TROPHÉES DE L'INSTALLATION
Une reconversion, des toits aux vergers

Pauline De Deus
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Après une première vie professionnelle en tant que charpentier, Mathieu Fraisse est revenu sur l’exploitation familiale à Saint-Jean-de-Muzols. Depuis janvier, il est installé en arboriculture et viticulture.

Une reconversion, des toits aux vergers
Mathieu Fraisse s'est installé avec ses parents en arboriculture et viticulture à Saint-Jean-de-Muzols. ©AAA_PDEDEUS

De prime abord, pour Mathieu Fraisse, l’arboriculture et la viticulture n’étaient pas une vocation. Toute sa vie, le Muzolais a vu ses parents produire des fruits, il a même souvent participé aux récoltes, et pourtant, jamais, il n’aurait imaginé embrasser cette carrière. « Quand on est jeune on veut toujours faire le contraire de nos parents », s’amuse-t-il. C’est donc vers la construction qu’il se dirige dans un premier temps en devenant charpentier. Mais après quelques années sur le terrain puis en bureau d’études, il se rend compte que son métier ne lui plaît plus. Il revient donc travailler sur la ferme familiale. « Au fond de moi, je savais que c’est ce que je voulais faire », confie-t-il aujourd’hui.

« C’est un choix de vie »

Au mois de janvier dernier, quatre ans après ce retour aux sources, il s’est installé avec ses parents, Isabelle et Olivier Fraisse, à l’Earl Saint-Estève. « Mais ma famille ne m’a jamais poussé à le faire, précise-t-il. C’est un choix de vie. » Désormais, le jeune homme de 29 ans sait qu’il a trouvé sa voie : terminé les journées entières passées au bureau et les relations parfois compliquées avec les clients et les architectes. « Et on a plus de liberté quand c’est notre propre entreprise, on décide de ce qu’on fait », ajoute-t-il.

Des choix qui sont toutefois contraints par le contexte, à la fois commercial et climatique. Depuis son arrivée sur l’exploitation en tant que salarié, Mathieu a déjà pu le constater : « On a eu quatre années de gel, avec une production moyenne d’abricots de 20 %, dont une année où c’était 0 ! » Des rendements décourageants alors que 80 % des vergers étaient protégés par des tours contre le gel. « Entre l’investissement matériel et mental, ça n’en vaut pas la peine… Certaines années on a fait 15 nuits d’allumage de bougies pour finalement perdre toute la récolte ! »

La viticulture gagne du terrain

En 2022, les trois associés ont décidé de réduire de moitié les vergers d’abricots en passant de 8 à 4 ha désormais (dont 2 ha replantés dans des zones moins gélives). Une décision suivie d’une opportunité inattendue : le rachat de 5 ha de vignes. La viticulture est ainsi devenue l’activité principale de cette exploitation historiquement arboricole, avec 20 ha de vignes (14 ha en Crozes-Hermitage et 6 ha en Saint-Joseph), contre 5 ha de fruits (4 ha d’abricots et 1 ha de cerises).

Dans l’immédiat, Mathieu Fraisse ne pense pas à d’autres projets : « Avec les vignes supplémentaires, c’est un gros changement. On va laisser passer quelques années avant de lancer de nouvelles choses… Mais on s’adaptera aux besoins, c’est ce qu’on a toujours fait ! » Avant lui, sur cette même exploitation, son grand-père a cultivé toutes sortes de fruits et même un peu de céréales. Puis ses parents ont développé certaines productions, notamment les pêches. Aujourd’hui, les abricots les ont remplacées, pour les besoins du marché, avec une quinzaine de variétés récoltées de début mai à fin juillet pour quelques clients (petits grossistes et magasins). Et des vignes ont été plantées afin de vendre les raisins à la Cave de Tain.

Dans un contexte aussi mouvant, difficile pour Mathieu Fraisse de se projeter. « Avec les fruits, il ne faut pas être fermé aux changements. Mais c’est aussi ce qui est intéressant », assure-t-il. Une chose est sûre, cette fois pas de reconversion à l’horizon… Même s’il a fallu du temps pour l’admettre, sa vocation était sous ses yeux depuis toujours !

Pauline De Deus

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