ÉLECTIONS EUROPÉENNES
Que proposent les candidats pour l’agriculture ?

Alors que les Français seront appelés à élire leurs députés européens le 9 juin prochain, que formulent les principaux candidats (neuf listes ont été examinées sur les 38 en lice. NDLR) en matière agricole ? L’analyse de neuf programmes démontre des visions de l’agriculture diamétralement opposées. Seuls les traités de libre-échange dépourvus de clauses miroirs semblent faire l’unanimité… contre eux.

Que proposent les candidats pour l’agriculture ?
Les Républicains : la souveraineté alimentaire comme priorité
François-Xavier Bellamy. © Domingo Soudais

Les Républicains : la souveraineté alimentaire comme priorité

Tête de liste : François-Xavier Bellamy

Après avoir dévoilé les premiers noms de sa liste conduite par François-Xavier Bellamy, fin avril, le parti Les Républicains (LR), a présenté, le 14 mai, son programme en vue du scrutin européen qui se tiendra le 9 juin. Intitulé « Maîtriser notre destin », celui-ci place l’agriculture et la « souveraineté alimentaire » parmi les priorités pour la prochaine législature. LR propose notamment « d’inscrire dans le droit européen le fait que l’agriculture et la pêche sont d’intérêt général européen majeur ». Forte de la présence de la céréalière Céline Imart en deuxième position de sa liste, la droite invite à revoir à la hausse le budget de la Politique agricole commune (Pac), en particulier les paiements directs, tout en prônant l’abrogation des éléments du Green Deal « qui favorisent la décroissance agricole » comme la stratégie De la ferme à la table. Parmi les autres propositions de ce texte qui se veut exhaustif sur les enjeux agricoles, LR souhaite notamment favoriser les NBT, mettre en place des clauses miroirs dans les accords de libre-échange et des clauses de sauvegarde avec l’Ukraine, réviser d’urgence le statut du loup dans la directive Habitat ou encore inscrire « les modes de vie traditionnels ruraux » au patrimoine mondial immatériel de l’humanité de l’Unesco et lutter contre « l’agribashing ».

Parti socialiste et Place publique : réguler les marchés pour renforcer l’emploi et le revenu des agriculteurs
Raphaël Glucksmann. © Place Publique

Parti socialiste et Place publique : réguler les marchés pour renforcer l’emploi et le revenu des agriculteurs

Tête de liste : Raphaël Glucksmann

La liste « Réveiller l’Europe » emmenée par Raphaël Glucksmann (réunissant le Parti socialiste et le mouvement Place publique) a présenté, le 15 mai, son programme pour les élections européennes qui fait la part belle aux questions agricoles. Elle s’engage à assurer la « souveraineté alimentaire » de l’Union européenne (UE) en régulant les marchés pour renforcer l’emploi et le revenu des agriculteurs et d’instaurer des mesures miroirs. La Pac actuelle jugée « socialement injuste et anti-écologique » devra être remplacée par une Politique agricole et alimentaire commune (PAAC) estime la liste socialiste en « éliminant les aides à l’hectare pour aller vers des aides à l’emploi et à l’utilité écologique », « en garantissant le revenu des agriculteurs via des prix planchers rémunérateurs et en sortant l’agriculture du libre-échange ». « Réveiller l’Europe » promet également de limiter au minimum l’élevage en cage ainsi que d’interdire l’usage des pesticides les plus néfastes, dont le glyphosate et les néonicotinoïdes.

Renaissance : l’agriculture entre autres
Valérie Hayer. © LG-Agri53

Renaissance : l’agriculture entre autres

Tête de liste : Valérie Hayer

La proposition phare du parti présidentiel centriste incarné par Valérie Hayer pour ce scrutin européen est la mise en place d’un « Égalim européen », devant permettre « d’assurer des revenus dignes à nos agriculteurs ». Renaissance souhaite aussi simplifier les procédures et uniformiser les contrôles de la Pac, adopter la « préférence locale » et privilégier les circuits courts dans les marchés publics. Il ambitionne également d’accélérer la mise sur le marché des nouveaux produits utilisant des mécanismes naturels (biocontrôle) et des nouvelles techniques génomiques (NBT) pour réduire l’utilisation de pesticides. Sur le plan international, la principale mesure concerne la mise en place d’un bouclier commercial européen censé concrétiser les « règles miroirs » et permettre une réponse rapide en cas de différend avec un pays tiers. En outre, les candidats s’engagent à abandonner « l’accord actuel avec le Mercosur » et à créer un « Frontex sanitaire » devant permettre de contrôler le respect des normes sanitaires et environnementales.

