ÉDUCATION
Des élèves à la découverte des métiers agricoles

Pauline De Deus
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Dans le cadre du dispositif Atout Collège1 initié par le Département de l’Ardèche, 40 internes de collèges ardéchois ont participé à une visite découverte des métiers de l’agriculture sur la ferme caprine expérimentale du Pradel, mercredi 15 mai.

Des élèves à la découverte des métiers agricoles
Clarisse Balagny, directrice de l’exploitation agricole caprine et viticole, explique comment se passe la traite. ©AAA_MMartin

« Il y aura environ 40 % de départs à la retraite d’ici 10 ans. Ceux qui sont dans nos établissements ne suffiront pas, il faut aller les chercher dans les collèges et provoquer la rencontre », constate Matthieu Prévost, proviseur du lycée agricole Olivier de Serres, dont fait partie le site du Pradel.

Face au défi du renouvellement de génération, l’objectif de cette journée découverte est « de sensibiliser les jeunes et de semer une graine dans la tête des élèves pour qu’ils envisagent l’option des métiers du vivant, car ils ne s’imaginent pas que c’est un métier qui pourrait leur convenir », explique Sylvain Balmelle, vice-président de la chambre d’agriculture, éleveur caprin et producteur de fromages à Ribes, présent pour accueillir les élèves.

Les collégiens, scindés en deux groupes, ont pu découvrir la chèvrerie ses fonctions et la vie d’une chèvre, à travers l’enseignement de Clarisse Balagny, directrice de l’exploitation agricole caprine et viticole et du témoignage de Sylvain Balmelle sur son métier. Après avoir partagé son parcours, l’éleveur a tenu à expliquer aux collégiens, à quel point conserver la souveraineté alimentaire du pays est un enjeu primordial. « On aura toujours besoin de s’alimenter. Les consommateurs souhaitent privilégier le circuit court et manger de qualité. C’est un métier qui a du sens, car on nourrit la population. Il n’y a pas deux jours dans la semaine où je fais la même chose. »

De primes abords, l’enthousiasme est limité parmi les collégiens qui, aux métiers du vivant, préfèrent envisager une carrière de footballeur, boxeur ou d’informaticien… « C’est difficile, ils sont à un âge où on leur demande déjà de choisir ce qu’ils veulent faire et leur désir n’est pas forcément à la hauteur des réalités, mais on aura besoin d’informaticiens dans l’agriculture ! », affirme Matthieu Prévost. « Il va aussi falloir qu’on s’approprie un autre message à propos de l’organisation du travail, pour rendre moins pénibles les activités agricoles : ce n’est pas incompatible d’allier technologie et performance de production. »

« Continuer à créer des trajectoires »

« Depuis quelques années, on observe une modification de l’approche du métier, ou on envisage de vivre de l’agriculture sans forcément avoir une vocation d’entrepreneur. Il faut donc continuer à créer des trajectoires », analyse le directeur d’établissement. « Il va falloir former des salariés d’exploitation, mais aussi des chefs d’entreprise », ajoute Sylvain Balmelle. Au sein même de la formation agricole, des changements sont à opérer pour, par exemple, « intégrer dans un diplôme des formations de manager pour les futurs responsables d’exploitations ».

Même constat sur les conditions de travail, pour rendre les métiers de l’agriculture plus attrayants et dépoussiérer les a priori : d’autres modèles économiques sont envisageables. Sylvain Balmelle, fait part de son expérience, où trois associés se partagent l’exploitation : « Cela nous permet de nous rapprocher d’un mode de vie presque équivalent au reste de la population, avec 5 semaines de congé par an ».

Au fil de la visite, de petits groupes d’élèves se forment. D’abord aimantés par les chèvres, leurs caresses sur les têtes des petits ruminants se multiplient. Pourtant, quelques minutes après, par grappe de 2 à 3 élèves, les collégiens, curieux, s’approchent de l’éleveur et posent des questions. « Ils veulent savoir ce que mangent les chèvres, pourquoi elles sont dans des lots séparés, comment on transforme le lait en fromage… Ils sont intéressés », sourit Sylvain Balmelle. Preuve que l’initiative a peut-être porté ses fruits.

Parmi les élèves, Zoé, élève de 4e au collège Georges Gouy à Vals-les-Bains, est intéressée par les animaux et l’élevage, au point d’envisager d’effectuer un stage d’observation des métiers de l’agriculture. « C’est une semaine d’immersion pour découvrir les activités d’une exploitation, leur montrer toutes les étapes. » Ces stages sont ouverts à partir de la classe de 4e pour tous les élèves et étudiants, et s’effectuent hors période scolaire. La chambre d’agriculture valide la mise en œuvre du stage d’observation en établissant la convention entre l’établissement scolaire et l’entreprise. De leur côté, les assistants d’éducation accompagnant les élèves l’assurent : « Depuis qu’on organise des journées découvertes des métiers, ils arrivent avec des préjugés et à la fin de la journée, ils sont ravis ! »

M.M.

1. Dispositif lancé par le Département de l’Ardèche pour faciliter le financement des projets éducatifs dans les collèges.

En petit groupe, les collégiens s’approchent pour demander plus de détails sur le métier d'éleveur. ©AAA_MMartin