Marc Fesneau et Agnès Pannier-Runacher se sont rendus au congrès de la FNPF le 15 février à Perpignan. Il s’agissait de la première sortie des deux ministres depuis la nomination de la ministre déléguée. Ils se sont prêtés au jeu des questions réponses avec les arboriculteurs.
Cette année « nous avons deux ministres », s’est félicitée Françoise Roch, présidente de la FNPF en accueillant Marc Fesneau et Agnès Pannier-Runacher. Après le moment d’accueil, les débats ont pu commencer, avec gravité et dans un climat où la tension était palpable. « L’épisode d’actions agricoles attend des réponses concrètes et rapides », a souligné Luc Barbier, secrétaire général de la FNPF. « Mais nous avons le sentiment que cela ne suit pas ». Arboriculteur dans la Loire, Henri Mazenod a interpellé les ministres sur l’arrêté abeilles et les contrôles. « Les arboriculteurs ont la boule au ventre avant de reprendre les traitements », a-t-il expliqué. Pour lui « les agents de l’Office français de la biodiversité (OFB) sont des militants ». L’année dernière, dans son département, la MSA a reçu plusieurs appels d’arboriculteurs sur sa ligne d’urgence au moment de ces contrôles. « Il faut remettre de l’équilibre, reconnaît Marc Fesneau. Pour que les contrôles se passent bien, il faut des règles, un cadre. Il faut que l’on ait une doctrine du contrôle ». Le ministre a confirmé l’objectif de « réaffirmer le principe de l’autorité du préfet sur les contrôles de l’OFB ». La question suivante concernait le sujet de l’eau. « Malgré l’abondance de pluies, l’administration ne nous laisse pas faire de réserves », a témoigné un producteur du Tarn-et-Garonne. Marc Fesneau a rappelé les engagements du gouvernement de réduire les délais de contentieux dans l’instruction des projets de réserves d’eau. « On va changer les normes, on va simplifier, a-t-il assuré. Tout ce qui peut se faire par décret, on va le faire. Tout ce qui doit être dans la loi, ce sera dans la loi d’orientation ». Président de l’Association nationale pommes et poires (ANPP), Daniel Sauvaitre s’est inquiété de l’interdiction en France des plastiques pour certains colis de fruits et légumes, alors que le règlement européen n’est pas encore finalisé et publié. La filière considère que c’est une forme de « surtransposition ». « Ce n’est pas une surtransposition, c’est une prétransposition », a tenté de répondre le ministre. « Mais il y a un risque d’insécurité juridique, a reconnu la ministre déléguée. Il faut donc sécuriser juridiquement la situation dans l’attente du règlement européen. »
Écoute sans réponse
Françoise Roch a évoqué le sujet des produits phytosanitaires. « Le président de la République a dit : pas d’interdiction sans solution, il faut alors se battre au niveau européen sur toutes les molécules en attendant que nous ayons des solutions alternatives ! » demande-t-elle. « Il faut arrêter de surtransposer a reconnu le ministre. Il faut avoir une synchronisation des décisions avec l’Anses et appliquer la reconnaissance mutuelle. Il est nécessaire d’accélérer la mise sur le marché, soit en chimique, soit en biocontrôle, des nouvelles molécules ». Marc Fesneau propose également que les services soient plus rapides sur la dérogation 120 jours « qui parfois arrive trop tard, où qui est trop courte ». « La règle européenne existe, à un moment, il faut savoir utiliser les choses bien eu Europe », lui a répondu Luc Barbier. Le jeu des questions-réponses s’est poursuivi. À chaque fois, les ministres ont tenté de répondre, mais sans convaincre ! Les ministres « nous écoutent, mais nous n’avons pas de réponses », a déploré Françoise Roch.
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