La France insoumise : souveraineté et redistribution
Manon Aubry. © LFI

La France insoumise : souveraineté et redistribution

Tête de liste : Manon Aubry

La liste de la France insoumise (LFI), conduite par Manon Aubry, accorde plusieurs pages de son programme à l’agriculture. Elle propose de « bloquer l’ensemble des accords de libre-échange en cours de négociation, de signature ou de renouvellement et abroger ceux en vigueur », « interdire le glyphosate et établir un plan de sortie de l’ensemble des pesticides de synthèse et des engrais chimiques », « réviser le processus d’autorisation des pesticides pour que la toxicité à long terme et les effets cocktails soient dûment évalués », « refuser tout assouplissement de la réglementation sur les OGM », « interdire les agrocarburants ». LFI plaide aussi pour « défendre le budget global de la Pac », mieux redistribuer les fonds vers les petits producteurs en passant « du système d’aides à l’hectare à un système d’aides plafonnées à l’actif intégrant des critères sociaux et environnementaux ». Le programme soutient le renforcement des aides couplées aux productions stratégiques pour parvenir à la souveraineté alimentaire (arboriculture, maraîchage, légumineuses à destination alimentaire,…) et une aide à la transition pour les éleveurs industriels se convertissant à l’élevage paysan ou aux cultures végétales.

Rassemblement national : renationaliser la Pac
Jordan Bardella. © RN

Rassemblement national : renationaliser la Pac

Tête de liste : Jordan Bardella

Au Rassemblement national, l’agriculture est présentée dans un document succinct intitulé « Bâtir l’Europe du XXIe siècle ». Le parti frontiste s’oppose notamment au Green Deal qui « instaure l’écologie punitive au détriment de notre agriculture », souhaite remettre en cause la stratégie « De la ferme à la table », qualifiée de « stratégie de décroissance » ou imposer la réciprocité dans le commerce international (avec un moratoire sur les nouveaux accords). D’une manière générale, le RN reste sur ses positions classiques marquées par la volonté de défendre « l’exception agriculturelle française ». L’extrême droite propose notamment la renationalisation de la Pac en adjoignant des aides nationales ou la mise en place « d’une grande loi « Mangeons français » pour accorder la priorité d’accès aux marchés publics pour nos producteurs ». Enfin, le RN propose de baisser la contribution de la France au budget de l’UE tout en « sanctuarisant » les aides de la Pac.

Parti Communiste Français
Léon Deffontaines. © PCF

Parti Communiste Français

Tête de liste : Léon Deffontaines

La liste menée par Léon Deffontaines regroupe le Parti communiste français (PCF), la Gauche républicaine et socialiste (GRS) fondée par l’eurodéputé Emmanuel Maurel, L’Engagement, mouvement créé par l’ancien ministre socialiste Arnaud Montebourg et Les Radicaux de Gauche. La liste que conduit le jeune communiste amiénois de seulement 28 ans joue gros : le retour des députés PCF au Parlement européen – ils en sont absents depuis 2019 – et avec eux « celui de la France au travail ». Ceux qui verraient bien « Léon à Bruxelles » plaident pour une refondation de la Pac pour défendre l’agriculture française, la ruralité et le droit à bien manger ; souhaitent une remise en cause de tous les traités de libre-échange et s’opposent à l’élargissement de l’UE.

