CHANGEMENT CLIMATIQUE
Comment prévenir les risques d'aléas climatiques ?

Alors que les évènements climatiques ne cessent de se multiplier, il existe des techniques pour se protéger des risques de perte, notamment en arboriculture et en viticulture.

Comment prévenir les risques d'aléas climatiques ?
Parmi les modes de protection contre la grêle qui se développent figurent les filets anti-grêle. ©Sefra

Depuis quelques décennies, le changement climatique se fait de plus en plus visible, avec une multiplication d'évènements marquants et une intensification des dégâts. De plus en plus de zones géographiques sont touchées. Et plus aucune culture n'est épargnée. Face à ce constat, le législateur a réformé en profondeur le système de l’assurance récolte. Mais les arboriculteurs et viticulteurs cherchent également à protéger leurs cultures, avec différentes méthodes, plus ou moins éprouvées.

Face à la grêle, les filets sont rois

Afin de prévenir les risques de grêle, des systèmes de lutte collective ont été mis en place depuis plusieurs années. « Il s'agit de systèmes d'ensemencement des nuages qui visent à libérer les précipitations en amont avant leur transformation en grêlons », explique Christophe Gratadour, responsable d'équipe arboriculture et maraîchage à la chambre d'agriculture du Rhône, pour qui « on pense que c'est efficace mais c'est impossible à prouver scientifiquement ». « Et on fait face à des orages de plus en plus violents et des orages supra-cellulaires face auxquels ces techniques ont plus de mal à agir », ajoute son collègue Pascal Hardy, responsable du pôle productions et filières à la chambre d'agriculture du Rhône. Des modes de protections individuels se développent aujourd'hui, autant en arboriculture qu'en viticulture. « Il s'agit de filets anti-grêle. Ce sont des protections physiques éprouvées puisqu'on les utilise depuis plus de 30 ans sur les vergers de pommes et que cela se développe sur la cerise », relate Christophe Gratadour. En viticulture aussi, un système de tunnels existe et permet de se protéger contre la grêle. « Mais cela coûte aux alentours de 15 000 € par hectare et dure entre 7 et 9 ans, explique Pascal Hardy. Alors bien souvent, on ne peut pas protéger l'ensemble du vignoble. On commence par les parcelles à haute valeur ajoutée. Et on se protège petit à petit. » Autres bémols, selon Guillaume Delanoue, ingénieur à l'Institut français du vin : « Cela complique le travail sur la vigne. Et cela peut avoir un effet de serre ».

Face au gel, des moyens multiples mais limités

Pour lutter contre le risque de gel, il existe une multitude de techniques. « Des moyens de fortune tels que les bougies antigel ou les feux de bottes de paille », estime Pascal Hardy. « Les bougies sont efficaces mais c'est très coûteux », estime quant à lui Christophe Gratadour. D'autres sources de chaleurs telles que les mini-chaudières ou les radiateurs oscillants existent. « Mais dans tous les cas, cela peut fonctionner jusqu'à -3°C ou – 4°C. Au-delà, l'efficacité est plus aléatoire et économiquement, ce n'est pas viable », nuance Christophe Gratadour. Guillaume Delanoue mène quant à lui une étude sur les tours à vent, efficaces contre le gel radiatif mais qu'il faut coupler avec un système de chauffage en cas de gel advectif. Pour lui, « ce qui marche le mieux c'est l'aspersion mais il faut compter 30 à 40 m3 d'eau par heure et par hectare. Et il faut asperger en continu jusqu'à la fin du gel sinon cela aggrave la situation. Des chercheurs testent aujourd'hui des systèmes de micro-aspersion, moins consommateurs ».

Des essais face à la sécheresse et à la pluie

De l'avis des différents spécialistes, les risques liés à la pluie restent limités (hormis en cerise). « Et on ne peut pas faire grand-chose, à part au préalable aérer le plus possible ses cultures », estime Christophe Gratadour. En viticulture, cela impliquera une vigilance accrue face au développement de mildiou ou au black-rot. Quant aux risques liés à la chaleur et à la sécheresse, arboriculture et viticulture ne sont pas logées à la même enseigne mais semblent tous deux assez désemparés. En arboriculture, le verger expérimental de cerises de Saint-Laurent-d'Agny teste, à travers le projet SMHARTER un couplage de goutte-à-goutte automatisé déclenché par sondes tensiométriques et de micro-aspersion couplé à des dendromètres pour faciliter la prise de décision. En viticulture, « des essais portent sur l'efficacité de l'agroforesterie et de méthodes de sol vivant visant à mieux retenir l'eau dans les sols », explique Pascal Hardy. Et les espoirs se tournent vers la recherche concernant des variétés et des porte-greffes plus résistants à la sécheresse. Pour Christophe Gratadour, c'est une évidence mais il tient à le rappeler : « Le premier moyen de lutte, c'est la prévention des risques à travers le choix de la variété et de la parcelle adaptée ». Et Guillaume Delanoue d'ajouter : « La méthode de prophylaxie qui marche également très bien c'est le morcellement des parcelles ».

Leïla Piazza