CONSEIL RÉGIONAL
À la Région, « nous sommes à l’écoute des agriculteurs »
Fabrice Pannekoucke a été élu président de la Région en septembre dernier. À la veille de l’un des plus grands rendez-vous agricoles annuels d’Auvergne-Rhône-Alpes, l’élu savoyard donne sa vision de l’agriculture.
Vous venez de prendre la présidence de la Région Auvergne-Rhône-Alpes. Quelles sont vos ambitions et lignes directrices pour ce mandat ?
Fabrice Pannekoucke : « Je serai un président, comme j’ai été un vice-président, avec ce qui me caractérise : l’amour du terrain, l’écoute des uns et des autres et la volonté de trouver des solutions sur les sujets sur lesquels nous sommes sollicités. Je pense que c’est comme cela que la politique doit être conduite et c’est ainsi que nous aimons la conduire en Auvergne-Rhône-Alpes. Sur les lignes directrices, il n’y a pas de grands changements. Nous sommes dans la poursuite du mandat que nous avons mis en œuvre avec Laurent Wauquiez, et qui nous a été confié par les Aurhalpins depuis 2015 et renouvelé en 2021. Concernant l’agriculture, nous travaillerons en étroite collaboration avec le nouveau vice-président en charge de l’agriculture qui est Olivier Amrane. Comme pour le reste, il y aura une continuité de l’action notamment pour les plans de filière qui viennent d’être tous renouvelés. »
Auparavant, vous étiez vice-président de la Région en charge notamment de l'agriculture. Quel regard portez-vous sur l'agriculture régionale ? Comment voyez-vous son avenir ?
F. P. : « Je suis très fier et très reconnaissant vis-à-vis de nos agriculteurs par ce que nous leur devons beaucoup. Nous savons que ce n’est pas facile au quotidien, mais nous avons une agriculture formidable, riche d’une très grande diversité avec l’ensemble des filières qui la compose. Nous sommes leaders sur de nombreux sujets et productions. Notre agriculture se caractérise aussi par sa qualité. Toutefois, nous ne pouvons pas ignorer la crise que nous traversons et celle que nous avons traversée. Nous nous trouvons face à de grands bouleversements mis en lumière notamment par les grandes manifestations de début d’année. Dans ce contexte, nous faisons face à du désarroi et il est urgent que nous ayons un ministre de l’Agriculture engagé. [L’interview a été réalisée le 12 septembre avant la nomination de la nouvelle ministre de l’Agriculture. NDLR]. »
Quel message souhaiteriez-vous faire passer à la ministre de l’Agriculture ?
F. P. : « Il y a beaucoup d’attentes et il faut commencer par écouter ce que la profession a à dire sur les sujets. On a besoin d’être dans une forme d’efficacité, parce que l’agriculture n’est pas une compétence sur laquelle on peut être dans la posture. Il faut être en prise directe sur les sujets. Il faut porter un regard objectif sur la situation et mettre en œuvre sans délai les actions attendues, soit tout ce qui a été promis dans le projet de loi d’orientation agricole. Il y a, par ailleurs, un contexte normatif, particulièrement oppressant, dans lequel on a écrasé les acteurs de l’agriculture. Le ministre dans ses premières actions doit aussi être à l’écoute de ces sujets-là. J’ai également envie de lui rappeler que nous avons d’importants rendez-vous devant nous comme le Sommet de l’élevage ce début octobre. Il faut que notre ministre vienne sur le terrain pour entendre ce que la profession a à lui dire. »
Alors que le Sommet de l’élevage ouvre bientôt ses portes, que la France et la région connaissent une situation sanitaire délicate avec la fièvre catarrhale ovine (FCO) et la MHE… Quel message souhaitez-vous faire passer aux éleveurs régionaux ?
F. P. : « Avant toute chose, je veux leur rappeler que nous sommes à leur écoute et nous sommes là pour les encourager à tenir. Il va falloir travailler à retrouver le capital productif et la pleine mesure de notre agriculture d’Auvergne-Rhône-Alpes. »
Un soutien de la Région est-il envisagé pour accompagner les agriculteurs dans cette phase difficile ?
