TOURISME
« Tout un écosystème qu’il faut aujourd'hui relancer »
TOURISME / L’épidémie de coronavirus a mis à rude épreuve les professionnels du tourisme, avec des mois d’interruption forcée. Entre incertitudes et espoir de relancer leur activité, ils s’interrogent aujourd’hui sur l’impact qu’aura cette crise sanitaire et économique sur les attentes des touristes.
À l’heure de préparer la période estivale, le secteur du tourisme apparaît particulièrement sinistré. En Auvergne Rhône-Alpes, plus de 80 % des professionnels du tourisme n’ont pas pu ouvrir et les pertes globales s’élèvent à 2,4 milliards d’euros entre le 15 mars et le 15 juin. Après l’inquiétude sanitaire, la crise économique occupe tous les esprits. D’après une étude Novamétrie, trois professionnels du tourisme sur cinq en Auvergne Rhône-Alpes craignent que cette crise du coronavirus ne vienne mettre en péril leur activité d’ici fin 2020.
En région Bourgogne-Franche-Comté où le tourisme représente 6,3 % du PIB régional et génère 41 200 emplois, on estime même que 8 à 10 % des structures touristiques pourraient ne jamais rouvrir leurs portes. « Les acteurs du tourisme ont su se montrer solidaires durant le confinement mais c’est tout un écosystème qu’il faut aujourd’hui relancer. Les deux tiers d’entre eux s’inquiètent d’une baisse d’activité importante par rapport aux années précédentes. Plus que jamais, nous avons besoin d’un retour des touristes », explique Loïc Niepceron, président de Bourgogne-Franche-Comté Tourisme.
Vers une saison estivale inédite
Après des semaines d’interruption forcée, tous les indicateurs sont aujourd’hui au vert pour amorcer une reprise d’activité. D’après les données fournies par Auvergne Rhône-Alpes Tourisme, 85 % des prestataires ont déjà relancé leurs réservations. « Même si on constate encore un peu d’attentisme du côté des clients, on peut se montrer optimistes pour les mois de juillet et août. Une étude de Savoie-Mont-Blanc Tourisme montre que cette année la saison estivale pourrait malgré tout être légèrement décalée avec un mois de septembre qui pèserait aussi lourd que le mois de juillet », détaille Lionel Flasseur, directeur général d’Auvergne Rhône-Alpes Tourisme.
Autre tendance née durant le confinement, un attrait nouveau pour le tourisme régional : « L’étude de Savoie-Mont-Blanc Tourisme montre que la première préoccupation des touristes est la sécurité sanitaire. En deuxième position vient le pouvoir d’achat. Ces deux données combinées poussent en faveur d’un tourisme plus local à la campagne ou à la montagne, que ce soit sur des longs séjours ou pour des évasions en nature le temps d’un week-end ». À l’Office de tourisme de Privas (Ardèche), tout a d’ailleurs été fait pour surfer sur cette vague née durant le confinement. « Après des semaines d’arrêt, nous sommes de nouveau prêts à accueillir les touristes en toute sécurité ! Nous avons mis en place des contrôles de flux et installé des plexiglaces. Nous avons aussi limité l’accès aux guides touristiques qui sont désormais disponibles à la demande et non plus en libre-service », explique son directeur Jean-Marc Fognini.
« Les acteurs du tourisme devront nécessairement se réinventer »
« Pour de nombreux français, des territoires généralement moins fréquentés en été pourraient représenter une valeur refuge dans les années à venir. Les plus grosses structures qui accueillent du monde risquent de présenter un caractère anxiogène mais les gîtes ou les maisons d’hôtes vont très probablement tirer leur épingle du jeu », estime Christophe Lebel, directeur de l’Office de tourisme intercommunal du Vercors.
Pour amplifier encore cette tendance d’un tourisme bleu-blanc-rouge tourné vers la nature et la recherche des grands espaces, de nombreux professionnels du tourisme réfléchissent déjà à enrichir leur offre. « Plusieurs chambres d’hôtes nous ont par exemple contactés pour savoir comment mettre à disposition de leurs clients des stations de recharge de vélos électriques », témoigne Loïc Niepceron de Bourgogne-Franche-Comté Tourisme. « La préoccupation d’un touriste n’est pas seulement de savoir où il va dormir, il veut aussi savoir ce qu’il peut découvrir dans les environs et comment il va pouvoir se déplacer. S’ils veulent profiter de cette nouvelle tendance, les acteurs du tourisme devront nécessairement se réinventer et proposer une offre plus étoffée qui corresponde aux attentes des consommateurs. Le tourisme de demain sera porté par des professionnels qui sauront devenir de véritables ambassadeurs, à la fois de nos territoires et du tourisme régional. »
Pierre Garcia
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