L’actalis a saisi le médiateur des relations commerciales agricoles pour trouver un accord avec l’Unell sur le prix du lait. Les producteurs ont refusé cette demande et formulent une nouvelle saisine du médiateur.
Le litige entre Lactalis et l’Unell devrait se poursuivre devant le médiateur des relations commerciales agricoles, à condition que les deux parties s’accordent sur le champ de la discussion. Les pourparlers sont dans l’impasse depuis plusieurs mois et, en l’absence d’accord, l’industriel avait annoncé début janvier la reconduction du prix du lait du mois de décembre. Lactalis a été le premier à saisir le médiateur, le 11 janvier, pour trouver une issue au différend qui l’oppose à la principale association d’organisations de producteurs (AOP) lui livrant du lait, l’Unell. « Lactalis espère poursuivre dans un climat constructif les discussions avec l’Unell afin de trouver un juste équilibre sur le prix du lait, permettant de continuer à valoriser le travail des producteurs tout en proposant aux consommateurs des produits laitiers français à un prix accessible », déclarait le numéro un du lait dans le communiqué annonçant la saisine du médiateur. Cependant, la demande de Lactalis a été rejetée par l’Unell qui a annoncé, le 16 janvier, saisir, à son tour, le médiateur. « Nous ne refusons pas la médiation, nous refusons simplement l’objet de la discussion », a expliqué le président de l’Unell, Yohann Serreau, à la presse. L’AOP estime que le champ d’application de la saisine de Lactalis « ne mènerait qu’à une solution de court terme et ne respecterait ni les lois Egalim, ni notre accord-cadre », indique un communiqué. Dans sa saisine, l’AOP précise les paramètres importants de la formule de prix sur lesquels, selon elle, la médiation doit porter : « La valorisation du lait destiné aux produits de grande consommation » et notamment la prise en compte et la revalorisation du prix de revient, ainsi que « la valorisation du lait destiné aux produits industriels », l’indicateur beurre-poudre n’étant plus publié par l’interprofession.
« Un bon signal » pour l’Unell
En septembre, une première médiation avait permis d’aboutir à un accord sur le prix du lait pour les derniers mois de l’année 2023. « La saisie du médiateur par Lactalis est un bon signal qui marque une reprise des discussions », estime Yohann Serreau. De son côté, l’industriel affirme dans un communiqué du 16 janvier souhaiter « un dialogue continu, serein et constructif sur le contrat » qui le lie à l’Unell. Les médiations pour des litiges entre des producteurs agricoles et des industriels restent plutôt rares. Le médiateur en conduit moins d’une dizaine chaque année. Les deux parties ont un mois pour trouver un accord (renouvelable une fois). Si aucun accord n’est trouvé dans le temps imparti, le comité de règlement des différends peut être saisi. Des actions de soutien aux producteurs livrant à Lactalis ont été organisées par les sections locales de la FNSEA, le 18 janvier, sur plusieurs sites de production de l’industriel dont ceux de Saint-Florent Le Vieil (Maine-et-Loire), de Cuincy (Nord) et d’Andrézieux (Loire). « Lactalis ne respecte pas ce déroulement prévu par la loi. Il entend fixer le prix du lait aux producteurs en fonction de la négociation à conclure avec les enseignes de distribution », affirme dans un communiqué la FRSEA Normandie appelant à un rassemblement devant l’usine de Domfront (Orne). « Ainsi, Lactalis tente d’imposer à ses fournisseurs le prix le plus bas du marché, en tenant compte d’indices maison qui ne reflètent pas la réalité des coûts de production », poursuit-elle. Des manifestations avaient déjà été organisées à l’appel du syndicat quelques jours avant les fêtes de fin d’année en décembre et début janvier.