FILIÈRE
Astredhor Aura mobilisée afin d’améliorer les pratiques de la filière
Le 26 juin, la station d’expérimentation Astredhor Auvergne-Rhône-Alpes, située à Brindas (Rhône), a organisé une journée portes ouvertes dédiée à la filière horticole. L’occasion de présenter les essais et travaux de recherche mis en place par la structure, ainsi que leurs résultats.
Avec le changement climatique, l’évapotranspiration réelle mesurée dans les cultures sous serre augmente au fil des années. Afin de limiter l’utilisation de l’irrigation, Astredhor expérimente plusieurs protections climatiques. Ces dernières permettent de réduire le rayonnement incident et limitent le besoin en arrosage des cultures de 30 à 50 %.
Réduire l’évaporation et la transpiration des cultures en serre
L’ombrage peut constituer une méthode viable. Les écrans horizontaux situés dans la serre permettent d’atteindre un ombrage de 25 à 75 %. Certains d’entre eux possèdent également un usage thermique, avec une structure hermétique à l’air, qui nécessite donc de laisser une cheminée pour que l’air circule en été. L’écran de type ombrière, non-hermétique, reste néanmoins plus intéressant durant l’été, puisqu’il permet une forte aération tout en étant complètement fermé. Les systèmes de serre avec panneaux photovoltaïques sur la partie sud du faîtage permettent aussi de limiter la quantité de lumière à plus de 50 %. Une application de peinture diffusante sur les verres est envisageable, afin de limiter l’hétérogénéité entre les zones d’ombre et de lumière, elle réduira néanmoins de 15 à 20 % la lumière sous la serre. Couramment utilisé, le blanchiment des serres réduit, quant à lui, directement le rayonnement avant qu’il ne rentre dans la serre. En revanche, la température de l’air diminue de 3 à 4 °C et le niveau d’ombrage est modulable entre 30 et 70 %. À titre de comparaison, cette technique réduit plus efficacement la température que les écrans, puisque les ouvrants peuvent rester ouverts. Les équipes du centre expérimental ont également testé l’occultation ponctuelle. Initialement utilisée pour contrôler la photopériode et réduire la pollution lumineuse, cette méthode a fait ses preuves comme moyen d’ombrage « extrême » pendant les périodes les plus chaudes de la journée, soit de 12 à 15 heures. Durant ces heures, les bâches occultantes ont diminué la température des feuilles de 5 °C et ont limité la consommation en eau de 50 % , tout en assurant une qualité des plantes selon les espèces.
Des essais de nébulisation et de bassinage
Réduire l’irrigation passe également par le développement de nouvelles techniques d’aspersion. La brumisation haute pression, également connue sous le nom de nébulisation, génère des gouttelettes suffisamment fines à 2 à 3 mètres au-dessus du sol, afin de ne pas mouiller les plantes. Le temps de chute des gouttelettes relativement long permet leur vaporisation avant qu’elles n’atteignent les cultures. Depuis deux ans, Astredhor Aura évalue ce dispositif qui assure des cultures plus poussantes et dont le coût a été estimé à
9,90 €/m². Le déclenchement de la pompe (6 l/min, soit 1,1 kW) se fait par un programmateur indépendant ou via un ordinateur climatique, de 8 à 17 heures, sur 4 lignes de brumisation avec 12 buses de 0,22 mm et un anti-goutte. La correction de l’eau est, quant à elle, fixée à un pH de 5,5 (acide). Pour un maximum de 15 secondes de nébulisation toutes les 40 secondes, cette technique permet une baisse de la température moyenne journalière de 1,5 à 2 °C, de 3 °C entre 12 et 15 heures et une augmen-
tation de l’humidité de 5 g/m3. Lors des périodes caniculaires, la consommation en eau est de 2 à 3 l/m²/jour, tandis que la consommation électrique est de 0,57 €/m². De son côté, le bassinage prend la forme d’un cycle
d’aspersion de courte durée, réalisé à de multiples reprises pendant les périodes chaudes, afin de remonter l’hygrométrie et de diminuer la température.
Cette technique est très efficace pour réduire la température des plantes, puisqu’elle ne les arrose pas, mais mouille le feuillage. Le bassinage a un effet à la fois immédiat et ponctuel.
Un bassinage de 0,6 à 0,8 l/m² entraîne une baisse de la température du sol et sur le végétal de 2 à 3 °C et augmente l’hygrométrie de 5 à 10 % avec une durée d’effet de 20 à 40 minutes. Au total, quatre bassinages par jour reviennent à une consommation en eau de 2,4 l/m². Utilisé de façon très fréquente, le bassinage peut néanmoins entraîner l’apparition de maladies. Il convient donc de le réaliser avec un matériel d’irrigation déjà en place, mais sur une programmation différente, contrairement à la brumisation qui nécessite un système à part entière. Finalement, la consommation journalière d’eau entre la nébulisation et le bassinage est similaire. La différence majeure est que l’effet de la nébulisation est perceptible sur une journée entière. Lors des conditions estivales et avec une programmation optimale, cette technique est la plus efficiente.
L. R. avec Astredhor Aura
Limiter l’utilisation de glyphosate avec de la paille de blé
Utiliser de la paille de blé non broyée comme alternative au glyphosate, telle a été l’expérimentation menée par plusieurs sites Astredhor en horticulture, et de l’Institut
français de la vigne et du vin (IFV) en viticulture, entre 2019 et 2021 en France. Selon Camille Soulard, responsable d’expérimentation à Astredhor Seine-Manche, cet
itinéraire sans herbicide a largement limité les interventions mécaniques sur les parcelles. « Il fallait compter un passage toutes les deux à trois semaines, contre quatre passages par an dorénavant », a-t-il assuré. Point marquant, ces essais n’ont pas limité la disponibilité en azote qui pourrait modifier la vie du sol, tandis que la teneur en chlorophylle a augmenté sur les parcelles de paille. En vignes, comme en pépinières, les responsables d’essais ont repéré une forte augmentation de vers de terre:
les épigées en surface, les endogés en seconde partie du sol, puis les anéciques plus en profondeur.
« Ces vers de terre ont un impact direct sur les éléments nutritifs mesurés dans les sols, puisqu’ils peuvent prendre les éléments dégradés par la paille et les enfouir plus profondément dans le sol, ce qui va aussi permettre l’acquisition de davantage de minéraux pour les végétaux », assure le professionnel. Le paillage a ainsi fortement diminué les interventions au sein des parcelles, tout en augmentant l’activité biologique des sols et la présence d’éléments nutritifs. Si aucun gain de productivité n’a été remarqué sur les parcelles ou les pépinières, les responsables assurent que le paillage n’a pas eu d’effet négatif sur la production des arbres en hauteur ni sur leur circonférence.
L.R.
Consommation / Les contenants faiblement pris en compte lors de l’achat
Entre 2021 et 2023, plusieurs études se sont penchées sur l’achat des contenants en jardinerie. Au total, 283 consommateurs ont été invités à expliquer les raisons qui motivaient leurs achats. Les résultats ont ainsi démontré que le pot avait un faible impact sur la décision de l’acheteur. Les principaux critères retenus étaient surtout liés à la plante : ses caractéristiques esthétiques, sa couleur, son association avec d’autres végétaux dans la jardinière, sa taille, son développement, ainsi que son espèce. En revanche, lorsque l’information sur le type de pot était donnée, les consommateurs ont davantage choisi le pot en fibre de bois, par rapport à celui en fibre de papier.