Europe Écologie les Verts : une politique alimentaire commune
Marie Toussaint. © EELV

Europe Écologie les Verts : une politique alimentaire commune

Tête de liste : Marie Toussaint

Les Écologistes ont fait des questions agricoles et plus largement d’alimentation un des axes majeurs de leur campagne pour les élections du mois de juin. Pour y parvenir, il est proposé de mettre en place une Politique agricole et alimentaire commune (PAAC) soutenant l’emploi avec des subventions distribuées par unité de main-d’oeuvre plutôt
que par hectare, avec des outils permettant la régulation par les prix « avec des prix planchers qui garantissent de couvrir les coûts de production ». Les Verts souhaitent aussi un « Égalim européen » pour redistribuer les marges des transformateurs et de l’agro-industrie, lutter contre la concurrence intraeuropéenne et favoriser les circuits courts. Autres mesures principales : des clauses miroirs sur l’ensemble des réglementations sociales et écologiques européennes, réduire d’ici 2030 l’utilisation des pesticides et des engrais de synthèse d’au moins 50 % à commencer par les plus dangereux, appliquer le principe de précaution sur ces nouvelles techniques génomiques, soutenir les élevages pastoraux, herbagers et de plein air.

Reconquête : la souveraineté avant tout
Marion Maréchal. © Reconquête

Reconquête : la souveraineté avant tout

Tête de liste : Marion Maréchal

Absent du scrutin en 2019, le parti Reconquête, créé pour accompagner Éric Zemmour lors de l’élection présidentielle de 2022, va se soumettre pour la première fois au suffrage européen. Il va siéger au sein d’un parti européen, l’ECR, qui devrait beaucoup gagner de poids dans l’hémicycle strasbourgeois et pour qui l’agriculture reste un sujet très important (PiS en Pologne, Vox en Espagne…). Le volet agricole de son programme français se décompose en trois parties dans l’objectif de « viser la souveraineté alimentaire ». Pour ce faire, Reconquête suggère notamment d’abroger le Green Deal, d’abandonner l’objectif de 25 % de production agricole en bio, de stopper l’interdiction des produits phytosanitaires sans alternative, de supprimer la conditionnalité de la Pac et de rendre les écorégimes plus incitatifs. Pour lutter contre la concurrence déloyale, le parti d’extrême droite souhaite, à l’instar du RN, « défendre l’exception agricole française » (et européenne), mais également mettre en place un moratoire sur les accords de libre-échange, au moins concernant les dispositions agricoles. Parmi les autres propositions, sont mentionnés : l’arrêt de la surtransposition des directives, l’indication de l’origine de tous les ingrédients d’un produit, l’instauration de la priorité nationale dans les marchés publics ou encore l’abrogation des mesures commerciales autonomes pour l’Ukraine. Enfin, dernier chapitre agricole du programme, Reconquête souhaite « défendre la France rurale contre l’extrémisme vert et l’offensive antispéciste ».

L’Alliance Rurale
Jean Lassalle. © DR

L’Alliance Rurale

Tête de liste : Jean Lassalle

L’Alliance rurale, liste montée par Willy Schraen le président de la Fédération nationale des chasseurs, sera emmenée par Jean Lassalle. Autour du slogan « L’urgence du bon sens », cette formation politique défend le respect de la souveraineté française, comprenez « Tout texte d’origine européenne doit être systématiquement débattu et voté au Parlement français avant d’être transposé en droit français, comme le prévoit notre Constitution ». Autour d’une litanie de « Stop à », l’Alliance Rurale réclame « l’arrêt immédiat des baisses de production dans l’Union européenne et la relance de production pour garantir notre souveraineté alimentaire ». Parallèlement, elle plaide pour une sanctuarisation des activités traditionnelles et culturelles européennes par l’adoption d’une directive européenne « Cultures et Traditions » comprenant toutes les pratiques liées à notre art de vivre et nos identités culturelles.

« Redonner une ambition stratégique à l’agriculture européenne »
Pour Arnaud Gaillot et Arnaud Rousseau, l’enjeu de la prochaine mandature européenne demeure dans la révision du Green deal. © Actuagri-CS
SYNDICALISME

« Redonner une ambition stratégique à l’agriculture européenne »

À la veille des élections européennes qui se dérouleront le 9 juin en France, le président de la FNSEA, Arnaud Rousseau, et celui de Jeunes agriculteurs, Arnaud Gaillot, partagent leur vision de l’Europe agricole et leurs attentes du prochain scrutin.

