NORD ARDÈCHE
Vendanges : des résultats globalement satisfaisants
Alors que la production nationale est annoncée en net recul, les vendanges des Côtes-du-Rhône septentrionales ont débuté en Nord Ardèche sous de bons auspices malgré une conjoncture difficile.
Dans le nord du département, comme dans le sud, la saison viticole a été relativement éprouvante sur le plan sanitaire cette année, particulièrement durant la période végétative, confie Amandine Fauriat, conseillère en viticulture à la chambre d’agriculture d’Ardèche pour les côtes-du-rhône septentrionales. « La vigne a subi des attaques de mildiou dès le début du printemps qui ne se sont pas arrêtées jusqu’à l’été, et d’une intensité à laquelle nous ne sommes pas habitués. Sur certaines parcelles, tous les pieds avaient des taches. » Une situation imposant beaucoup de travail pour lutter contre la pression du mildiou, particulièrement éprouvant sur des vignes situées en coteaux comme celles des côtes-du-rhône septentrionales. « En termes de temps et de charge de travail, de coût de production aussi, ça a été exceptionnellement contraignant. La pénibilité du travail en coteaux est exacerbée avec des années comme ça », confie Lionel Fraisse, gérant associé du Domaine Alain Voge à Cornas.
Des vendanges entamées « sereinement » mi-septembre
Les stades avançant, la vigne s’est montrée moins sensible à partir de mi-juillet. L’arrivée des températures estivales ainsi que du mistral ont réduit encore un peu plus la pression sanitaire et permis un bon développement de la vigne par la suite.
Après quelques épisodes de pluies bénéfiques survenus début septembre, les vendanges des appellations Cornas, Condrieu et Saint-Péray ont commencé « sereinement » autour des 13 et 14 septembre, avec un bon avancement de maturité et des équilibres satisfaisants. « L’année a été compliquée mais on est très content du résultat, c’est ce qui compte. La qualité des raisins est parfaite, les équilibres sont bons », témoignait en début de vendange Stéphane Robert du Domaine du Tunnel à Saint-Péray.
Progression des maturités et fragilité du raisin
La semaine dernière néanmoins, après une météo froide durant plusieurs jours, l’annonce de précipitations a pressé les vignerons qui ont dû faire preuve de vigilance et de réactivité. Avec un raisin très fragilisé par les conditions météorologiques de l’année, le risque sanitaire était encore bien présent et les maturités attendues n’étaient pas forcément toutes au rendez-vous, laissant envisager beaucoup d’hétérogénéité dans le millésime 2024.
La Cave de Saint-Désirat, qui a réalisé la vendange de Condrieu entre le 16 et le 18 septembre, a entamé doucement celle de Saint-Joseph le 18 septembre. « Ça ne parait pas trop mal aujourd’hui, les couleurs sont intéressantes, les degrés ne sont pas exceptionnels, tant mieux, le marché n’en prend plus, mais le raisin manque de maturité, c’est encore peu ramassable selon nos critères », expliquait ce jour-là son directeur Christophe Claude. Le cœur des vendanges de la Cave de Saint-Désirat, qui dispose d’outils suffisamment importants pour assurer l’entrée de grands volumes de récolte sur quelques jours, devrait ainsi commencer cette semaine et s’étaler sur une dizaine de jours. « Nous irons au bout de la maturité des raisins et donc de leur fragilité. Nous sommes dans une phase de déconsommation d’où la nécessité d’avoir un super millésime et pour ça de ramasser un super raisin. Un millésime loupé, c’est un an de galère dans un marché national et international tendu. Nous sommes dans un environnement un peu protégé ici avec nos appellations mais l’arrachage des Côtes-du-Rhône est à nos portes, l’environnement global n’est pas bon. »
Une baisse de volumes de récolte annoncée en blancs
Dans le sud du vignoble des côtes-du-rhône septentrionales, la récolte s’annonce bonne globalement, confie Cyril Courvoisier, président du syndicat des vignerons de l’AOC Cornas et vigneron sur la commune. « Certes il n’y a pas de grosse maturité mais des équilibres et des maturités phénoliques intéressants, sur les tanins, les couleurs, l’amertume, en travaillant sur un niveau qualitatif très élevé. » En Cornas, « les quantités sont stables et la qualité correspond à un millésime un peu tardif, moins concentré, qui dénote par rapport aux habitudes mais dont le marché est friand ».
Pour les blancs Saint-Péray, la qualité est au rendez-vous mais une baisse conséquente de volumes de récolte est annoncée, en raison de la pression du mildiou « même en ayant été très rigoureux sur la protection phytosanitaire », indique Lionel Fraisse, président de l'organisme de défense et de gestion (ODG) de l'AOC Saint-Péray. Pour les rouges, « la qualité est au rendez-vous avec une quantité modeste mais correcte au regard de la saison météo », ajoute-t-il.
A.L.
La grêle et le mildiou engendrent des « pertes localisées »
Globalement le mildiou a causé quelques pertes pour certains vignerons en Sud Ardèche : « On avait une très belle sortie de raisins mais un développement du mildiou important, qui a engendré des pertes localisées et des vendanges altérées », indique Cyril Jaquin, président de l’Union des Vignerons Ardéchois. Néanmoins, la grêle du 12 juillet a davantage impacté les exploitations sur ce secteur, ajoute-t-il, à raison de 15% de la surface globale de l’Union, des Cévennes jusqu’au sud du Coiron.
Entamées le 21 août en Sud Ardèche, les vendanges se poursuivent et devraient prendre fin autour de la première semaine d’octobre. « Nous avons débuté les vendanges de bonne heure, mais avec le temps froid de septembre les maturités ont été longues à arriver, donc on a commencé timidement à rentrer les rouges la semaine dernière », ajoute-t-il. « Aujourd’hui le raisin est fragile et va le devenir de plus en plus en avançant, mais il faut être conscient de devoir pouvoir rentrer des raisins suffisamment mûrs pour les rouges, être patient même si la pluie est annoncée. On devrait finir la première semaine d’octobre si on arrive à vendanger avec la météo, mais les volumes rentrés jusqu’à présent sont de très bonne qualité. »