CAPRIN
Ferme du Pradel : « des expérimentations toujours plus intéressantes et approfondies »

L’association Cap’Pradel, qui pilote la ferme expérimentale caprine du Pradel (Mirabel), a tenu son assemblée générale jeudi 20 juin. Zoom sur l’activité de la station et les projets à venir.

Ferme du Pradel : « des expérimentations toujours plus intéressantes et approfondies »
La ferme du Pradel compte 228 chèvres réparties en 5 lots et s’inscrit dans un système de pâturage, d’optimisation de l’alimentation et de production de lait cru pour la fabrication de Picodons. ©Ferme du Pradel

Créée en 2018 autour de la ferme expérimentale caprine du Pradel, l’association Cap’Pradel pilote les expérimentations conduites sur la station et assure leur diffusion auprès de la profession. Elle réunit des éleveurs caprins et des acteurs de la filière, avec comme membres fondateurs la Fédération nationale des éleveurs de chèvres (FNEC), l’Institut de l’élevage qui est chargé du suivi des expérimentations et de l’animation du dispositif, la chambre régionale d’agriculture d’Aura et le lycée agricole Olivier de Serres. « L’idée de ce consortium est de mettre en œuvre des recherches innovantes, à la demande des éleveurs », explique Laurent Balmelle, président de Cap’Pradel et éleveur caprin à Ribes. « Nous menons des expérimentations toujours plus intéressantes et plus approfondies, plus en phase avec nos attentes, ce qui est un bon indicateur. »

Répondre aux besoins des acteurs de la filière caprine

L’assemblée générale permet de définir les projets de la ferme du Pradel. Chaque année, quatre comités techniques sont aussi organisés pour recueillir les problématiques et les demandes de la profession, adapter le montage des projets et le dépôt d’appel à projets. Ainsi un roulement continu d’expérimentations est assuré, tout en veillant à ce qu’elles répondent aux besoins des éleveurs. « Nous travaillons avec la Région Aura qui nous accompagne beaucoup financièrement sur les projets et le fonctionnement de la station, mais aussi avec des projets Casdar1 et Anicap2 au niveau national, ainsi que des budgets européens », ajoute Laurent Balmelle. Au-delà de la production de savoirs et de données à destination des éleveurs, la ferme du Pradel met en synergie le monde professionnel caprin avec les enseignants et les élèves du lycée agricole Olivier de Serres. « Une connexion très favorable à l’enseignement sur le fermier caprin », évoque Matthieu Prévost, directeur du lycée agricole. « L’expérimentation à la pointe nous fait aussi venir des formateurs exigeants, curieux, qui permettent d’avoir une qualité d’enseignement incomparable. On a aussi des apprenants qui viennent de toute la France, parce qu’ils savent que la formation est adossée à l’outil technique. C’est un cercle vertueux. »

La ferme du Pradel compte 228 chèvres réparties en 5 lots et s’inscrit dans un système de pâturage, d’optimisation de l’alimentation et de production de lait cru pour la fabrication de Picodons AOP. Elle dispose d’outils uniques, dont une salle de traite avec deux machines à traire identiques montées en parallèle de 12 postes et 24 places disponibles. Huit salariés sont chargés de la production, des expérimentations et des actions pédagogiques, avec l’appui de deux salariés de l’Institut de l’élevage.

Adaptation au changement climatique et atténuation

En moyenne, Cap’Pradel pilote une vingtaine d’expérimentations. « Nous en avons beaucoup en lien avec l'adaptation au changement climatique, sous de nombreux angles différents », informe Philippe Thorey, chargé de projet en élevage caprin et animateur du dispositif Cap’Pradel. À commencer par l’adaptation des systèmes fourragers, en étudiant des plantes qui résisteraient mieux à la chaleur et à la sécheresse. Après avoir testé la chicorée, le plantain et le mûrier blanc, des essais seront menés cet été sur le sorgho au pâturage. Des « essais du fourrage aux fromages », qui consistent à étudier toutes les données recueillies lors de la production végétale, la production laitière, sur la qualité du lait, la production de fromages et sur leurs aspects organoleptiques « pour voir si les Picodons produits avec du sorgho ont des caractéristiques spécifiques et s’ils entrent toujours dans le cahier des charges ». L’adaptation des bâtiments d’élevage au changement climatique est également à l’étude, notamment sur la mise en place de voiles d’ombrage sur l’aire d’exercice en vue d’améliorer le bien-être animal en période de forte chaleur. À la fromagerie aussi, « nous étudions les process de fabrication des fromages et les marges de manœuvre qui peuvent exister pour y limiter la consommation d’énergie », ajoute Philippe Thorey. D’autres projets concernent l’eau dans l’ambition d’estimer au plus juste la consommation d’eau par poste (abreuvement, installations de traite, nettoyage de la fromagerie, etc.). « Nous allons tester aussi l’utilisation de sources alternatives d’eau, comme des récupérateurs d’eau pluviale, et voir quels peuvent être leurs usages. »

