DES FORETS & DES HOMMES
Comment s'entremêlent activités humaines en forêt ardéchoise, d’une page à l’autre

Marine Martin
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Dans sa revue trimestrielle n° 162 parue au mois de juin, et présenté à Roiffieux dans la foulée, l’association Mémoire d’Ardèche et Temps Présent s’intéresse aux activités humaines dans et autour des forêts ardéchoises.

Comment s'entremêlent activités humaines en forêt ardéchoise, d’une page à l’autre

Les 107 pages du cahier, dédiées aux activités humaines dans les forêts ardéchoises, ont pour objectif de recentrer l’attention sur la forêt et ses interactions avec l’humain, tout en mettant en lumière ce sujet essentiel souvent négligé au quotidien. « L’homme joue un rôle crucial dans les forêts, et il est important de le rappeler », introduit Jean-Claude Saby, vice-président de l’association mémoire d’Ardèche et Temps Présent.

« Cette revue s’adresse à toute personne s’intéressant aux forêts en Ardèche : entre 55 et 60 % de notre territoire, est recouvert de forêt. Elle gagne de plus en plus les zones agricoles utiles. C’est une forêt très parcellaire qui a du mal à être valorisée », poursuit-il. La revue se découpe en trois parties. Une première partie pour découvrir la filière bois d’hier et d’aujourd’hui en Ardèche, à travers deux articles, « traitant l’un des droits d’usage dans les forêts des monastères devenues domaniales à la révolution, l’autre des dernières charbonnières sur le canton de Bourg-Saint-Andéol entre 1850 et 1950 ». Mais cette publication fait surtout la part belle à la partie « Temps présent », développée dans un second temps. « Avec ce numéro, nous avons souhaité décliner au temps présent les problématiques de la forêt, ses diverses formes de gestions, de valorisations, ses intervenants etc. »

Un changement des pratiques ? La gestion des forêts à la loupe

À mesure que l’on parcourt les pages, on découvre divers articles sur la filière bois énergie, la valorisation du bois en Ardèche, ainsi que la gestion et l’exploitation forestière dans la région par ses différents acteurs. Le cahier met en lumière les diverses approches de gestion forestière, notamment les techniques sans coupe rase, comme la « sylviculture mélangée à couvert continu », explique Jean-Claude Saby. Cette méthode privilégie une conception de la forêt comme un écosystème aux interactions complexes. Elle prend en compte les éléments existants et choisit avec soin les essences adaptées aux conditions écologiques, tout en veillant à la conservation des sols et en répondant aux enjeux paysagers et sociaux. L’objectif est d’assurer un équilibre entre la faune sauvage et la régénération naturelle des forêts pour maintenir une diversité riche et dynamique. Cela favorise une forêt stable et résiliente, face aux aléas climatiques, tout en garantissant une performance économique élevée, grâce à un bois de qualité et à des forêts capables de stocker davantage de carbone, si le volume de bois est modéré.

Le cahier regorge d’articles faisant le tour des activités humaines en forêt ardéchoise. Seul regret pour Jean-Claude Saby, ne pas avoir pu intégrer un article sur les scieries en Ardèche et leur histoire.

La troisième partie explore la relation entre les activités humaines en forêt, telles que la chasse, le pastoralisme et la cueillette, en mettant par exemple en avant, l’or bleu des montagnes : la myrtille sauvage d’Ardèche, emblématique du coin. Richard Bonin, responsable du service culture et économie durable au Parc des Monts d’Ardèche et auteur de l’article sur ce sujet, retrace l’histoire de ce petit fruit, lié aux habitants de la montagne à travers les âges. Au fil de la lecture, on découvre comment la filière se réinvente, soutenue par le Parc des Monts d’Ardèche, les agriculteurs qui ont trouvé en elle une ressource complémentaire, ainsi que les élus locaux, tous engagés dans la préservation des précieuses et fragiles landes à myrtilles.

En dernière partie, le cahier se focalise sur les actualités qui façonnent le territoire, en mettant en lumière les diverses entreprises et associations engagées dans la transmission des savoirs, qui enrichissent et dynamisent le patrimoine.