Les élections européennes se dérouleront le 9 juin. Quels sont les principaux enjeux de ces élections pour les agriculteurs ?

Arnaud Rousseau : « Notre principal sujet, c’est de revoir le Green Deal et sa déclinaison agricole, le Farm to Fork, dont la version initiale date de 2018. Ce modèle qui fait la part belle à la décroissance, à la perte de production et de revenus n’est plus réaliste, surtout après l’épisode Covid et la guerre en Ukraine qui ont totalement rebattu les cartes géopolitiques et économiques. C’est sur l’agriculture et la politique agricole que l’Europe s’est en grande partie construite. Il faut donc revenir aux fondamentaux et reconstruire une politique agricole communautaire cohérente. »

Arnaud Gaillot : « Les manifestations agricoles que l’on a connues ces derniers mois, tant en France que dans d’autres pays européens, témoignent que la déclinaison de cette stratégie nous amène dans une impasse. Il faut réviser le Green Deal et Farm to Fork en mettant l’accent sur le renouvellement des générations. Car sans agriculteurs, l’Europe risque de perdre une partie de sa puissance économique. »

Pensez-vous que l’agriculture européenne ait été supplantée, ces dernières années, par les enjeux écologiques ?

A.G. : « Oui très clairement, notamment quand on lit attentivement le Green Deal. La Commission a imaginé que la baisse de la production agricole allait sauver l’écologie européenne, réduire l’empreinte carbone, les gaz à effet de serre… Le calcul s’est révélé faux et surtout néfaste à l’économie agricole. L’Europe s’est retrouvée à importer de plus en plus de produits agricoles et alimentaires non conformes à ses standards, car venant de l’autre bout de la planète et issus de la déforestation. On a voulu nous faire croire que la décroissance était la voie. C’est une erreur. »

A. R. : « La seule politique intégrée de l’Europe, c’est la politique agricole commune (Pac). Ce n’est pas la politique environnementale ou écologique commune. Au sein de la Pac, il existe un volet verdissement que nous utilisons. Il symbolise aussi le fait qu’il ne faut pas opposer agriculture et écologie. Ceux qui ont pu jouer sur cette opposition ont été sanctionnés et se sont attirés, ces derniers mois, la colère légitime et justifiée des agriculteurs français et européens. »

Quel bilan tirez-vous de la dernière mandature, que ce soit du côté de la Commission européenne ou du Parlement européen ?

A.R. : « La dernière mandature a permis de préserver le budget de la Pac. Grâce à notre action FNSEA et Jeunes agriculteurs et celle du Comité des organisations professionnelles agricoles de l’Union européenne (Copa), nous avons réussi à maintenir peu ou prou ce budget qui était promis à une baisse de 18 %. Nous avons bataillé ferme pour y parvenir. Mais je reste déçu de l’attitude parfois dogmatique de certains commissaires. »

Sentez-vous que vos intérêts sont bien défendus à Bruxelles ?

A. G. : « Pour ma part, j’estime que les équilibres n’ont pas toujours été en notre faveur. Mais ces derniers temps, la Commission a commencé à faire bouger les lignes. Cela dit, le chantier agricole européen est encore important et nous allons être attentifs à la composition du prochain parlement européen qui va conditionner celle de la future Commission. »

A. R. : « Nous disposons de structures organisées comme le Conseil européen des jeunes agriculteurs (Ceja) et le Copa qui portent notre voix au sein des différentes instances : conseil des ministres européens de l’agriculture, Commission, Parlement… À titre personnel, je constate que la présidente de la Commission a délégué la gestion du Green Deal à son vice-président, Frans Timmermans, qui l’a appliqué d’une façon particulière et parfois excessive. Ce qui a suscité la colère des agriculteurs et entraîné une volte-face de la Commission. J’en prends acte et me satisfait de voir l’agriculture revenir au centre des débats. Il faut maintenant redonner une vision à notre secteur d’activité. »

L’Europe agricole est-elle suffisamment armée sur les marchés internationaux face aux compétiteurs étrangers que sont notamment les États-Unis, la Chine, la Russie, l’Inde ou le Brésil ?

