Présentée en session, l’étude Prospect’Aura 2040 tend à explorer les futurs possibles de l’agriculture en région en 2040 et d’analyser leurs impacts. Une démarche visant à développer des actions adaptées.
Entamée en juin 2023 avec le concours de 22 élus et 15 agents des chambres départementales et régionale d’Auvergne-Rhônes-Alpes, l’étude prospective Prospect’Aura entend « anticiper les enjeux de demain et mettre en place des actions pour s’orienter vers l’avenir que l’on souhaite », explique Alexia Deltreil, chargée d’études économiques et prospective à la chambre régionale. « Nous ne pouvons pas nous baser sur nos intuitions », poursuit le président de la chambre d’agriculture de l’Ardèche. « Les phénomènes de mutation, changement, tendance, ont des effets très forts sur les marchés. Cette méthode nous permet de les côtoyer et de réfléchir aux conduites à avoir sur notre territoire. »
L’étude prospective a été réalisée avec « une somme de visions départementales », recueillies auprès d’agriculteurs, de filières, d’experts agricoles ou d’acteurs des territoires. Elle a permis d’identifier des hypothèses de changement, pouvant concerner aussi bien les entreprises agricoles, les marchés et les filières, les transitions, le lien entre agriculture et société, les dynamiques territoriales ou les politiques publiques. « L’idée est d’obtenir des variables complexes en repérant les ruptures et les changements de tendances. Ces dernières années, nous en avons connu beaucoup : le Covid, les révolutions arabes ou la guerre en Ukraine par exemple ont changé fondamentalement le système et les modèles », ajoute Alexia Deltreil. Leur évolution dans le temps a été minutieusement explorée afin d’élaborer des « scénarios d’avenir pour les agricultures d’Auvergne-Rhône-Alpes et d’évaluer leurs impacts ».
Des scénarios « plausibles, contrastés ou pas forcément souhaitables »
Cinq scénarios « plausibles, contrastés ou pas forcément souhaitables » ont été présentés en session. Alors que le premier repose sur « beaucoup d’exigences et peu de moyens », il laisse présager une grande dualité des exploitations en région. Le second s’inscrit quant à lui dans le cadre d’un pacte productivité et une profonde mutation des exploitations. La prospective soulève également des scénarios marqués tantôt par une potentielle territorialisation de l’agriculture en région face à la décentralisation des politiques publiques, ou au contraire un processus de libéralisation et d’agriculture de firme, avec à la clé une perte de maitrise sur la stratégie. Enfin un dernier scénario avance l’hypothèse d’un fort virage agroécologique, qui pourrait exacerber les inégalités selon les filières et les territoires.
Ces scénarios sont-ils plausibles ? Comment se positionner pour être acteur des changements à venir et déterminer les actions politiques qui les accompagneront ? Quels sont les enjeux communs aux départements de la région et plus spécifiques à chaque territoire pour engager une démarche durable ? « La prochaine mandature aura pour objet de déployer cette prospective et développer des actions adaptées. Il y a une vraie réorganisation à avoir de l’agriculture et de ses acteurs. Nous avons besoin d’une vision éclairée », indique Benoit Claret. Au cours de l’année 2025, l’étude Prospect’Aura 2040 se penchera notamment sur la recherche d’indicateurs plus précis, comme le chiffrage d’agriculteurs. Des ateliers centrés sur « les opportunités et les menaces permettraient aussi d’obtenir des scénarios ancrés dans les territoires et déclinés par filière », a mentionné Alexia Deltreil.