Élevage des jeunes, lactation longue, qualité de vie et de travail…

L’élevage des jeunes figure également parmi les grandes thématiques d’expérimentations, avec des essais sur l’engraissement des chevreaux lourds en testant leur sevrage avant l'abattage, sur la compréhension des succès et des échecs sur l'élevage de primipares. Sur le volet des nouvelles technologies, un nouveau système d’auto pesée automatisé des chevrettes est testé, en lien avec Adice, afin de disposer de données journalières de poids pour pouvoir les sevrer à l’âge optimum et ainsi économiser de l’aliment. « Nous espérons avoir un prototype suffisamment précis bientôt », précise Philippe Thorey. Autre grand axe de recherche, la résilience des systèmes caprins par l’intégration des lactations longues dans le cadre du projet Casdar ESCaLL, pour lequel des essais sont menés sur trois ans sur l’alimentation, la monotraite, la santé des mamelles, afin de mieux conseiller les éleveurs sur cette pratique. Enfin, la ferme du Pradel investigue sur l’amélioration de la qualité de vie et de travail des éleveurs caprins (projet Qualivie), en s’appuyant sur des diagnostics d’élevage en exploitations commerciales et des diagnostics collectifs.

A.L.

1. Compte d’affectation spéciale développement agricole et rural.
2. Association nationale interprofessionnelle caprine.

Portes ouvertes les 15 et 16 octobre, dont une journée spéciale « junior »
En 2022, près de 400 personnes s'étaient rendus aux portes ouvertes de la ferme du Pradel.
ÉVÉNEMENT

Portes ouvertes les 15 et 16 octobre, dont une journée spéciale « junior »

Des ateliers et des conférences centrés sur les expérimentations de la station seront animés par des ingénieurs de l’Institut de l’élevage, en poste sur le site ou amenés à y intervenir régulièrement.

Le 15 octobre prochain, la ferme du Pradel ouvrira ses portes durant toute la journée. Pour cet événement organisé tous les deux ans, près de 500 personnes sont attendues. Elles pourront suivre des ateliers et des conférences centrés sur les expérimentations de la station et animés par des ingénieurs de l’Institut de l’élevage, en poste sur le site ou amenés à y intervenir régulièrement. Ce type de portes ouvertes « attirent énormément », constate le président de Cap’Pradel. Certains viendront découvrir les lieux et ses équipements de pointe, d’autres s’informer de l’avancée des expérimentations et voir comment mettre en œuvre de nouvelles techniques dans leurs fermes. « Quel que soit le type d’élevage, il y a toujours 3 à 4 projets qui peuvent concerner directement leurs besoins, par rapport à ce qu’ils veulent faire ou n’arrivent pas à faire », ajoute Laurent Balmelle.

Nouveauté cette année, une seconde journée portes ouvertes à destination des élèves devrait être organisée le 16 octobre. « Pour des questions logistiques, cela devenait difficile à gérer de mélanger les apprenants au public professionnel, puis les jeunes étaient parfois un peu largués, le niveau des interventions étant assez élevé », indique le directeur du lycée agricole Olivier de Serres. Une journée spéciale devrait donc leur être dédiée !

A.L.

À NOTER

Cap’Pradel se dote de supports vidéo pour conseiller les éleveurs !

Le réseau Cap’Pradel a produit de premières vidéos sur le moulage des fromages lactiques, destinées aux éleveurs caprins et accessibles sur la page YouTube de l’Institut de l’élevage. D’autres vidéos seront prochainement diffusées sur le parasitisme et l’élevage des jeunes. L’idée est de mieux communiquer sur les résultats des expérimentations de la ferme du Pradel, d’apporter des conseils aux éleveurs qui se prêtent mieux au format vidéo, notamment sur les gestes à suivre.