A.G. : « Personnellement, je ne pense pas. L’Europe a désarmé sur la politique agricole. Elle commence à se rendre compte de cette erreur. D’où l’inflexion que j’évoquais précédemment. Je suis en revanche convaincu que nous disposons d’un formidable potentiel de développement et de croissance. Si l’Union européenne veut peser face à ses compétiteurs, elle doit avoir une vision stratégique. »

A.R. : « Je partage cette analyse en ajoutant qu’il n’est pas trop tard pour rectifier le tir et réussir à retrouver des parts de marché que l’on n’aurait jamais dû perdre à l’international. Le défi n’est pas insurmontable avec un peu de bon sens et en prenant en compte que l’agriculture et la transition écologique sont compatibles. N’oublions pas que par définition, l’agriculture aménage la nature. Je rappelle simplement que les haies n’ont rien de naturel. »

Selon vous, quels leviers l’Europe devrait-elle actionner ?

A.R. : « Tout d’abord celui de l’harmonisation au sein même de l’Union européenne car la concurrence reste vive au sein de nos frontières. Le seul exemple du coût du travail suffit à comprendre le fossé qui sépare les Français des Espagnols ou des Roumains. Il faut également que l’Europe des 27 protège son agriculture. Aujourd’hui, elle contrôle 3 % des denrées alimentaires qui rentrent sur son territoire. Redonner une ambition stratégique à l’agriculture européenne passe à mon sens par trois points : la compétitivité, le renouvellement des générations et le lien avec la société, notamment pour que le consommateur soit cohérent entre ses demandes et ses actes d’achat. »

Que pensez-vous des programmes des différentes listes en présence ? Quelles sont les listes qui paraissent le mieux défendre vos intérêts ?

A.G. : « Chez JA, nous sommes attachés à l’idée européenne et à ses bénéfices. Pour la première fois de notre histoire, nous vivons dans une organisation politique qui assure la paix en son sein et donc de croissance et de développement. Ceux qui pourraient prôner une Europe avec des pays repliés sur eux-mêmes sont dans l’erreur. L’Europe a besoin d’échanger. Le vrai sujet ne sont pas les accords de libre-échange, mais celui de la réciprocité, des mesures-miroirs. »

A.R. : « Une chose est certaine : il ne faut pas vendre du rêve aux agriculteurs. Rester au sein de l’Europe, même si elle n’est pas parfaite, est un gage de sécurité. Il suffit de regarder de l’autre côté de la Manche pour constater combien et comment les agriculteurs ont été sacrifiés sur l’autel du Brexit. L’avenir de l’agriculture européenne passera, comme elle l’a toujours fait, par l’innovation, notamment par le numérique, la robotique et la génétique. »

L’Europe parle d’élargir son espace et d’intégrer de nouveaux membres, notamment à l’Ukraine et aux Balkans. Quelle est votre position ?

A.R. : « La vraie préoccupation pour le seul aspect agricole sera le financement de cet élargissement. Rien que l’Ukraine représente aujourd’hui un quart de la production européenne. Il faudra donc augmenter le budget de la Pac d’autant. Sur la période 2023-2027, le budget de la Pac est de 387 milliards d’euros. Il faudra en trouver presque 100 supplémentaires. Qui financera ? Mais la question de l’intégration de nouveaux membres dépasse le seul intérêt agricole : intégrer l’Union européenne présuppose le respect de nombreuses règles communes. C’est pour cette raison qu’il s’agit d’un processus long et contraignant. »

Comme le Copa, pensez-vous que la nomination d’un vice-président de la Commission chargé de l’Agriculture serait un signe fort ?

A.G. : « Oui, ce serait un signe fort, surtout après le mandat très controversé de Frans Timmermans qui a voulu imposer une vision dogmatique du Green Deal et du Farm to Fork. Cette nomination, si elle se fait, devra s’accompagner d’un véritable plan stratégique pour l’agriculture européenne. »

Propos recueillis par Christophe Soulard