MISS & MISTER FRANCE AGRICOLE
Ils représentent l’agriculture française !

Organisée depuis plus de dix ans dont trois années en partenariat avec Mutualia1, l’élection de Miss et Mister France Agricole entend valoriser celles et ceux qui font vivre l’agriculture française ! Rencontre avec sa dernière ambassadrice en date : Lou-Anne Jannel, éleveuse de brebis en Ariège élue en décembre dernier.

Ils représentent l’agriculture française !
Lou-Anne Jannel assure aujourd’hui une double activité agricole : un élevage de brebis et un emploi de salarié pour le service de remplacement. ©DR

L’élection de Miss France Agricole, organisée en décembre dernier via les réseaux sociaux en partenariat avec Mutualia, a présenté de multiples candidates, toutes inscrites dans le monde agricole. Les votes des internautes ont permis de sélectionner une vingtaine d’entre elles avant d’élire Lou-Anne Jannel, une éleveuse de brebis âgée de 23 ans originaire de Mirepoix (09) en Occitanie. Cette dernière avait participé à l’élection avec l’envie avant tout « de mettre en avant l’Ariège et de faire parler de notre profession », explique la jeune femme. « J’ai découvert l’élection au Salon international de l’agriculture en 2023 en rencontrant Pauline, l’ancienne Miss Agricole. J’ai trouvé le concept top et je me suis dit que j’allais essayer. C’est une manière amusante de faire parler de la profession et du milieu agricole, puis de mettre en avant la place des femmes. » Et ce sont bien les objectifs de cet événement, qui invitent les futurs et jeunes exploitants à s’exprimer sur leur métier, leur savoir-faire, leurs parcours à l’installation, les problématiques de leur filière ou encore la place des femmes dans le milieu agricole. « On fait un métier passion », ajoute Lou-Anne Jannel. « C’est important de la transmettre, transmettre aussi la diversité de notre métier et nos savoir-faire. Et avec les réseaux sociaux, on peut toucher un large public. »

Portrait d’une jeune éleveuse en cours d’installation

Diplômée d’une licence de droit spécialisée en sciences criminelles et d’un BPREA, Lou-Anne Jannel n’a pas vraiment baigné dans le milieu agricole. Elle est tombée dedans à l’âge de 13 ans, en échangeant avec un éleveur de brebis qui exposait ses animaux durant les Fêtes historiques de Mirepoix. Une rencontre déterminante. « J’ai visité sa ferme, je n’arrêtais pas d’y aller, puis il m’a offert deux brebis. Après je n’ai jamais cessé d’aller au contact des animaux d’élevage et petit à petit j’ai monté mon troupeau. » Elle assure aujourd’hui une double activité agricole : cette activité d’éleveuse de brebis et un emploi de salarié pour le service de remplacement. « Jusqu’en février 2025, j’assure un remplacement dans un élevage ovin viande système transhumant. Je m’occupe des mises bas, de l’alimentation, de la gestion du troupeau, de la gestion de l’estive en ce moment », précise-t-elle. « À côté de ça, j’élève une trentaine de brebis de race Tarasconnaise à mon compte. D’ici la fin de l’année j’en aurais une centaine, je rachète un cheptel. » Son compagnon, quant à lui, élève des porcs noirs gascons en plein air. Tous deux projettent de s’installer en Gaec en avril 2025. « Nous avons le projet d’élever 100 cochons engraissés à l’année, s’occuper de la transformation et vendre en direct avec la création d’un site Internet et sur les marchés. Pour l’atelier ovin, je prévois de travailler en système transhumant et de commercialiser la viande d’agneau en vente directe. J’ai pour projet aussi de lancer un petit atelier laitier sur la ferme mais les investissements sont très importants, surtout quand on est en hors cadre familial, donc les choses se feront petit à petit. »

Transmission et défense de l’agriculture française

Ce parcours, elle le partage volontiers à travers son élection de Miss France Agricole. « On essaye d’expliquer comment on peut devenir agriculteur, communiquer sur les études à faire… Beaucoup de personnes ne savent pas comment s’y prendre car il y a de plus en plus de hors cadre qui s’installent, mais il n’y a pas de parcours parfait ni de parcours atypique », confie Lou-Anne Jannel. Défendre la profession agricole est aussi au cœur des messages laissés par les candidats à l’élection. « On a une profession en grande difficulté avec des agriculteurs qui n’arrivent pas à vivre de leur métier alors qu’on travaille plus de 70 heures par semaine », ajoute la jeune éleveuse. « Ça ne me dérange pas, je ne les vois pas passer, mais ce n’est pas normal de ne pas arriver à s’en sortir. »

