VITICULTURE
IGP Ardèche : « Nous avons un poids, à nous de nous faire entendre »

Pauline De Deus
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L'assemblée générale de l'IGP Ardèche, tenue le 27 mai au domaine Olivier de Serres à Mirabel, a abordé les défis de la filière viticole en crise. Les discussions ont porté sur les outils de commercialisation et les stratégies de communication pour valoriser l'IGP.

IGP Ardèche :  « Nous avons un poids, à nous de nous faire entendre »
Marine Gayrard, directrice d'Intervins Sud-Est est intervenue pour expliquer le fonctionnement de l'outil VIP2C. ©AAA_MMartin

Face aux aléas climatiques et à la crise viticole, la question s’est posée lors de cette assemblée de faire appel ou non à l’outil de régulation de l’IGP, VIP2C (Volume individuel de production commercialisable certifié), déjà plébiscité en 2022 par l’IGP Méditerranée qui s’est dotée d’une réserve glissante en rosé pour mieux maîtriser ses volumes commercialisés. « On est déséquilibré entre l’offre et la demande. On produit plus que ce qu’on vend. Nous espérons que cette mesure de régulation de production nous aide à sortir de la crise », a informé le président de l’IGP Méditerranée, Thierry Icard, présent lors de cette assemblée.

En ce qui concerne l’IGP Ardèche, si aucun choix n’a encore été acté, l’outil semblerait pertinent pour le vin rouge, plus difficile à vendre. « C’est un outil pour labelliser ce qu’on est capable de vendre », a précisé Jérôme Volle, président adjoint, avec Marc Dejoux, de l’IGP Ardèche.

Une communication dynamique pour 2023

Romain Vignal, président de l’association de promotion des vignerons et des vins du Sud Ardèche, 2 000 Vins d’Ardèche, est revenu sur les actions de communications mises en œuvre au cours de l’année 2023 afin de valoriser l’IGP.

Avec un budget global pour la communication de 96 000 €, répartis entre les cotisations et les subventions à hauteur de 27 000 €, des actions de communication spécifiques et transversales ont pu être menées pour 2023. « Il est important de présenter nos vins et d’en être ambassadeur », a rappelé le vigneron. Des journées de dégustation et accueil de la presse ont été organisées en 2023. L’IGP était également représentée lors de plusieurs salons, au Salon international de la restauration, de l’hôtellerie et de l’alimentation (Sirha) ou encore au Salon international de l’agriculture. Avec des campagnes sur les réseaux sociaux et des actions d’œnotourisme, Romain Vignal a affirmé à quel point il est « important d’ouvrir nos caves, de montrer notre outil de travail, nos métiers ».

Si sa première année en tant que président de 2 000 Vins d’Ardèche a été riche, Romain Vignal aspire à davantage pour 2024 : « Le prévisionnel est un peu plus haut, nous sommes allés chercher davantage de subventions, afin d’avoir plus d’impact ».

De nouveaux cépages pour l’IGP ?

« Il ne faut pas y aller en ordre dispersé, mais avoir une réflexion commune », a annoncé Marc Dejoux, président du syndicat des vins de l’IGP Ardèche. « Il ne faut pas se mettre de barrières sur les innovations et être attentif, pour pouvoir faire évoluer le cahier des charges sans déstructurer notre qualité de vins » ajoute-t-il.

Le président est également revenu sur le contexte de crise dans laquelle l’IGP évolue : « C’est une situation que nous subissons dans toutes les régions. Quand on voit nos stocks, en Ardèche nous ne sommes pas si mal, mais qui aurait pu dire que nous serions peut-être obligés de faire appel à l’outil VIP2C pour éviter le déversement ? », s’interroge-t-il.

Des aides face à la crise

Pour répondre à la crise profonde que traverse la filière, les mesures d’urgence prises par l’État ont été les bienvenues selon Marc Dejoux. « Sur les 80 millions destinés à la filière, l’Ardèche a reçu 1,45 million d’euros. » Toutefois, il pointe le pourcentage reçu par les IGP : « Les productions en IGP n’ont touché que 30 % de l’enveloppe », précise-t-il. « L’aide a été touchée majoritairement par les jeunes installés et les exploitations en bio », ajoute Jérôme Volle. « Une enveloppe supplémentaire a été demandée, nous attendons un arbitrage à ce sujet. »

Par ailleurs, l’État a annoncé un appui à hauteur de 150 millions d’euros pour accompagner la politique de l’OCM Vitivinicole.

Une viticulture à « réinventer »

Tout en concédant « qu’il va falloir s’adapter à la nouvelle demande des consommateurs et repenser la viticulture », le président de l’IGP Méditerranée, Thierry Icard, a salué le travail de l’IGP Ardèche : « C’est beau ce que vous avez construit, vous vendez presque tout en conditionné ».

Marc Dejoux a conclu l’assemblée générale en rappelant l’importance de la filière viticole dans l’économie française : « Le contexte est tendu, mais il faut sortir des idées reçues. Une étude du Cniv (Comité national des interprofessions des vins - NDLR) a montré la contribution socio-économique de la filière viticole. Nous contribuons à hauteur de 92 milliards d’euros, dont 32 milliards de plus-values, soit 1,4 % du PIB. Nous avons un poids, à nous de nous faire entendre ».

M.M.

Millésimes 2023

IGP Ardèche :

Superficie : 6 576,28 ha.

Volume revendiqué commercialisable : 318 936 hectolitres.

IGP Rhodanien : 

Superficie : 63,11 ha.

Volume revendiqué commercialisable : 1446 hectolitres.

IGP Méditerranée : 

Superficie : 408 ha.

Volume revendiqué commercialisable : 36 123 hectolitres.

Un vin rosé dominant

Le vin rosé représente 44 % de la récolte en IGP Ardèche, tandis que pour l’IGP Comtes Rhodaniens le rouge domine avec 49,23 % de la récolte en 2023. Enfin, le rosé représente l’écrasante majorité de la récolte IGP Méditerranée.

À NOTER / Wine Notes

L’événement Wine Notes, programmé le samedi 6 juillet à partir de 19 h à l’Agora d’Aubenas, mettra à l'honneur durant une soirée l’IGP Ardèche : dégustations, restaurations sur place avec l’animation d’un concert.