Emmanuel Loulier affiche une même satisfaction sur sa production de châtaignes, composée à 80 % de Comballe. « Les châtaignes sont très saines. Je pense que ce sera une année normale, meilleure en qualité mais de calibre moyen à petit. Ce n’est pas exceptionnellement gros mais en 2023 on avait eu 50 % de déchets en raison de la pourriture brune. C’était le marasme, surtout en Comballe, c’est la plus sensible, elle est très sucrée et fermente rapidement », indique-t-il.

Son fils Gabriel, qui rejoindra l’exploitation en janvier prochain, se veut optimiste sur la capacité de résilience des variétés traditionnelles face au changement climatique : « Certains arbres meurent du sec mais les châtaigniers ont démontré par le passé qu’ils avaient une bonne capacité d’adaptation, après il faut les entretenir et les aider ». Chaque année, ils renouvellent une quinzaine d’arbres par greffage : « Ça réussit plutôt bien sur les Comballe, pour les autres ce n’est pas facile », explique Emmanuel Loulier. « On échange souvent entre producteurs sur les variétés qui marchent le mieux », ajoute Nicolas Bay, qui plante entre 5 et 10 arbres chaque année. « On a tendance à avoir des années plus chaudes tardivement, donc on essaye des variétés du sud de l’Ardèche équivalentes à la Garinche, comme la Bouche rouge ou la Aguyane. On renouvelle aussi beaucoup les variétés de Merle et de Comballe. » La Garinche est particulièrement plébiscitée par les castanéiculteurs, poursuit-il, « car elle donne moins de véreuses, c’est la plus rentable même si elle est un peu moins bonne que la Comballe qui, elle, devient un peu critique suivant les années. »

« L’enjeu maintenant est entre les mains des distributeurs »

Si la qualité des châtaignes est satisfaisante aujourd’hui, les producteurs se demandent si elle va pouvoir se maintenir face au climat actuel, plutôt humide et doux, donc propice à la dégradation des fruits s’il tend à perdurer. « Depuis quelques années, il faut aller très vite dans le ramassage », constate Emmanuel Loulier.

Quant au marché de la châtaigne, il se porte plutôt bien. « Peu d’hybrides ont été récoltées et avec le temps frais et maussade de début septembre, qui a favorisé leur consommation, ces grosses châtaignes se sont bien vendues. Elles vont laisser la place aux châtaignes de calibre plus modéré mais plus normal, qui arrivent maintenant sur le marché », retrace Sébastien Debellut du Comité interprofessionnel de la Châtaigne d’Ardèche (Cica). « L’enjeu maintenant est entre les mains des distributeurs, qui accepteront ou non de mettre en rayons des fruits de calibre plus modéré que ceux des hybrides. »

A.L.

SUD ARDÈCHE

Une première campagne pour la Sica du Vivarais

Au sud du département, la nouvelle structure collective « Sica du Vivarais », créée par d’anciens adhérents à Vivacoop, regroupe une centaine de castanéiculteurs. Pour sa première campagne et l’organisation des points de dépôt, à Rosières et Saint-Sernin, les retours des producteurs sont globalement « plutôt satisfaisants », confie Simon Canive, castanéiculteur à Prunet et co-président de la Sica du Vivarais. « Nous avions pris un peu de retard en matière d’organisation en début de saison, avec la maturité tardive des fruits, qui a été bien rattrapé depuis. Maintenant il faut attendre que la saison se termine pour voir ce qui s’est bien passé, ce qui est à améliorer. » Une grande partie de la production de cette jeune structure collective est vendue au Comptoir rhodanien, un autre composée de châtaignes AOP et de variétés traditionnelles à l’entreprise Sabaton.

A.L.

Les Castagnades animent la ville de Privas
ÉVÉNEMENT

Les Castagnades animent la ville de Privas

Du vendredi 18 au dimanche 20 octobre, les rues et le centre-ville de la ville préfecture de l’Ardèche se sont animés à l’occasion des Castagnades ! Rôtie de châtaignes, marchés de producteurs et d’artisans, démonstration et joutes culinaires, visite historique et gourmande, jeux pour enfants, parade déambulatoire, randonnées pédestres… Il y en avait pour tous les gouts ! Parmi les nombreux exposants, venus vendre leur production de châtaignes, en frais ou transformées, la FDSEA de l’Ardèche tenait également un stand afin de sensibiliser le public aux métiers agricoles.