TROPHÉES DE L'INSTALLATION

Deux générations d'éleveurs passionnés

Depuis tout petit, Sylvain Serpollet sait qu’il deviendra éleveur. D’abord au contact des chèvres sur la ferme familiale à Labatie-d’Andaure, il se spécialise finalement en élevage de vaches laitières à Désaignes, auprès de Fabrice Reboullet. Dès son Bac pro CGEA à la Côte-Saint-André, en 2018, il commence son apprentissage aux Prés du moulin. Il continue sur le même rythme en BTS, puis devient salarié du Gaec une fois son diplôme en poche. « Ce n’était pas forcément prévu mais ça faisait plusieurs années que j’étais seul et tout s’est bien passé pendant son apprentissage », raconte Fabrice Reboullet. De fil en aiguille, la bonne entente se précise au point de s’être associés en avril dernier.

« C’est notre exploitation ! »

Depuis que Sylvain est installé, « rien n’a vraiment changé », assure le jeune homme. « Déjà avant je pouvais tout faire et proposer mes idées », explique-t-il. « La différence c’est plutôt que l’installation responsabilise davantage. Et puis, c’est plus valorisant de dire que c’est notre exploitation ! » S’il masque sa joie, le sourire de Sylvain parle de lui-même : chef d’exploitation à 23 ans, en élevage laitier, une fierté bien méritée !

Pourtant, il n’était pas particulièrement pressé par le temps : « Si je perdais une année, ce n’était pas grave. Je n’avais pas la pression de me dire : "il faut que ça soit fait pour telle date." » Et si le travail administratif est loin d’être sa tasse de thé, Sylvain assure que le processus s’est déroulé sereinement : « C’était long, mais je me suis fait aider par la chambre d’agriculture… Seul je ne l’aurais pas fait », reconnaît-il.

Une année de transition qui lui aura finalement été bénéfique pour mûrir son projet pour le Gaec. Désormais, en plus des quelque 120 montbéliardes (dont 55 en lactation), l’idée est de faire évoluer la structure avec un atelier d’engraissement de génisses croisées Montbéliarde-Charolais, vendues aux maquignons à 2 ou 3 ans. « Certainement 12 à 15 par an », anticipe Sylvain Serpollet. Pour cette nouvelle activité, les deux associés ont acquis 50 ha de terres supplémentaires pour atteindre l’autonomie alimentaire. Au total, sur les 150 ha de l’exploitation, 12 ha sont dédiés à la culture de céréales (orge, blé, triticale), 18 à la culture de maïs, et les prairies représentent une centaine d’hectares (dont une trentaine pâturée et le reste fauché).

L’arboriculture : une autre source de revenu

Cette nouvelle activité va permettre de diversifier les sources de revenus et de renforcer l’économie de la ferme. Car même en produisant plus de 500 000 litres de lait chaque année (vendus à la laiterie voisine, la Fromagerie du Vivarais), l’équilibre reste fragile.

« Si on n’avait que le lait, ça ne passerait pas », confirme Fabrice. Depuis qu’il a repris la ferme de son père, en 2001, « ça a toujours été compliqué », témoigne-t-il. Alors pour s’en sortir, l’éleveur a misé sur les cerises avec 7 ha de vergers. Bien que ni Fabrice ni Sylvain ne soient férus d’arboriculture, ils comptent conserver cette activité… En tout cas tant que la rentabilité est encore au rendez-vous.

Et si ces métiers sont parfois difficiles, Fabrice continue d’encourager son jeune associé dans cette voie qui le passionne. Ensemble ils se complètent. « Peut-être que Fabrice me calme un peu… Et moi je l’entraîne ! », conclut Sylvain, espiègle.

Pauline De Deus