SALERS
Romane, en lice pour le titre de jeune meneuse

Romane participera au premier concours de jeunes meneurs de la race salers à l’occasion du Sommet de l’élevage. Portrait. 

Romane, en lice pour le titre de jeune meneuse
Plus que dix jours de préparation pour Romane, 9 ans, et Vainqueur, 9 mois, dont les séances de dressage sont suivies de près par Cédric Debladis et Augustin, 5 ans. ©PO

Romane, 9 ans, a déjà son mot d'excuse dans son cahier d'écolière. Le vendredi 4 octobre, elle sera absente, retenue pour une grande occasion : le premier concours de jeunes meneurs de la race salers sur le prestigieux ring du Zénith à la Grande Halle de Cournon. La jeune fille ne sera pas seule face aux juges de la catégorie des 7-9 ans : elle sera accompagnée de son veau fétiche, Vainqueur, 9 mois, qu'elle a vu naître et auquel elle rend visite chaque jour. Ces deux-là sont inséparables. Quand il a été sevré et séparé de sa mère, « dès qu'il a entendu la voix de Romane, c'est vers elle qu'il est allé », se rappelle Cédric Debladis, le père de Romane, éleveur de salers à Compens de Lascelles (Cantal) sous la Croix de Cheules. Lui, il aura précédé sa fille sur le ring avec Union, un bourret de 18 mois, acheté à Jean Toyre de Roannes-Saint-Mary. « C'est un veau porteur de viande, développant, il faudrait qu'il ait davantage une tête de taureau et des canons un peu plus gros », détaille l'éleveur qui aurait dû aussi concourir au National avec une vache qui a dû déclarer forfait suite à une blessure. C'est d'ailleurs un motif de stress pour père et fille : que Vainqueur ou Union ait un pépin d'ici le Sommet de l'élevage. Alors les deux mâles sont bichonnés et l'objet de bien des attentions, mais aussi d'exercices intensifs.

Père et fille : à chacun son concours

Ce mercredi après-midi, c'est Vainqueur qui s'y colle, sans trop d'enthousiasme. « Depuis qu'il est petit, c'est le plus docile, je le brosse, le dresse, le promène, il me reconnaît, mais aujourd'hui il n'a pas trop envie de marcher et le licol s'est cassé », explique Romane, qui, dès que son emploi du temps le permet, file à la stabulation. « Je distribue, je brosse... » « Elle passe sa vie avec les veaux qu'on fait téter matin et soir », l'interrompt Cédric Debladis, le regard bienveillant. Une passion qu'elle partage avec une autre, celle des chevaux, dont trois sont présents sur la ferme. Plus tard, Romane désire marché sur les pas de son père.

En attendant, elle doit encore gagner en confiance pour s'imposer face aux plus de 300 kilos de Vainqueur. L'habituer au bruit, à la lumière... À Cournon, elle devra se présenter, présenter son protégé, le faire défiler. « J'ai commencé à lui parler du concours sans être sûr qu'elle puisse le faire avec un mâle, finalement c'était possible, elle a dit oui et a été retenue », relate Cédric Debladis qui a d'ores et déjà légué Vainqueur à sa fille. « Elle en fera ce qu'elle veut, si elle trouve un acheteur à Cournon, elle peut le vendre. » Une option que décline Romane dont la tenue est déjà prête : chemise blanche à l'effigie de la race acajou, jean et chaussures de rando. Vainqueur sera lui tondu, brossé, son poil mis en valeur par un peu de brillantine, mais auparavant il devra montrer patte blanche : double désinsectisation et prise de sang. Ce début d'octobre s'annonce chargé pour la famille et l'élevage Debladis. Á peine remis de leurs émotions clermontoises, le lendemain-même, ils s'aligneront sur le comice Jordanne-Cère à Saint-Cirgues-de-Jordanne, un nouveau rendez-vous que Romane et Vainqueur ne manqueront pas.

Patricia Olivieri

MARCHÉ

Des veaux bio moins bien payés que des broutards

Cédric Debladis élève 45 mères salers en pur, un cheptel inscrit depuis quatre ans au Herd-book salers. En 2017, dix ans après son installation, il s'est converti en bio, « pour avoir la conscience tranquille sachant que je n'utilisais déjà ni engrais (minéral) ni désherbant » sur ses 120 ha de prairies naturelles (incluant une montagne sous le col de Légal). Via Unebio, ses veaux de 8 mois, abattus à Aurillac, trouvent un débouché dans la restauration collective, mais depuis la crise de la Covid, la valorisation n'est pas au rendez-vous et la viande bio est concurrencée par la certification HVE, déplore l'éleveur de Lascelles. « Par rapport à un broutard, je perds aujourd'hui 80 € par animal, ramenés à 35 € si je prends en compte le prix du vaccin pour l'export. Et côté charges, l'aliment coûte 100 €/t plus cher qu'en conventionnel, il va falloir que les choses changent... » L'agriculteur vend aussi quelques velles pour la reproduction et s’attelle à un patient travail de sélection. « J'aime les vaches élégantes, tout en essayant de garder un peu de viande. J'ai deux styles d'origines : du Gilles Besson et du Rodde de la Montagne », indique-t-il.