SANITAIRE
FCO-8 : le renouvellement du cheptel au cœur des enjeux des éleveurs

Marine Martin
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Lundi 23 septembre, le président du Département et vice-président de la Région, Olivier Amrane, accompagné de la présidente de la FDSEA, Christel Cesana, du président de la chambre d’agriculture Benoit Claret et du député Fabrice Brun, s’est déplacé au Gaec Malleval à Gourdon, pour faire un point sur la situation sanitaire. 

FCO-8 : le renouvellement du cheptel au cœur des enjeux des éleveurs
De gauche à droite : Benoit Claret, Christel Cesana, Olivier Amrane, Paul Malleval et Fabrice Brun. ©AAA_MM

Au Gaec Malleval à Gourdon, Clémence et Paul, installés depuis 2018, comptent 10 % de leur cheptel, touchés par la Fièvre catarrhale ovine (FCO) de sérotype 8. Parmi leurs 110 brebis, une dizaine est introuvable, dispersées sur les 120 hectares de pâturage, et trois ont été retrouvées mortes de la FCO-8. « Il est possible qu’en ramenant les brebis en novembre, il n’y en ait plus que 80 au lieu de 110. On a de grandes difficultés à les retrouver. Il faut que ces brebis soient prises en comptent pour l’indemnisation », explique Paul Malleval. Alertés par leur vétérinaire dès le début de l’épidémie, les éleveurs avaient pourtant anticipé la maladie en vaccinant l’intégralité du troupeau en septembre 2023 et mai 2024. « La semaine dernière, nous avons aussi vacciné contre la FCO-3, et nous ferons le rappel dans 15 jours », précise Clémence Malleval. Une vaccination qui leur a permis de limiter la mortalité.

Des difficultés qui se multiplient

Cette crise sanitaire ajoute une difficulté supplémentaire pour les éleveurs ovins. Le Gaec Malleval, déjà touché par la prédation du loup en 2022, doit désormais faire face à la prolifération des vautours qui « ne laissent rien derrière eux », rendant le repérage et l’identification des brebis laborieux. L’élevage ovin, déjà fragile, voit ses éleveurs contraints de « réduire leur cheptel » face à l’accumulation de problèmes. « Au départ, nous avions 220 brebis, mais nous diminuons progressivement notre troupeau et, si cela continue ainsi, nous nous concentrerons uniquement sur notre élevage caprin », témoigne l’éleveur.

Cette visite d’exploitation a permis de mettre en lumière les besoins essentiels des éleveurs. « Il est indispensable que l’État prenne en charge la vaccination contre le sérotype 8, car nous devrons poursuivre la vaccination de masse pour garantir une protection efficace. Nous demandons également une commande groupée de vaccins au niveau national afin de stabiliser les prix et d’assurer la disponibilité des doses », martèle Christel Cesana, présidente de la FDSEA. Depuis le début de la crise, les vaccins font l’objet de spéculations, provoquant une flambée des prix. La dirigeante de la FDSEA souligne aussi l’urgence pour obtenir des aides pour le renouvellement des brebis perdues, afin de reconstituer les troupeaux.

Vers deux pistes pour des aides au renouvellement du cheptel

À ce sujet, le président du Département et vice-président en charge à l’agriculture à la Région, évoque l’engagement du Département à travers le déploiement du plan d’urgence qui octroie aux éleveurs deux euros de remboursement par bête vaccinée pour les vaccins non remboursés. « Au niveau de la Région, nous militons à la reconstruction du cheptel, pour vous accompagner à acheter des bêtes. Nous attendons des services de l’État de créer des passerelles avec des pays frontaliers ou non, pour qu’on puisse avoir des animaux en quantité pour la reconstitution des cheptels. » Paul Malleval, lui n’entend pas de son côté racheter de bêtes pour la reconstitution de son cheptel. « Les agnelles de renouvellement que nous achetons ne s’adaptent jamais bien », déclare-t-il. « Il faut encourager les éleveurs à conserver leurs agnelles et leur troupeau, plutôt que d’envoyer les femelles à l’abattoir. Cette année, nous devrons augmenter notre renouvellement de 20 % à 50 % en gardant toutes nos femelles, ce qui représente une perte importante, car elles ne seront pas vendues. C’est sur cette perte qu’il est nécessaire de nous soutenir. » En favorisant à travers des aides le renouvellement interne, l’éleveur, pointe le fait que l’on évite un risque sanitaire supplémentaire en important la maladie, mais aussi « qu’une bête qu’on élève dès la naissance se comporte mieux qu’une bête qu’on achète ».

Olivier Amrane, conscient de cette réalité, souligne alors néanmoins que « selon la profession, nous allons faire face à une pénurie d’agnelles pour approvisionner les béliers », d’où l’intérêt d’un renouvellement de cheptel en externe.

De son côté, Fabrice Brun, s’interroge sur les aspects réglementaires d’une aide financière pour soutenir le renouvellement interne. Bien que l’efficacité de l’insémination soit discutée, Benoit Claret rappelle que « l’aide à l’insémination peut être utile pour obtenir quelques boucs et béliers, garantir leur disponibilité, et contribuer au renouvellement du troupeau reproducteur ».

Ces aides, qui seront basées sur les bilans d’équarrissage et les effectifs, seront conditionnées à la vaccination du troupeau. « Nous proposerons une solution simple et flexible », promet le président du Département et vice-président régional. Fabrice Brun ajoute que « des discussions sont en cours avec les collectivités, le Département et la Région, pour compenser les pertes financières des éleveurs à long terme. Il faudra évaluer combien d’éleveurs se tourneront vers le renouvellement interne et combien achèteront en externe, afin de déterminer les meilleures aides financières à leur apporter ». Ce dossier sur la crise sanitaire liée à la FCO sera sans doute une priorité pour la nouvelle ministre de l’Agriculture, Annie Genevard, qui a promis des actions concrètes concernant l'agriculture lors de son discours de passation avec son prédécesseur, Marc Fesneau.

M.M.

Clémence Malleval. ©AAA_MM
CHIFFRES CLÉS

Évolution de la FCO

Au 20 septembre, il y avait 226 suspicions en cours et 245 foyers confirmés FCO-8.
Les communes ardéchoises concernées par la zone régulée FCO-3 (91) restent inchangées.
294 communes ardéchoises concernées par la zone régulée MHE.