F. P. : « Nous avons beaucoup travaillé avec la profession sur cette question. Notre place n’est pas tant sur les vaccins et les analyses. Cela relève de l’État. Il faut d’ailleurs qu’il y ait une prise de mesures sans délai sur cette question-là. Un sujet sur lequel nous avons à l’échelle nationale perdu la main car les vaccins aujourd’hui ne sont plus fabriqués en France. Notre travail, à nous Région, est d’alerter, appeler en urgence pour que des mesures soient prises. Notre mission est également d’être dans un acte de production. Aujourd’hui, nous réfléchissons donc à comment accompagner les éleveurs pour recomposer l’outil productif, le cheptel. Il ne faut pas oublier que pour que les exploitations puissent fonctionner, il faut qu’elles produisent et pour produire il faut un capital productif qui ait la capacité de se reproduire. »
Où en est le projet de la troisième grande halle à Cournon d’Auvergne ? La question du stationnement est également prégnante. Qu'en est-il ?
F. P. : « La question du stationnement nous a en effet beaucoup occupés ces derniers mois. Nous avons convoqué à plusieurs reprises les instances locales pour que nous puissions nous retrouver autour de la table pour débattre ensemble autour de cette problématique et identifier des solutions. Aujourd’hui, j’en suis convaincu, nous allons passer une édition 2024 où les visiteurs vont pouvoir stationner leur véhicule sans difficulté. Je remercie d’ailleurs les interlocuteurs qui se sont mobilisés sur ce dossier. Pour les années à venir, nous continuons de travailler pour construire une trajectoire d’avenir et durable sur cette problématique en prenant en compte bien évidemment les besoins du Sommet, mais également ceux de l'ensemble du site de Cournon avec le Zénith, et nos projets d’avenir. Concernant la halle complémentaire, le travail est ouvert. On ne précipite pas les choses. »
Où en est le test du paiement direct des aides Feader1 ?
F. P. : « C’est un sujet sur lequel nous travaillons. Avec l'Agence de services et de paiement (ASP), les choses se sont améliorées grâce notamment aux multiples échanges et rencontres qu’il y a eu. Je ne peux que rendre hommage à Emmanuel Ferrand pour tout le travail qu’il a mené. Nous continuons à œuvrer à une trajectoire d’avenir où nous pourrions être en paiement direct. Quoi qu’il en soit, il doit être imaginé pour la prochaine programmation. Notre objectif étant toujours de payer dans les meilleures conditions et dans le meilleur calendrier. »
Où en est l’actuelle programmation Feader ?
F. P. : « Nous avons su être au rendez-vous grâce à nos équipes mobilisées partout sur le terrain dans chaque département. Nous avons même une dynamique qui nous dépasse. Nous avons doublé nos objectifs à date. 10 000 dossiers ont été déposés depuis l’ouverture des vingt-six mesures. La dotation jeune agriculteur est payée depuis un an et nous sommes entrés dans la phase de paiement des mesures bâtiment. À début juillet en France, il faut souligner que pratiquement la moitié des dossiers déposés de la nouvelle programmation l’ont été en Auvergne-Rhône-Alpes. »
Qu'en est-il de l'avance de trésorerie remboursable à taux zéro ?
F. P. : « Là aussi, nous avons rencontré un joli succès. Nous l’avons mise en place à un moment où l’État était défaillant. Nous ne souhaitions pas laisser la profession agricole en difficulté quand les taux d’intérêt et les coûts de travaux étaient au plus haut. Aujourd’hui, la Région a payé les avances des dossiers des agriculteurs pour 9 millions d’euros. En complément, ont été ajoutés 10 millions d’euros pour renforcer les investissements dans les exploitations, soit 20 millions supplémentaires sur le budget agricole portant le budget total à un montant historiquement élevé de 130 millions d’euros, soit le plus important de France. »
Propos recueillis par Marie-Cécile Seigle-Buyat
1. Feader : Fonds européen agricole pour le développement rural.