Défendre la place des femmes dans le milieu agricole est également au cœur des missions de l’élection. « Certaines femmes n’osent pas se lancer en agriculture, par peur de ne pas être capable, de ne pas avoir le physique, donc c’est important de prouver que l’on peut y arriver », ajoute Lou-Anne Jannel, qui entend aussi lutter contre les préjugés. « Il y a de plus en plus de femmes au sein de la profession agricole mais il y a encore des préjugés. Je le vois en tant que salarié, souvent on me dit « non mais laisse je le ferai » ou « ne te fais pas mal ». Il y a toujours l’idée reçue qu’une femme n’est pas capable ! »

Le partenariat entre Mutualia et l’association organisatrice de l’élection est plus que bienvenu selon elle : « C’est toujours bien d’avoir du soutien pour faire parler de l’agriculture et des jeunes qui s’installent. Ça donne un petit coup de pouce à l’association, puis de l’ampleur et de la visibilité à l’évènement. »

A.L.

1. Complémentaire santé et prévoyance.

Une élection qui porte « la voix des jeunes générations »
Après avoir participé au Salon international de l’agriculture à Paris en février dernier, Benjamin Cucchietti se rendra au Sommet de l’élevage, avec son homologue féminine, Lou-Anne Jannel. ©DR
RENCONTRE

Une élection qui porte « la voix des jeunes générations »

Arboriculteur dans les Alpes-de-Haute-Provence, Benjamin Cucchietti a quant à lui reçu le titre de Mister France Agricole.

Arboriculteur à Sisteron (04) en Provence-Alpes-Côte d'Azur, Benjamin Cucchietti produit principalement des pommes et des poires, du lavandin et du tournesol semences sur les parcelles de renouvellement des vergers, sur une cinquantaine d’hectares. Sa production de fruits est vendue en grande partie à un grossiste dans le Vaucluse, qui s’occupe du stockage, du conditionnement et de la revente aux grandes et moyennes surfaces (GMS). « Le lavandin est une production que j’ai lancée il y a 5 ans mais le marché n’est plus rentable. D’ici l’année prochaine, j’ai pour projet de me lancer dans les amandes », ajoute ce jeune exploitant âgé de 28 ans, installé avec sa mère sur l’exploitation familiale (SCEA Le Haut Soleihet) depuis 2018, à la suite du départ en retraite de son père.

En décembre dernier, Benjamin Cucchietti a été élu Mister France Agricole. Une distinction partie « d’une petite blague entre copains », qui permet finalement de « mettre en avant ma production de pommes et de poires, notamment celle de la Pomme des Alpes de Haute-Durance », explique-t-il. Une pomme d’altitude produite entre 500 et 1 000 mètres et valorisée par une IGP, « de qualité gustative supérieure à d’autres productions françaises car nous avons des écarts de températures assez conséquents entre le jour et la nuit, donnant à la pomme plus de sucre. Pour d’autres variétés spéciales, comme la Golden, qui s’acclimate bien à notre terroir, on arrive aussi à faire de meilleures pommes gustativement ».

« Maintenir des exploitations familiales et non industrielles »

Loin de n’être qu’une remise d’écharpe, le titre de Mister France Agricole lui a permis de rentrer en contact avec des professionnels de la filière pomme et poire au niveau national. « C’est intéressant car il y a pas mal de sujets qui m’intéressent autour de ces cultures », indique l’arboriculteur. « Durant les salons, on porte aussi la voix des jeunes générations, surtout pour faire de l’installation. Aujourd’hui on a beaucoup d’exploitations qui arrêtent car il n’y a pas de reprises derrière, il faut encourager ses reprises, pour maintenir des exploitations familiales et non industrielles. » Après avoir participé au Salon international de l’agriculture à Paris en février dernier, il se rendra au Sommet de l’élevage en octobre, avec son homologue féminine, Lou-Anne Jannel.

Durant l’élection, « on est invité à témoigner de son parcours à l’installation, montrer la jeune génération qui reprend le flambeau, s’exprimer sur ce qu’on pense de l’agriculture française, ses enjeux, ce qu’il faudrait faire pour que ça aille mieux », confie-t-il. « Mon parcours à l’installation n’a pas été particulièrement difficile, c’est un parcours assez classique de reprise familiale, avec le renouvellement de vergers, la plantation de nouvelles variétés, la remise en production de poires… » Un témoignage qui ne manque pas pour autant de souligner qu’ « il faut beaucoup de courage pour faire ce métier et il vaut mieux le faire avec passion et correctement, pour soi et pour avoir une bonne vision auprès de tous nos consommateurs ».

A.L.