Le prochain numéro explorera l’histoire des cars et autobus en Ardèche à travers l’histoire, tandis que le dernier numéro de l’année se concentrera sur les mémoires oubliées de la Seconde Guerre mondiale.

M.M

   Les grands défis du pastoralisme aujourd’hui
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Les grands défis du pastoralisme aujourd’hui

Jessica Fressard, conseillère pastoralisme à la chambre d’agriculture et Gaëlle Grivel ingénieure, ont coécrit un article à retrouver dans la publication du numéro 162 du mois de juin : Mémoire d’Ardèche et Temps Présents : les activités humaines en forêt ardéchoise.

Elles reviennent sur le climat, la géologie le relief, ou encore la répartition démographique très contrasté de l’Ardèche, éléments qui ont façonné le pastoralisme de l’Ardèche. Avec plus de 20 000 bovins et 110 000 petits ruminants, l’élevage est le principal secteur du département en nombre d’exploitations. La plupart des systèmes d’élevage sont extensifs et relèvent principalement du pastoralisme. L’article révèle que le nombre d’hectares pâturés est estimé à 98 000, soit un cinquième du département, faisant de l’Ardèche le deuxième département le plus pâturé de la région, après la Savoie. Seulement, le pastoralisme tel qu’on le connaît repose sur un fragile équilibre :

Dans le contexte des changements climatiques, avec des sécheresses plus sévères et des précipitations inégalement réparties, l’adaptation des exploitations est une question cruciale. Une spécificité de l’Ardèche est que le pastoralisme y est principalement individuel, en raison de la propriété foncière souvent privée et morcelée, rendant le mélange des troupeaux rare. La déprise agricole générale touche également l’Ardèche, entraînant la fermeture des milieux. Les espaces autrefois ouverts, ne soutiennent plus une biodiversité aussi riche, et les activités humaines telles que le tourisme et les activités de nature en sont limités.

De plus, le pastoralisme joue un rôle important dans la prévention des incendies en réduisant la masse combustible lorsque les animaux pâturent. Savoir-faire parfois critiqué pour son efficacité dans la lutte contre les incendies sur les terrains en forte pente, les éleveurs utilisent historiquement le brûlage dirigé comme technique d’entretien des milieux.

Pour préserver ce pastoralisme, produisant de la viande et des produits laitiers aux caractéristiques spécifiques, les éleveurs se sont engagés à travers des marques reflétant cette valeur ajoutée, telles qu’« Agneau d’Ardèche », « Bœuf des Prairies Fleuries » et « AOP Fin Gras du Mézenc », qui garantissent un cahier des charges axé sur le local et une alimentation à base d’herbe.

Malgré tout, l’avenir du pastoralisme est incertain face à la recrudescence des attaques de loups ces dernières années. Pour préserver ce modèle, le pastoralisme est à la croisée des chemins et devra avant tout surmonter les défis actuels.

Mémoire d’Ardèche et Temps Présent : gardien de l’histoire d’hier et de maintenant

Mémoire d’Ardèche et Temps Présent est une association fondée en 1983 et qui regroupe aujourd’hui plus de 550 adhérents. Une équipe de passionné du département, qui aime le découvrir sous des angles différents : « Nous avons un conseil d’administration pluridisciplinaire de 24 membres avec des compétences diverses et variés» . Un pluralisme d’auteurs qui sont chacun expert dans leurs domaines aussi variés que la sociologie, l’histoire, la géographie, le patrimoine, l’économie, appliquée au territoire. Si le magazine avait un Credo, ce serait le suivant : « Contribuer à la vie d’un pays dont l’histoire doit être un gage d’avenir ».

La revue trimestrielle du mois de juin, consacrée aux activités humaines en forêt, a été présentée sur la commune de Roiffieux.©MATP

Où le trouver ?

Ce cahier est disponible en librairie, maison de la presse et tabacs-presse au prix de 13 euros. Il peut être commander moyennant une contribution aux frais de port de 6 euros à MATP BP 5 07290 SatillIeu

L'abonnement annuel sur l'année civile 2024  est à 45 euros pour les quatre numéros du 161 au 164. Le numéro 161 traitait de la ville de Bourg Saint Andeol.

 

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