OVINPIADES MONDIALES 2024
La France accueille les Ovinpiades mondiales
Depuis le 25 mai et jusqu’au 1er juin, 29 candidats de 17 pays, s'affrontent dans le cadre de la 3ème Coupe du Monde des Jeunes bergers.
En France, dans les prochaines années, plus d’un éleveur de brebis sur deux partira à la retraite. En 2023, seulement 49 % de la viande ovine consommée sur le territoire y est produite, le reste est importé. Pour assurer le renouvellement des générations et le maintien de sa production, la filière ovine (lait et viande) cherche à recruter différents métiers : chefs d’exploitation, éleveurs, bergers, salariés… C’est pour cette raison qu’Interbev Ovins et l’ensemble de la filière ovine dans le cadre du programme Inn’Ovin organisent les Ovinpiades des Jeunes bergers depuis 2005. Près de 1 000 jeunes suivant une formation dans l’un des 100 établissements agricoles participants concourent chaque année pour accéder à la finale nationale au Salon international de l’agriculture à Paris.
À partir de 2009, les Ovinpiades se sont développées au niveau européen. En 2011, la Nouvelle-Zélande accueillait la 1ère Coupe du Monde des Jeunes bergers à Oamaru. L’année suivante, les professionnels ovins décident alors de fonder l’Association internationale pour créer un réseau dynamique de la formation agricole, favoriser les échanges entre les jeunes et l’installation de futurs éleveurs de brebis. Après avoir accueilli en septembre 2013 lors de Tech’Ovin à Bellac, la 5ème finale du Championnat européen annuel des Jeunes bergers, la France a organisé la 2ème Coupe du Monde en marge du Sommet de l’élevage en Auvergne en 2014.
Après dix ans d’absence, la France relance les Ovinpiades mondiales. Elle a invité des nations à forte tradition moutonnière du globe. L’Argentine, l’Arménie, l’Australie, la Belgique, le Bénin, le Canada, le Chili, la Côte d'Ivoire, l’Espagne, le Pérou, le Royaume-Uni, le Togo… ont répondu à l’appel ! Chaque pays présenter deux candidats. Fille ou garçon, ils ont entre 18 et 25 ans et suivent une formation agricole ou sont en activité depuis moins d’un an. Au total, 29 candidats originaires de 17 pays tentent leur chance, à travers les épreuves mythiques des Ovinpiades nationales et quelques nouveautés comme la tonte et la pose de clôture mobile. Benoit Toutain, Meilleur Jeune berger (MFR de Songeons dans l’Oise) et Iris Soucaze, Meilleure Jeune bergère (Lycée agricole de Pau-Montardon dans les Pyrénées-Atlantiques) des Ovinpiades nationales 2024 auront l’honneur de porter les couleurs de la France pour cette compétition itinérante. Afin de faire découvrir la diversité de l’élevage de brebis, cette compétition est itinérante. Après à Paris, les délégations française et étrangères se rendront au cours de la compétition en Haute-Vienne en Nouvelle-Aquitaine, dans l’Aveyron en Occitanie, en Haute-Loire en Auvergne-Rhône-Alpes, en Saône-et-Loire en Bourgogne-Franche-Comté et en Ile de France à la Bergerie nationale de Rambouillet.
Aux quatre coins du monde, susciter des vocations et échanger
En organisant la Coupe du Monde des Jeunes bergers, l’Association internationale des Ovinpiades vise à favoriser les échanges autour du thème de la formation. D’autres actions sont proposées aux jeunes comme des bourses « coup de pouce » pour des stages individuels en production ovine ou des voyages d’études filière dans les pays moutonniers de l’Union européenne : Royaume-Uni, Irlande, Europe de l’Est, Italie, Espagne, etc… Les objectifs et intérêts de ces stages et voyages sont multiples : susciter l’intérêt des jeunes pour l’élevage ovin, découvrir et apprécier les modes de pratique des professionnels des filières ovines d’autres pays tous secteurs confondus, connaître les modes d’enseignement sur la thématique ovine chez les voisins européens, constituer un « carnet d’adresses » européen de la filière ovine… Près de 500 jeunes ont déjà pu bénéficier de ces fonds par le passé. En relançant les Ovinpiades mondiales, la France souhaite également relancer ce dispositif d’échange.
Suzanne Marion - Source Inn'Ovin
Une édition itinérante pour montrer la diversité de nos élevages ovins
Entretien avec Claude Font, secrétaire général de la Fédération nationale ovine (FNO) et co-président de Inn'Ovin Sud-Est.
Quel est l'objectif de la Coupe du Monde des jeunes bergers, dans le cadre du développement de la production ovine ?
Claude Font : « Cette Coupe du Monde s'inscrit dans le prolongement des Ovinpiades nationales et européennes. La dernière Mondiale a eu lieu en 2014 dans le cadre du Sommet de l'Élevage. Cette compétition a pour objectif de mettre en avant la production ovine nationale dans le contexte international actuel : élections européennes, accords de libre-échange… Nous avons voulu que cette édition soit itinérante pour montrer la diversité de nos élevages et les différents programmes de recherche. C'est pourquoi, ces Ovinpiades feront halte au CiiRPO à la ferme expérimentale du Mourier à Saint-Priest-Ligoure en Haute-Vienne, au lycée agricole La Cazotte de Saint-Affrique en Aveyron, fief de la brebis laitière et de la race lacaune, puis chez nous à Fédatest à Mazeyrat-d’Allier, ensuite au Pôle régional ovin à Charolles en Saône-et-Loire, pour finir à la bergerie nationale de Rambouillet dans les Yvelines. Nous regrettons de ne pas pouvoir passer partout, comme en région Paca (Provence Alpes-Côte-d'Azur) pour son système pastoral, mais en 8 jours ce n'est pas possible. »
Pensez-vous que cet événement peut créer des liens entre les pays, et favoriser les vocations ?
C.F. : « Oui, bien sûr, ça crée des liens professionnels. Nous avons l'habitude de travailler ensemble en interprofession au niveau européen, notamment avec le Royaume-Uni, l'Irlande, l'Espagne, au travers du Copa Cogeca. Et même si ces Ovinpiades n'ont pas de caractère politique, elles favorisent les échanges autour des sujets du moment, et en particulier sur le marché international. Quant à la promotion du métier d'éleveur ovin, viande et lait, c'est aussi un enjeu de cette coupe du Monde, qui se terminera par une table ronde sur « le renouvellement des générations » à la Bergerie nationale de Rambouillet. »
Propos recueillis par Suzanne Marion
À NOTER / Rendez-vous en Haute-Loire
Une des manches de la compétition s’est déroulée en Auvergne, à la station expérimentale Fedatest à Mazeyrat d’Allier, en Haute-Loire. Mercredi 29 mai après-midi, les jeunes compétiteurs ont réalisé deux épreuves : l’évaluation de l'état d'engraissement des agneaux. « Les candidats devaient être capables d’évaluer en un temps limité l’état d’engraissement et de finition de trois agneaux. Ce sont des critères clés pour la rentabilité d’un élevage », explique l'organisation. La seconde épreuve consiste à trier des brebis avec un lecteur électronique. « Les candidats avaient pour mission d’isoler des brebis repérées dans un lot de 15 à 20 brebis, en les faisant passer dans un couloir de contention pour lire les informations contenues dans leur boucle électronique, une technologie incontournable pour être à la pointe de la traçabilité. »